Adèle, 13 ans, est collégienne. Peu encline à étudier depuis la mort de sa chère grand-mère six mois plus tôt, elle préfère passer du temps avec ses copines et son ami Guillaume, plutôt que de devoir lire un énorme livre pendant les vacances ! C'est avec un certain ennui qu'elle commence à lire les premières pages de La Reine Margot d'Alexandre Dumas. Mais la nuit venue, Adèle rêve qu'elle est en 1572, au temps du mariage de la reine Margot et du roi Henri IV...
L'avis d'Histoire d'en lire
Après le succès de son roman 14-14 écrit avec son complice Paul Beorn, Silène Edgar renoue avec l'alternance d'époques dans ce roman Adèle et les noces de la reine Margot. Mais elle le fait d'une toute autre manière.
Le récit commence dans notre présent. Nous faisons connaissance avec Adèle, une collégienne de 4ème, qui vit très difficilement le décès récent de sa grand-mère dont elle était très proche. Ses résultats scolaires s'en ressentent et ses parents, trop occupés par leur métier respectif, ne comprennent pas la détresse de l'adolescente. Pire, ils l'accroissent par leur manque d'empathie et leurs reproches permanents ! C'est dans ce contexte-là qu'Adèle doit faire un gros effort pour daigner ouvrir l'énorme roman que lui a laissé son professeur de français pour les vacances. La Reine Margot est un roman d'Alexandre Dumas, publié au XIXème siècle et écrit dans un français éloigné de la langue d'aujourd'hui. Pourtant, un événement inattendu amène Adèle à s'engouffrer dans cette histoire : une fois endormie, elle se retrouve en 1572 et assiste à un événement majeur, le mariage entre la catholique Marguerite de Valois et le protestant Henri de Navarre.
Silène Edgar alterne les chapitres entre présent et rêves dans lesquels Adèle vit les événements de 1572. Le début est un peu long à se mettre en place mais ces allers-retours prennent de plus en plus d'importance, lorsqu'Adèle cherche à retourner dans le passé dès qu'elle en a l'occasion, voire même en provoquant ses endormissements ! Et très vite, ça en tourne à l'obsession, d'autant plus quand la vie du beau Samuel est en jeu !
Témoin du grand mariage, Adèle l'est aussi du massacre de la Saint-Barthélémy qui se déroule dans la nuit du 24 août 1572. Elle voit les catholiques tuer tous les protestants qu'ils croisent. Elle-même est menacée, du fait de sa présence au côté de Samuel, vêtu de l'habit noir des huguenots.
Adèle et les noces de la reine Margot est un roman étonnant. Le présent captive autant que le passé. On ne peut rester insensible à la détresse de l'adolescente face à l'incompréhension que manifestent ses parents et même la dureté qu'ils affichent envers elle. Adèle est aussi tiraillée entre ses deux amis, Juliette et Guillaume, qui ne s'entendent plus et rendent les relations encore plus difficiles.
La lecture d'un grand classique de la littérature française, pourtant décriée au départ, est finalement un échappatoire pour la jeune fille, la seule manière de partir loin de ses malheurs. J'aime beaucoup le fait que l'autrice ait choisi ce mode de voyage dans le temps, il montre à tous et toutes que le plaisir de la lecture peut gagner chacun.e à condition de trouver le livre qui lui correspond.
Silène Edgar parvient à redonner le contexte historique de l'époque, pourtant très complexe. Il existe peu de romans jeunesse sur les guerres de religion du XVIème siècle, celui-ci est une entrée en matière intéressante et qui peut toucher un lectorat plus large que les seuls amateurs de romans historiques.