En 1680, sur les terres du comte Gaston de Roncevrac.
Marie-Lorraine Bellemain, dite Malo, quinze ans, est la fille d'une couturière et du sergent Roch Bellemain, mort cinq ans plus tôt sur le champ de bataille du Pont de Konz, face à l'armée hollandaise.
Malo est heureuse de retrouver son ami Annet, le fils du comte, revenu de ses études à Paris. Mais leur amitié n'aura-t-elle pas souffert de cette séparation et de l'écart qu'il y a entre leurs rangs ?
Annet est un noble et bénéficie de nombreux privilèges, quand Malo vit dans l'ombre avec sa mère. Pourtant, la jeune fille continue de rêver de devenir mousquetaire du roi. Entraînée par son père, maître d'armes, elle sait manier l'épée à merveille. Mais elle est une fille et qui plus est, une fille du peuple.
Alors qu'elle se réfugie en forêt, Malo est témoin d'une entrevue secrète entre Aymar de Roncevrac, le frère cadet du comte, accompagné de deux hommes de sa garde, et deux inconnus. Que manigancent-ils ? Malo est bien décidée à le savoir.
Citations "- Marie-Lorraine Bellemain ! l'interpelle soudain une voix dans son dos. Peut-on savoir ce que tu fabriques ici ?
Malo se fige, surprise. Sa mère se tient dans l'encadrement de la porte, les poings sur les hanches, les sourcils froncés.
- Il faut bien que je m'entraîne si je veux devenir mousquetaire, répond l'adolescente en relevant le menton.
- Je te l'ai dit cent fois : les femmes mousquetaires n'existent pas !
- Il faut un commencement... Je serai la première, voilà tout !" p. 14
L'avis d'Histoire d'en lire
Malo, apprentie mousquetaire est le second roman jeunesse de Cyril Guinet, plus habitué aux recueils de récits plutôt sordides pour un lectorat adulte.
Rien de tout cela ici. Cyril Guinet a choisi de mettre en scène une jeune héroïne bien déterminée à réaliser son rêve.
Au temps des mousquetaires L'auteur place son récit sous le règne de Louis XIV, sans préciser de date au début. Seules la mention des travaux en cours au château de Versailles nous permettront de déduire, si on le sait, que l'intrigue se déroule avant 1682, année d'installation de la cour à Versailles. Et en toute fin de roman, l'année de mort du père de Malo permet d'affiner et de situer plus précisément l'année à laquelle se déroule l'aventure décrite, soit 1680.
Cyril Guinet a fait le choix de peu développer le règne de Louis XIV en lui-même, parce que ce n'est tout simplement pas l'objet de ce livre. Le roi n'apparaît d'ailleurs jamais, mais c'est son fils aîné, le Grand Dauphin, Louis de France, qui va être le seul personnage historique réel de ce récit.
En revanche, il s'attache à reconstituer le contexte sociétal de cette époque et fait évoluer ses personnages au sein du comté de Roncevrac, qu'on imagine relativement proche de Versailles. La mère de Malo est couturière et travaille très dur pour satisfaire toutes les demandes du comte et de la comtesse. Le fossé est grand entre les domestiques et les nobles, et c'est très bien restitué.
Et puis, symboles même du pouvoir royal, soldats d'élite, les mousquetaires font rêver. Malo a de qui tenir, puisqu'elle est la fille du maître d'armes du comte de Roncevrac et a donc appris à manier l'épée dès son plus jeune âge.
Une fille mousquetaire ?
Nous le savons bien, les mousquetaires étaient uniquement des hommes. Les femmes du XVIIe siècle étaient exclues de cette élite et il était impensable même qu'elles aient pu en faire partie.
Mettre en scène une jeune fille rêvant d'être mousquetaire n'est pas une première en littérature jeunesse, mais Cyril Guinet a choisi une fille du peuple. Et là, ses chances sont encore plus infimes que si elle avait été noble !
Voilà donc les aventures que l'auteur nous invite à suivre !
Ce sera elle l'héroïne du roman. Courageuse et intrépide, parfaitement formée à l'escrime, elle n'hésite pas à prendre des risques pour comprendre ce que manigance Aymar de Roncevrac, le frère cadet du comte de Roncevrac. Serait-il impliqué dans un complot ? Il y a du mystère et de l'action jusqu'au bout !
Et on appréciera la description minutieuse de la partie de jeu de paume qui se joue !
Le changement de temps de narration entre le prologue, écrit au passé, et le reste du roman, au présent, n'était pas forcément justifié, même si cinq années se sont écoulées. Le présent permet toutefois aux jeunes lecteurs et lectrices dès 9-10 ans d'entrer plus facilement dans le récit.