Ukiak, héros de guerre

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Résumé

Ukiak est un jeune Malamute, un chien de traineau, originaire d'Alaska. Mais un jour, lui et 439 compagnons quittent leurs terres pour rejoindre Québec. Plus tard, les chiens et leurs soigneurs embarquent sur un navire, le SS Pomeranian. Après plusieurs jours et nuits de traversée, tous descendent au Havre, en France.

Ukiak regrette tant d'avoir quitté son maître inuit, Amaguq, mais il se fait rapidement à Germain, qui apprend vite le maniement du traineau. Sauf que la meute ne part pas faire une balade ordinaire. Tous les chiens arrivés de l'Alaska sont emmenés vers les Vosges. Là, les combats font rage. Le bruit est effroyable, l'odeur insupportable. Ukiak et ses compagnons n'ont jamais connu cela.
Leurs attelages doivent désormais convoyer les soldats blessés vers l'arrière, transporter rapidement des vivres et du matériel. Mais les obus et les tirs de mitraillette sont tout aussi mortels pour eux.

L'avis d'Histoire d'en lire

Des millions de soldats ont péri pendant la Première Guerre mondiale. Et nous le savons aussi, des millions d'animaux ont été réquisitionnés par les armées : les chevaux, les pigeons, les chiens.

Pour écrire ce roman, Marie-Hélène Lafond s'est appuyée sur de nombreuses sources écrites, numériques, filmographiques sur l'utilisation des chiens pendant la Grande Guerre et plus spécifiquement ici les chiens de traineau. En post-face, elle vient, à juste titre, rappeler le contexte du premier hiver de la guerre, qui amènent deux officiers, bien connaisseurs de l'Alaska, à demander la réquisition de plusieurs centaines de chiens de traineau et de leurs attelages pour soutenir l'armée française cantonnée dans les Vosges.

Dès lors, l'autrice fait d'Ukiak, le chien de traineau de tête, le narrateur de ce roman. Pour une fois, c'est l'animal qui raconte son vécu. Et c'est une aventure incroyable qu'il s'apprête à vivre. Tout commence par la séparation d'avec son maître inuit, puis plusieurs déplacements consécutifs, en train, en bateau, des moyens de transport qu'il ne connaissait pas et qui donnent des sensations plutôt désagréables. Puis vient l'arrivée en France, de nouvelles odeurs, de nouvelles personnes et des bruits insupportables. Ukiak et ses compagnons de voyage découvrent la guerre dans toute son horreur. A travers les yeux du chien, Marie-Hélène Lafond décrit la guerre, les tranchées, le froid, la boue, les obus, les salves de mitrailleuses, les blessés, les morts. Une guerre qui n'est finalement évoquée que pendant les douze dernières pages du roman mais avec suffisamment de force pour en faire l'élément principal. Et si l'autrice a fait le choix de développer davantage l'expédition menant les chiens d'Alaska en France, c'est bien parce que ce périple a été unique pendant le conflit.

Ces chiens de traineau, habitués à des chemins plutôt difficiles, solidaires dans l'attelage, ont la force et la dextérité pour aller dans des endroits impraticables pour d'autres. Leur rôle a donc été essentiel dans le transport des blessés, des vivres, des munitions, du matériel de soin. Leur réussite dépendait aussi totalement de la capacité du conducteur à gérer le traineau. Ces chiens ont été largement salués et décorés mais ont aussi payé un lourd tribut. Leur mission les amenant au plus près du danger, nombre d'entre eux a été tué.

Ukiak, héros de guerre est un roman qui vient rappeler que cette la Grande Guerre a puisé des ressources au plus loin des continents. Il offre un point de vue novateur grâce à la narration d'Ukiak qui transmet sa peur, son excitation, son angoisse, sa détermination. Chaque étape est riche en émotions et c'est avec beaucoup d'appréhension que nous suivons son parcours de plus de 5000km.

Le livre se termine par une chronologie du périple, deux cartes et une cinquantaine de notes qui viennent apporter des compléments d'information à des mots spécifiques du récit.