L'interview de METANTROPO

METANTROPO

Bonjour Metantropo (Christophe Loupy),
Vous écrivez depuis maintenant 13 ans. Toutefois, vous ne vous êtes lancé dans les romans historiques que depuis 7 ans. Comment est née cette envie de venir aussi vous essayer avec ce genre littéraire ?

J’ai toujours aimé toucher à tout dans le domaine artistique (musique, dessin, BD, scénario…). Dans les thèmes que j’aborde en littérature, il en est de même. J’ai eu l’occasion d’écrire des romans historiques grâce à Cécile Térouanne, qui travaillait à cette époque-là chez Flammarion, et qui recherchait des manuscrits pour une nouvelle collection. J’ai donc relevé le défi et écrit pour elle Mon cheval, ma liberté, et Le Cavalier d’Olympie. Pour Piège à Venise en revanche, cette histoire n’était au départ qu’un moyen de m’essayer au roman policier. Le hasard a fait qu’il est devenu un roman policier « historique ». En effet, je venais de visiter Venise en touriste et j’étais tombé littéralement amoureux de cette ville. J’y ai donc tout naturellement planté le décor de mon roman policier et, tant qu’à choisir Venise, je me suis dit qu’il fallait la prendre au moment le plus beau, le plus prestigieux de sa vie, c’est-à-dire au XVe siècle. En fait, je fonctionne au coup de cœur, j’aime explorer de nouvelles sensations et laisser vivre mes envies. Parfois, certains de mes romans partent dans des directions qui ne sont pas « vendables » car hors des canons marketing du marché. Les éditeurs qui les reçoivent me le disent, mais cela n’a aucune importance. Je les range dans un tiroir sans regret car j’ai pris du plaisir à les inventer, à les écrire, et pour moi c’est l’essentiel. Le bonheur ne se cherche pas, il se vit.

Mon cheval, ma liberté ; Le Cavalier d’Olympie ; Piège à Venise ; Le Fantôme de Venise : 4 romans historiques et 3 périodes différentes. Souhaitez-vous continuer l’aventure et explorer de nouvelles périodes historiques dans de prochains romans ?
C’est quelque chose de possible si une idée « historique » germe dans mon esprit. Pour l’instant, je reviens dans le domaine du fantastique (L’Invasion des Kaméléons, fin 2010 chez Milan). Le fantastique est aussi un style que j’aime bien et il demande beaucoup moins de travail de recherches. Dans un roman historique, on ne peut pas raconter n’importe quoi, dans le fantastique, tout est permis.

Piège à Venise et Le Fantôme de Venise sont deux aventures policières se déroulant en plein 15ème siècle à Venise. Sans qu’il ne s’agisse véritablement de suites, on a réellement envie de découvrir de nouvelles enquêtes de Marco et de ses amis ? L’avez-vous déjà envisagé ?
Effectivement, il s’agit d’une série. Après la sortie réussie de Piège à Venise, Natacha Derevitski (directrice du département jeunesse de Pocket) m’avais commandé un deuxième épisode. J’ai donc écrit Le Fantôme de Venise. Y en aura-t-il un troisième ? Je l’ignore encore. Si l’éditeur me le demande, je l’écrirai avec plaisir.

Dans vos romans historiques, il ne s’agit pas de retranscrire point par point un événement, une période. Mais plutôt d’utiliser les références historiques comme toile de fond et de mettre en avant une aventure avec un scénario très captivant pour le lecteur. Pensez-vous donc que cela soit plus motivant pour le jeune lecteur ?
J’en suis persuadé. Les jeunes sont nourris d’audiovisuel où les films sont écrits dans une dynamique dramatique très étudiée. Je profite de mes connaissances en écriture de scénario pour écrire mes livres de la même façon. Cela donne du rythme au récit et porte le lecteur au fil des pages. Je ne néglige pas pour autant le contexte historique, mais je veille à ce qu’il ne vienne pas alourdir l’intrigue mais au contraire à ce qu’il la mette en valeur.

Personnellement, j’ai le plus apprécié Le Fantôme de Venise qui mêle histoire, intrigue policière et aspect fantastique avec le fantôme. On se laisse complètement prendre par le récit.
Parmi ces 4 romans historiques, avez-vous une préférence et si oui, pourquoi ?

C’est une question très difficile pour moi. Je vais vous faire une réponse à tiroirs : Si je prends le côté humain, sentimental de l’histoire, ma préférence irait vers Mon cheval, ma liberté et Le Cavalier d’Olympie où l’on trouve une dimension humaine dans l’aventure vécue par le héros ; si je prends le côté suspense et action, je préfère sans aucune hésitation Piège à Venise et Le Fantôme de Venise, où l’on joue plus sur le côté haletant et surprenant du scénario.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose de plus aux lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Bien sûr. Je vais leur faire une révélation. Quand j’étais enfant, j’étais un mauvais lecteur. De ce fait, je n’aimais pas lire. Lorsque j’y étais obligé, je regardais le nombre de pages du roman avant de lire la quatrième de couverture. La longueur m’effrayait, c’était comme si j’allais courir un marathon. Et lorsque le roman avait quelques longueurs, je décrochais très vite. Puis, certaines lectures m’ont donné du plaisir et j’ai découvert peu à peu que les livres pouvaient se savourer, page après page.
Tout cela pour dire que lorsque je suis devenu auteur de romans pour la jeunesse, j’ai construit mon style d’écriture en m’appuyant sur mon vécu. Quand j’écris une histoire, j’essaie de la faire démarrer très vite. Je pense au mauvais lecteur qui a besoin qu’on le transporte dans un monde captivant, bien loin de ses difficultés de lecture. Puis, quand je développe mon récit, je m’applique à éviter tout temps mort. Tout ce qui est inutile à l’intrigue, je le supprime. J’essaie de faire en sorte que mon lecteur n’ait pas envie de fermer le livre avant d’avoir fini son chapitre, et je termine mon chapitre de façon à ce qu’il ait envie d’entamer le suivant. Et ce rythme que je mets dans mes romans, je l’accélère toujours dans les derniers chapitres, pour finir à 100 à l’heure dans un grand déluge d’émotions. Un bon lecteur peut facilement pousser un récit jusqu’à la fin, mais un mauvais lecteur, lui, a besoin d’être porté par le récit. Ça, par expérience, j’en suis convaincu, et ma plus grande fierté, aujourd’hui, c’est quand un jeune vient me voir pour me dire : «Merci, grâce à vous, maintenant, j’aime lire. »


À mon tour, donc, de vous remercier pour vos réponses et de vous souhaiter une bonne continuation.
Merci.

Interview réalisée le 29 novembre 2009.