En 1214, Ugo a environ treize ans et est apprenti palefrenier pour le seigneur Enguerrand de Coucy. Le garçon aime la compagnie des chevaux dont il s'occupe mais il ne rêve pas de devenir chevalier comme la plupart des autres jeunes gens de son âge. Lui se verrait plutôt maçon comme son père et imagine déjà comment il agrandirait le château de Coucy. En attendant, il doit s'occuper des chevaux du seigneur et se voit même engagé comme palefrenier pour partir à la guerre. L'armée de l'empereur Othon IV de Brunswick, chef du Saint-Empire romain germanique, approche et le roi de France Philippe II Auguste n'a d'autre choix que d'aller le défier. Tous les vassaux du roi doivent se joindre à la bataille, le seigneur Enguerrand est de ceux-là.
Citations "Il y a un monde fou sur la route. Tu te rends compte que tu n'as pas vu tout le convoi, car le gros des troupes avait planté ses tentes plus loin.
Chevaucher en armure de fer étant intenable sous le soleil de juillet, les seigneurs sont juste en gambison sous leur tabar. Les sergents à cheval doivent, eux, garder leur broigne, pour se tenir prêts à défendre au besoin leurs seigneurs.
Le baron Enguerrand a laissé ses deux frères sécuriser l'arrière-garde, et il chevauche en tête, avec le châtelain de Coucy et celui de Laon Comme ça, ils évitent la poussière soulevée par le convoi. Toi, en revanche, tu manges la leur. Car, avec les autres palefreniers, tu les suis immédiatement : les seigneurs veulent garder un œil sur leurs précieux destriers. On n'imagine pas un chevalier sans son cheval. Ce serait juste un « ier »... Comme un piéton sans pied serait un « ton ».
Tu ris, ça te détend." p. 146-147
L'avis d'Histoire d'en lire
Evelyne Brisou-Pellen a écrit de très nombreux romans historiques pour la jeunesse et une grande partie d'entre eux sur le Moyen Âge. Pourtant, Ugo et les chevaliers de Bouvines est son premier roman immersif ! Et par ce biais, elle aborde la bataille de Bouvines du 27 juillet 1214.
Ugo, apprenti palefrenier
À travers les romans, les auteurs et autrices ont toujours à cœur de permettre à leurs lecteurs et lectrices de partager au maximum les émotions et sensations du héros. En littérature jeunesse, on retrouve souvent des héros narrateurs qui racontent leurs aventures à la première personne. Ici, il s'agit d'un roman dit immersif. Les premières pages du livre expliquent le principe, la mise en contexte et en situation. Le lecteur est préparé à endosser un rôle, ici celui d'Ugo, jeune apprenti palefrenier d'environ 13 ans. Et tout au long du livre, le héros-lecteur va évoluer en l'an 1214. Les descriptions sont omniprésentes et pour cause, elles sont primordiales pour créer et maintenir l'immersion. Le héros-lecteur est interpellé en permanence avec une écriture à la seconde personne du singulier.
Tout en permettant d'endosser les habits d'Ugo, les descriptions permettent aussi de s'immerger dans un contexte historique précis et d'avoir une vue d'ensemble de cette année 1214.
La bataille de Bouvines
Le début du roman décrit le cadre géographique et historique de départ. Nous voilà au cœur du château de Coucy, dans la basse-cour où travaille Ugo, apprenti palefrenier. La société médiévale est très hiérarchisée.
Toute la première moitié du roman est consacrée à la description de cette hiérarchie, l'organisation du château, qu'il est important d'avoir intégré pour la suite de l'intrigue. Et il est aussi beaucoup question du milieu de la chevalerie. Le seigneur Enguerrand n'a encore jamais eu à livrer bataille, comme bien d'autres seigneurs. On perçoit l'enthousiasme que les chevaliers éprouvent à l'idée de combattre aux côtés du roi de France.
Et puis, Evelyne Brisou-Pellen nous fait glisser progressivement vers le départ à la guerre, puis la bataille de Bouvines proprement dite. Choisi comme palefrenier, Ugo suit son seigneur pour s'occuper des chevaux. Il est donc un témoin direct de ce qu'il se passe. Mais Ugo n'est pas seul à observer la bataille. À côté de lui s'est installé Guillaume le Breton, chapelain du roi et historien. C'est lui qui note le déroulé de la bataille mais du point de vue français ! Ugo est très étonné de ce parti pris, de cette façon d'embellir la réalité, lui qui observe tout autre chose ! On peut supposer que les passages en italique, le récit fait par Guillaume, sont des extraits réels de ses Gesta Philippi Augusti. Il apparaît évident qu'il ne faut pas prendre cette source comme unique preuve historique et l'autrice démontre bien, par l'attitude d'Ugo, que ces observations sont à confronter avec d'autres sources.
Néanmoins, les descriptions et le récit de Guillaume nous permettent justement de cerner au mieux cette bataille opposant Philippe II et Othon IV. L'autrice a volontairement laissé les détails montrent l'extrême violence des combats, les coups mortels, la manière de se battre, l'organisation du combat...
Un choix à faire
Comme chaque titre de la collection Vis la vie..., le héros-lecteur est amené à choisir une option avant la toute fin du roman. La bataille est ici sur le point de s'achever et alors que le roi de France est en mauvaise posture, deux possibilités sont proposées au lecteur. Le récit reprend ensuite normalement.
Roman historique, roman d'aventure, roman immersif, Ugo et les chevaliers de Bouvines propose aussi à la fin de chaque chapitre des pages "Pour en savoir plus" avec, ici, des reproductions d'œuvres iconographiques et "Jouer pour retenir". C'est un livre très complet, mêlant fiction et réalité historique. Un roman divertissant et très instructif !