L'interview de ABSIRE Alain

ABSIRE Alain

Bonjour Alain Absire,
Vous avez publié une série de romans historiques pour la jeunesse, Le Chevalier à l’armure d’argent, aux éditions Eveil et découvertes. Comment s’est faite la rencontre avec cet éditeur ?

Comme cela arrive parfois dans un parcours d’écrivain, c’est Eveil et Découvertes qui a pris contact avec moi après la lecture de mon roman pour adultes intitulé L’égal de Dieu qui m’a valu, il y a quelques années, de recevoir le Prix Fémina. L’action située au XIeme siècle a donné l’idée à cette « jeune » maison d’édition de me proposer d’écrire dans la même veine un roman de chevalerie pour adolescents. Le projet m’a séduit. J’ai donc échafaudé un scénario mettant en scène un écuyer normand de 13 ans et une petite musulmane partageant les aventures d’un chevalier frappé par une terrible malédiction, en Palestine, durant la première croisade. La matière était si riche que ce qui, au départ, devait être un roman unique est devenu une trilogie en trois épisodes.

Cette série aborde la fin de la première croisade, une période du Moyen Age qu’il n’est pas facile de transmettre aux jeunes lecteurs, car elle peut être très complexe. Pourquoi avez-vous choisi d’axer votre récit précisément sur la fin de la croisade et non pas sur son ensemble ?
Le Chevalier à l’armure d’argent commence avec la prise de Jérusalem par les croisés, le 15 juillet 1099. C’est un événement dramatique, un vrai massacre, mais c’est aussi une succession de scènes et de personnages extraordinaires qui place d’emblée mes héros : Guillaume, Zakia et le chevalier, au cœur de l’action. C’est aussi l’occasion pour nos jeunes lecteurs d’entrer immédiatement dans le vif du sujet : au moment le plus violent de l’affrontement entre Chrétiens et Musulmans. Sur de telles bases, tout en respectant la vérité historique, il revient à l’écrivain de bien raconter son histoire, avec ce qu’il faut d’aventures, de magie et de sentiments profonds, pour que, les adolescents s’identifient immédiatement aux héros, partagent leurs émotions et éprouvent à leurs côtés un vrai grand plaisir de lecture qui les fait vibrer et les enrichit.

A la fin du troisième tome est précisé que nous pourrions retrouver Guillaume et Zakia dans de nouvelles aventures... Peut-on en savoir plus à ce sujet ?
À la fin de l’épisode 3 : Le roi de Césarée, la malédiction qui frappait le chevalier est levée. Dès lors, Guillaume décide de rentrer chez lui en France et Zakia, l’orpheline dont toute la famille a été massacrée, accepte de partir avec lui. Ainsi, une autre aventure va commencer, à la Cour du duc de Normandie au cœur de laquelle la petite musulmane va se retrouver « déracinée ». Disons que c’est le genre de situation que les adolescents vivent aujourd’hui au collège ou dans les banlieues... C’est l’occasion pour eux de voir que cela n’est pas nouveau.

La trilogie Le Chevalier à l’armure d’argent est pour l'instant votre seule œuvre en littérature jeunesse. Est-ce que cette expérience vous donne envie de la renouveler ? Si oui, avez-vous déjà une idée de sujet ?
Cette suite dont je commence l’écriture s’intitule : Le secret de Robert le Diable, encore un personnage historique dont on peut voir le château fort auprès de Rouen. Il va de soi que, si je continue, c'est parce que j’ai aimé ce type particulier d’écriture qui, pour tenir le jeune lecteur en haleine, oblige l’auteur à donner le rôle prédominant aux personnages et aux situations. À chaque page, il doit se passer quelque chose et l’action, ainsi que la psychologie des « héros », doit toujours avancer. Aller droit à l’essentiel..., voilà une excellente discipline pour un écrivain dont la quasi totalité de l’œuvre est à l’usage des adultes.

Laurent Miny est l’illustrateur de vos romans. Comment s’est passé le travail avec lui ? Avez-vous pu donner votre avis sur ses illustrations ?
Je ne connaissais pas Laurent Miny et nous nous sommes rencontrés pour la première fois au Salon du livre jeunesse de Montreuil lors de la publication du premier épisode de la trilogie. D’emblée, lorsque nous avons correspondu via Internet, dès son projet de couverture pour La malédiction de Jérusalem, avec Guillaume et le chevalier sous les remparts assiégés, j’ai adhéré à sa vision de mes personnages en pleine action. Dans la foulée, je lui ai fait des suggestions pour les trois épisodes et nous nous sommes accordés sur un certain nombre de détails. Son travail m’a comblé. Ses illustrations complètent remarquablement mon texte. C’est une incitation à l’imaginaire qui ne peut que combler les jeunes lecteurs. J’aimerais continuer à travailler avec lui pour la suite des aventures de Guillaume et Zakia.

Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Je voudrais juste dire aux usagers du site Histoire d’en lire, qu’ils ont de la chance de disposer d’un tel guide de lecture en matière de fictions historiques pour la jeunesse. Un vrai portail qui donne ainsi la parole aux auteurs, illustrateurs, éditeurs, bibliothécaires et lecteurs, pour les accompagner dans leurs choix. Dès lors, le monde de l’Histoire et de l’imaginaire s’ouvre à eux en toute connaissance de cause. Il ne leur reste plus qu’à s’enrichir et à rêver...

Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation.
Isabelle.


Interview réalisée le 5 juin 2012.