Placé dans une famille modeste de Florence, Michel-Ange Buonarroti est le fils de Ludovic, maire de Chiusi et de Caprese, un homme qui veut que son fils lui succède aux affaires. Le garçon n'a que faire de la politique et des finances, tout ce qu'il veut, c'est créer, peindre et même encore plus sculpter. A force d'entêtement, son père cède et Michel-Ange intègre l'atelier du maestro Ghirlandaio. Jeune prodige, il est repéré par Laurent de Médicis, le maître de la ville de Florence. Mal à l'aise en société, il brille par son talent et entend être le plus grand artiste de son époque.
Sauf qu'un autre nom est sur toutes les lèvres : Léonard de Vinci, artiste, inventeur, savant.
Les deux hommes se rencontrent en 1495 à Bologne. Leurs deux génies pourront-ils cohabiter ?
Citations "Malgré son hostilité, Ludovic ouvre la bouche de stupéfaction : comment un enfant de 10 ans a-t-il pu fabriquer cela ?
- C'est pour vous, Messer, chuchote Jeanne. La surprise. Un présent de votre fils.
Michel-Ange fixe intensément le magistrat : l'angoisse lui étreint le cœur. Pourquoi ne dit-il rien ? Aurait-il fait une erreur ? L'anatomie du Christ serait-elle imparfaite ?
Dans l'esprit de Ludovic, tout se brouille, tout s'effondre. Cette statue est un miracle et l'enfant a du talent. Mais ce n'est pas cela qu'il espérait ! Ce n'est pas cela qu'il veut pour lui, pour la famille, pour son... fils ? Michel-Ange ne peut être un tailleur de pierres, ni même un sculpteur ! Il doit être notable, juriste ou à la rigueur commerçant. Il doit faire des choses sérieuses. La colère à nouveau l'envahit, monte, le submerge de son terrible flot de rage et de haine : il regarde cet enfant, sale et contrefait, qui soutient son regard avec son air imbécile et obtus. " p. 28-29
L'avis d'Histoire d'en lire
Sophie Doudet s'intéresse beaucoup aux grands personnages de l'Histoire qu'ils soient écrivains, hommes politiques ou encore artistes. Ici, l'autrice est partie de la vie de Michel-Ange, peintre et sculpteur italien de la Renaissance, pour écrire une biographie romancée, tout en ciblant la rivalité qui a opposé le jeune sculpteur au déjà célèbre Léonard de Vinci.
La Renaissance italienne
Sophie Doudet a opté pour un narrateur omniscient mais qui reste majoritairement centré sur le personnage de Michel-Ange. Nous découvrons le garçon en 1484, il est alors âgé de dix ans. L'autrice évoque l'enfance de Michel-Ange, son destin qui semble être tout tracé dans l'esprit de son père, mais celui que le garçon envisage et qui pour lui, ne peut être qu'autre.
Grâce à Laurent de Médicis, le maître de Florence, les arts retrouvent toute leur noblesse en cette fin de XVe siècle, et renaît la mode des arts antiques. Michel-Ange s'appuie beaucoup sur les œuvres des Anciens de l'Antiquité et s'en nourrit pour créer à son tour.
C'est une époque foisonnante, les descriptions le montrent parfaitement et l'adolescent, puis le jeune adulte grandit au milieu de cet environnement. Malgré ses difficultés à se comporter en société, il a la chance de faire les bonnes rencontres, de trouver des hommes qui le prendront sous leur aile et lui permettront de recevoir de très bonnes commandes.
Découvrir Michel-Ange, c'est comprendre la période à laquelle il a grandi. Michel-Ange a laissé son nom dans l'histoire de la Renaissance, mais tout autant, cette époque lui a permis de se faire un nom. Les œuvres qu'il a réalisées et qui sont décrites dans le roman se retrouvent en photos en fin de livre.
Le duel Sophie Doudet s'est largement inspirée de faits réels concernant Michel-Ange et Léonard de Vinci, elle l'explique en fin de livre. L'autrice a ajusté au besoin quelques dates mais l'essence même des relations entre Michel-Ange et Léonard de Vinci s'appuie sur des sources historiques.
Les caractères de ces deux personnages sont radicalement opposés. Et même si une amitié semblait se nouer, elle ne pouvait perdurer. Et d'autres personnes vont "jouer" de cet antagonisme pour faire rivaliser encore plus les deux hommes. La rencontre entre Michel-Ange et Vinci intervient juste avant la moitié du roman et dès lors, le lecteur suit jusqu'au bout les hauts et surtout les bas de la relation entre les deux génies. Une seconde partie beaucoup plus dynamique et pour cause.
Le duel artistique entre Michel-Ange et Vinci est saisissant et Sophie Doudet décrit autant l'ambiance pesante que les techniques employées par l'un et l'autre des protagonistes. Elle nous fait pleinement vivre l'histoire de l'art en cette fin de XVe siècle.
J'ai aimé découvrir le personnage de Michel-Ange, que je connaissais mal. C'était un artiste extrêmement orgueilleux et en même temps, c'est cet orgueil qui l'a amené à réaliser les plus grandes œuvres de la Renaissance italienne.