L'interview de POUGET Anne

POUGET Anne

Bonjour Anne Pouget,
Historienne et auteure spécialiste du Moyen Age, vous revoici avec un roman historique complètement loufoque : Quelle épique époque opaque ! Ecrire par le biais de l’humour est-il plus difficile qu’un roman plus classique ?

Disons que c’est un autre style, une autre forme de difficulté. Dans un roman historique il faut de la rigueur dans l’écriture, être vigilent quant à la véracité des informations. Dans le roman d’humour il faut jongler avec les mots, les rebondissements, et faire en sorte que le rire soit toujours présent. Mais comme en plus d’être belle et intelligente ;-) je suis bourrée d’humour, cet exercice m’a beaucoup plu.

Et ce titre qui sonne si bien vous est venu très vite ?
Oui, de fait le livre devait s’intituler « quelle épique époque opaque hippique » mais le choix de l’éditeur a été de supprimer le dernier mot. Dommage ! Mais c’était effectivement un peu long.

Le Moyen Age est une période largement abordée dans les fictions historiques jeunesse. Dans chacun de vos romans, vous veillez toujours à traiter un sujet bien précis. C’est indispensable pour sortir du lot ?
Je ne le fais pas pour sortir du lot ; étant passionnée d’histoire j’ai envie de m’éloigner de l’image d’Epinal de certains personnages et de mettre en lumière certains aspects moins connus de l’histoire. Dans Quelle épique époque opaque !, à la base, j’avais envie de faire connaître la légende de Titivilus et l’aventure des héros gravite autour de ce petit démon. Et sur le coup, j’y ai ajouté l’histoire de la mesnie d’Hellequin, et aussi des squelettes et…. Bref ! tout le reste, quoi !

La fin du roman laisse très clairement entrevoir une suite. Pouvez-vous d’ores et déjà nous en dire plus ?
Pour cela il faudrait que je connaisse l’avenir, et que je sois dans la tête de mes héros, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas chose aisée que de réfléchir à la Cornebulle !
Oui, la suite est en construction, mais, comme dirait mon écuyer : « botus et mouche cousue ! »


Vous avez reçu déjà de nombreux prix pour vos romans et Les Derniers jeux de Pompéi a même été sélectionné par le Ministère de l’Education nationale. Qu’est-ce qui est pour vous la meilleure reconnaissance ?
Un prix littéraire et/ou une sélection sont toujours une belle reconnaissance, car grâce à cette mise en avant du titre le public, qui n’était peut-être pas enclin à lire ce roman-là va s’y intéresser. Donc, tout ce qui incite à la découverte, à la lecture, est bonne chose. Et la vraie reconnaissance reste le plébiscite des lecteurs, la relation magique entre chacun des acteurs : l’auteur à un bout de la page, le lecteur à l’autre : en décalé mais en communion.

Le roman Les Brumes de Montfaucon a pour thème la discrimination contre les Juifs au Moyen Age. C’est une manière de rappeler aux jeunes lecteurs que cette population a déjà été malmenée bien avant la période nazie ?
C’est la raison pour laquelle j’ai eu à cœur d’écrire ce livre dont le récit m’a permis de faire un lien miroir entre la période nazie et (ici) le moyen âge. C’était aussi l’occasion de dépoussiérer l’image d’Epinal qui fait de Saint-Louis un roi si parfait en mettant le doigt sur une ambiguïté : comment un roi aussi pieux et charitable pouvait-il admettre ce que je raconte dans le livre ? Mais ce roman, comme tous mes romans d’ailleurs, diffuse un message de tolérance.

Parmi vos romans historiques jeunesse, seul Les Derniers jeux de Pompéi n’aborde pas le Moyen Age, mais plutôt l’Antiquité. Est-ce que vous envisagez d’écrire à nouveau sur d’autres périodes historiques ?
J’aime passionnément toute l’antiquité. Le hasard a voulu que je me spécialise en histoire médiévale. Ainsi, cette digression a été une bulle d’oxygène pour moi… Oui, j’ai dans mes malles quelques projets abordant d’autres périodes historiques.

Avez-vous d’autres romans historiques en cours d’écriture ?
Oui. En ce moment je finalise un roman qui aborde l’époque charnière de ce que nous appelons « Renaissance » ; on parle toujours de moyen âge puis de Renaissance, comme si on tournait une page. J’ai voulu aborder ces quelques années de transition entre Louis XII et François 1er. Et encore parler de Paris, de ses petits métiers, de sa vie bouillonnante, de ses cris, ses odeurs.
Et puis, dès qu’il sera envoyé à mon éditeur, en juin sans doute, j’attaque un nouveau roman historique, hystérique et humoristique, toujours hippique et sympathique (suivez mon regard…).


Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
« Un dernier petit mot » : donc il faut qu’il soit le dernier, qu’il soit petit, et un seul mot. Sinon vous auriez dit « quelques mots ». Mais il est vrai qu’avec « quelques mots », ça en aurait fait plusieurs, peut-être longs d’ailleurs… Mais même dans plusieurs mots il y a forcément le dernier… il pourrait être long, genre « apaléopithécoaneucéphalodidactisme » et je pense que c’est bien pour cette raison que vous avez précisé « petit »…donc très court…. Je dirais… euh… euh (je réfléchis)… euh… oui, tiens « euh » c’est très bien ça, non ? c’est un mot, un dernier, et il est court… (signé Cornebulle)

Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation. Isabelle.
Je me remercie aussi et me souhaite beaucoup de belles choses…
Non… sérieux… Merci à vous.


Interview réalisée le 26 mai 2013.