L'interview de PEREIRA Marjolaine

PEREIRA Marjolaine

Bonjour Marjolaine Pereira,
Vous êtes à la fois la responsable éditoriale des éditions Millefeuille mais aussi auteure. Abordons d’abord votre travail d’éditrice.

Les éditions Millefeuille ont été créées en octobre 2005. Après 6 ans d’existence, êtes-vous satisfaite de l’évolution de votre maison d’édition ?

Très. La maison a été créée dans le but de faire découvrir le patrimoine aux enfants et, d’une part cela fonctionne, preuves à l’appui : des parents me racontent sur les salons qu’ils sont traînés par leurs enfants sur les sites du patrimoine (le but est atteint !), les sites du patrimoine prennent nos ouvrages en boutique, et certains demandent même à faire avec nous un livre jeunesse sur leur monument. C’est pour moi une réussite aussi en ce sens que le thème du patrimoine est un thème infini et que les projets sont toujours plus nombreux. Je suis fière que la ligne éditoriale plaise, je l’avoue : être éditeur aujourd’hui, c’est un engagement pour une cause et l’éditeur a besoin qu’elle soit entendue.

Votre catalogue est composé en grande partie d’albums pour enfants de 3 à 10 ans. On y retrouve aussi quelques romans pour enfants et adolescents. Pensez-vous développer davantage l’offre de romans qui est prépondérante chez les autres éditeurs, ou continuer de favoriser les albums, plus rares ailleurs sur cette thématique ?
Les deux volets sont importants, il y a une demande très forte en romans historiques aussi, et il importe que nous répondions à la demande d’un public plus âgé, car nos thèmes s’y prêtent. Et là encore, les possibilités de traitement du sujet sont infinies et inspirent nos auteurs ! Donc nous continuons dans la même voie, celle de l’élargissement de notre public sur les thèmes qui leur sont chers.

Comme pour toute petite maison d’édition, la publicité représente un coût important pour faire connaître son catalogue. Les éditions Millefeuille dispose déjà d’un site magnifiquement illustré et construit et d’un blog très complet. Pourquoi ne pas apparaître aussi sur les réseaux sociaux ? Est-ce un choix motivé ou un manque de moyens humains ?
Pour les deux raisons. Etre sur les réseaux sociaux n’a d’intérêt que si on en a une vraie utilité. Pour le moment, nous aurions le sentiment d’engorger le réseau, puisque l’actu de nos salons figure déjà sur nos autres outils de communication et que nous ne ressentons pas le besoin d’autres outils. Facebook a en outre une image un peu « intime » qui ne correspond pas à l’image et au ton que nous souhaitons donner à notre communication. En revanche, nous réfléchissons à l’appropriation que nous pourrions faire de Twitter au niveau de notre actualité animations, expositions etc. Ce ne sont là que des outils. Et pour bien se servir des outils, il faut en effet du personnel dédié, intelligemment formé, et du temps.

Parlons maintenant de votre travail d’auteure.
Pour l’instant, vous écrivez uniquement des albums. Avez-vous déjà pensé à vous consacrer aussi à des romans ?

J’ai écrit déjà un petit roman, Le Chevalier Noir, mais il s’agissait davantage d’une expérience de réécriture, pour rendre accessible aux enfants la légende d’Owein, le chevalier à la fontaine, à partir du texte médiéval d’origine. Pour le printemps est prévue l’adaptation d’un texte d’album en petit roman 7-8 ans, qui s’intitulera Des espions au Château. Ce sera une autre expérience... c’est ce que j’aime dans l’écriture : l’expérimentation, écrire sous différents genres, dans différents registres : le récit historique simple dans Le Complot de Mortefeuille, les métaphores et personnifications dans Le Trésor de la Bonbeccante, le conte poétique et philosophique dans L’Île aux Fous, la fable dans Intrigues dans les marais...

Par votre écriture, vous transmettrez vos connaissances et votre passion à travers vos ouvrages. Mais votre travail ne s’arrête pas là, vous proposez et animez également des ateliers thématiques. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le Complot de Mortefeuille, mon premier album, porte sur la fabrication du livre du Moyen Âge, les enluminures... ma spécialité. J’avais à cœur de faire connaître l’histoire du livre aux enfants. Quelle meilleure méthode que de passer de la fiction à la réalité pour cela ? J’ai animé un premier atelier d’enluminure avec des Maternelles, dans la classe de mon premier garçon, avant même que l’album ne soit paru. L’échange avec les enfants et l’enseignante lors de ce premier atelier a été extraordinaire et j’ai souhaité renouveler l’expérience, sur d’autres supports, d’autres thèmes, mais toujours autour de ce qui me semble essentiel dans le livre : son histoire, sa fabrication, les acteurs de la chaîne du livre. Pour moi, ce sont des fondamentaux sans lesquels on ne peut aimer et comprendre vraiment le livre. De fil en aiguille, des animations sont donc nées, et la rencontre avec Florentine Nedelec, à présent responsable des animations aux Editions Millefeuille, a marqué un pas dans l’histoire de notre maison et de mon projet : le Train du Livre® a de beaux jours devant lui ! Le cœur de notre métier, c’est bien de transmettre aux lecteurs notre passion pour le livre, et de les faire y adhérer. Culturellement parlant. Je n’ai pas été enseignante en Lettres pendant 4 ans pour rien !

Les albums que vous avez écrits ont pour principal contexte historique le Moyen-Age. Le Trésor de la Bonbeccante a pour cadre, lui, le règne de Louis XIV. Y a-t-il d’autres périodes historiques que vous souhaiteriez explorer ?
Beaucoup ! La Renaissance Italienne, le Siècle des Lumières, les XIXe et XXe siècles, la préhistoire... toutes les périodes sont fascinantes !

Travaillez-vous actuellement à l’écriture de nouveaux albums ? Si oui, pouvez-nous en parler ?
Actuellement, pas d’albums, mais un petit roman, comme je le mentionnais plus haut, oui. Mais mon principal métier reste l’édition ; je trouve plus passionnante l’aventure éditoriale quand elle se fait à 3, avec un auteur et un illustrateur, et que je suis là pour les accompagner dans la création.

Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Merci à vous, lecteurs qui êtes conscients que l’Histoire, c’est nos racines, car c’est pour vous que nous éditons et écrivons des livres. Tant qu’il y aura des lecteurs qui sauront d’où l’on vient, il y aura des citoyens pour savoir où l’on va !

Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation. Isabelle.
Et Merci à Histoire d’en Lire, car rares sont les initiatives de promotion des thèmes que nous traitons, l’histoire et le patrimoine !