1945. Le camp de concentration de Buchenwald en Allemagne est libéré par les soldats américains. Yankov Zeligman est l'un des rares survivants du camp. Il n'a que 11 ans mais paraît déjà bien vieux. Sa sœur encore bébé est morte dans le train qui le conduisait avec sa famille et tant d'autres Juifs dans ce pays de la mort. Dès leur arrivée au camp, les hommes et les femmes ont été séparés. Sa maman a été gazée. Yankov est resté avec son père. Un père qui l'a protégé, qui l'a aidé pour le travail mais qui est mort d'épuisement.
Quand les Américains ouvrent le camp, personne n'ose sortir, même le mot liberté n'a plus de signification pour ces enfants. Ils ne ressemblent même plus à des enfants, seulement des tas loqueteux, sales, dévorés par la faim. Et puis, les survivants doivent reprendre le train, pour Yankov et d'autres comme lui, ce sera un aller simple pour la France, un pays dont il ne connaît absolument rien. Les voilà dans un magnifique et grand château. Mais de nouveau, Yankov et les autres enfants se sentent prisonniers, sont soumis à des règles strictes, au mépris du directeur de l'établissement.
Ce n'est qu'avec l'arrivée de Donna, la nouvelle directrice, que les choses changent. Calme, à l'écoute, douce, elle prend le temps avec chacun de leur redonner vie et espoir.
Citations "C'est pas beau, chez nous à Buchenwald. C'est sale, c'est gris, ça pue les morts. Des baraquements plats, des miradors qui tuent, de longues cheminées et tout autour, des barbelés.
On est abandonnés.
Jamais de fleurs, jamais de couleurs, jamais de bonheur.
Que de la peur et du malheur.
[...]
Des enfants, nous ? C'est ce que disent notre âge, notre taille, notre voix. Mais franchement, on dirait pas !
[...]
Pourtant avant, je m'aimais bien...
Mais chut, il n'y a pas d'avant.
J'ai tout oublié du moi petit enfant.
Il n'existe plus, du tout, le joli petit garçon frais de mon ancien temps, qu'adorait sa maman.
Ici, il n'y a plus de mamans, pour personne, depuis longtemps.
Et sans maman, on peut pas être un enfant." p. 13 à 15
L'avis d'Histoire d'en lire
Profondément touchée par l'histoire du peuple juif et le sort des enfants rescapés du camp de Buchenwald, Rachel Hausfater a choisi de nous raconter l'histoire de l'un d'eux : Yankov Zeligman.
Les enfants de Buchenwald
Comme précisé en postface, Rachel Hausfater s'est appuyée sur deux ouvrages de référence concernant les enfants de Buchenwald, orphelins après la disparition de leurs parents, soit gazés à leur arrivée au camp, soit morts de faim, de froid, d'épuisement. Yankov est l'un de ceux-là et il est le narrateur de ce qu'il a vécu dans ce camp et après en être sorti grâce à l'armée américaine.
Bien qu'âgé de 11 ans, Yankov se considère comme vieux physiquement et psychologiquement. Sa détention a laissé en lui des marques indélébiles et de nombreuses questions le taraudent continuellement. Pourquoi ne pas avoir suivi sa mère et péri avec elle ? Pourquoi son père a-t-il voulu le sauver ? Pourquoi revivre alors que tous les siens sont morts ?
A la maison des enfants où il a été recueilli, Yankov hésite entre mutisme et soif de vie. Donna, la nouvelle directrice est une bienfaitrice pour tous ces enfants, leur sauveuse, elle sera la clé pour leur réapprendre à manger, dormir, se laver, jouer, rire... tout simplement vivre et fonder de nouveaux espoirs.
Une écriture puissante Découpé en trois étapes (Le camp, Nulle part, La maison), Yankov est un roman bouleversant. Rachel Hausfater a choisi un style d'écriture très fort, poétique mais extrêmement dur à la fois. L'émotion nous prend à la gorge.
A découvrir absolument !
Yankov a reçu le Prix des Incorruptibles 2015/2016 dans la catégorie 3e/2nde.