L'interview de Bulles de savon

Bulles de savon

Bonjour Jean-René,
Vous avez fondé les éditions Bulles de savon en 2011. Cette petite maison d’édition basée à environ 40km de Lyon publie des livres jeunesse (albums, livres-CD, romans) résolument tournés vers l’art, la littérature, l’Histoire. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cette aventure ?

Depuis que je suis petit, je baigne dans les livres et la musique. J’ai écrit pendant plus de 30 ans des chansons, j’ai traduit dès le début des années 80 des romans et albums de l’allemand, bref la logique a voulu qu’à un certain moment de ma vie je décide, avec mon fils Pierre, romancier, de créer une maison d’édition.

La maison d’édition est encore jeune mais le catalogue déjà constitué est très honorable et diversifié. S’agit-il d’œuvres publiées suite à l’envoi spontané de manuscrits ou de choix directs de votre part vers des écrivains et illustrateurs que vous souhaitiez mettre en avant ?
Il ne s’agit que de projets que j’ai initiés moi-même, c’est-à-dire que je propose à des auteurs que j’aime et qui vont s’inscrire, comme une pièce de puzzle, dans la catalogue général. Disons aussi que les rencontres sont souvent le déclic naturel pour de nouveaux projets, le meilleur exemple étant la rencontre à Tanger avec Claude Merle et sa femme Gaëlle. J’ai du mal à dissocier l’homme de l’œuvre. Ainsi, ma rencontre avec Jean-Claude Carrière – un autre grand moment de ma vie – a débouché naturellement sur un livre.

L’actualité de Bulles de savon, ce sont deux nouvelles collection de romans historiques : L’Histoire, c’est un roman, lancée en octobre 2015 et, Les détectives de l’Histoire, en mars 2016. Le classement d’un livre dans une collection bien ciblée comme celles-ci assure une meilleure visibilité, notamment pour une petite maison d’édition ?
Oui, bien sûr, mais c’est aussi par souci de clarté. Quand on lance une maison d’édition, on n’imagine pas qu’en quelques années on se retrouve à la tête de beaucoup de livres, que ça risque d’être vite le fouillis. C’est pourquoi, surtout en ce qui concerne ce secteur historique, ça me semble important d’avoir des collections. Quant à Claude Merle, l’idée que nous avons eue ensemble de créer une collection spécifique autour de ces épisodes de l’Histoire, a un vrai sens éditorial.

Et pour ces deux lancements, vous vous êtes assuré les talents de deux auteurs spécialistes du genre, Catherine Cuenca et Claude Merle. J’imagine que vous avez du être très fier quand ils ont accepté de travailler pour ces projets ?
Ah oui, car lorsque des auteurs réputés ont déjà des habitudes chez un un grand éditeur, c’est plus difficile de leur prouver qu’on peut faire de bons livres ensemble. Mais je crois vraiment qu’un des talents d’un éditeur réside dans ce sens de la persuasion, cette envie qu’on transmet de faire un livre ensemble ; l’auteur doit sentir une vraie volonté, et si le livre n’est pas le fruit d’une vraie rencontre, ça ne marchera pas.

Comment voyez-vous l’évolution de ces deux collections ? D’autres auteurs viendront les enrichir ou souhaitez-vous que Catherine et Claude en restent les moteurs essentiels ?
La collection sur les détectives, elle appartient totalement à Claude ! Quant à l’autre collection, oui je vais faire alterner des auteurs que j’aime bien.

Un dernier petit message pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Je pourrais répondre : si vous n’existiez pas, il faudrait vous inventer ! C’est vrai que votre travail permanent de découverte est indispensable ; on entend dire que les ados ne se tournent pas spontanément vers ces fictions historiques, mais justement montrons à tous que c’est un domaine fantastique, que les plus grands auteurs y déploient un talent narratif merveilleux. Un roman historique, c’est d’abord un roman, une fiction qu’on ne lâche pas. Je mets au défi quiconque lit Le temps des loups de Claude Merle de me dire que ce n’est pas palpitant comme lecture !

Je vous remercie pour votre réponse et vous souhaite une bonne continuation et une longue vie aux éditions Bulles de savon.
Isabelle.


Interview réalisée le 27 mars 2016.