L'avis d'Histoire d'en lire
Paru initialement en français en 1987, le roman
Sur la tête de la chèvre d'Aranka Siegal est régulièrement réédité. Il existe énormément de livres jeunesse sur
la Seconde Guerre mondiale et la Shoah alors pourquoi celui-ci bénéficie-t-il de rééditions ? Certainement parce qu'il s'agit d'un
témoignage d'une survivante de l'Holocauste, Aranka Siegal, et que ce récit précise tout ce qui a pu se passer en
Europe centrale, ce qu'on connaît bien moins.
Aranka, dite Piri dans le roman, n'a que 9 ans en 1939 lorsque la guerre éclate. Sa famille est juive et vit en
Hongrie. Déjà, à cette époque, les frontières bougent beaucoup, la Hongrie annexe plusieurs territoires limitrophes, perturbant déjà la vie quotidienne des habitants. Très vite, l'armée allemande gagne du terrain et impose ses
lois antijuives. La famille de Piri est arrêtée en 1944 et déportée à Auschwitz.
Après avoir longtemps hésité à raconter son histoire familiale, Aranka Siegal se livre sans détour et parle aux jeunes de tout pays de l'Holocauste, de l'assassinat de sa famille par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. En revenant sur ces
années de guerre, elle montre les difficultés croissantes au quotidien pour toute la communauté juive de l'Europe centrale. La nourriture se raréfie, les Juifs sont écartés de leur emploi, de leurs études. Puis vient le temps des arrestations, de l'enfermement dans le ghetto avant la déportation vers le camp de la mort.
Piri, la narratrice, parle de ses frères et sœurs, de ses amies, de sa grand-mère mais aussi et surtout de sa mère. Je pense qu'à travers ce livre, elle rend un merveilleux et émouvant hommage à celle qui a gardé sa dignité et son courage jusqu'au bout. Malgré l'horreur, les difficultés, la déshumanisation voulue par les Nazis, elle a toujours cherché à rester elle-même, à encourager les autres, à être un soutien pour beaucoup. En survivant au camp de Bergen-Belsen où elle fut transférée, j'ai l'impression que Piri a suivi l'exemple et le modèle de sa mère. Seule sa sœur Violet (Iboya dans le texte) a survécu également.
Sur la tête de la chèvre, titre qui fait référence à un passage de la Bible au sujet des pêchés des enfants d'Israël, est un livre très fort et qui marque les esprits. Comme le rappelle Aranka Siegal en postface, l'objectif de ce témoignage est bien sûr de savoir ce qu'il s'est passé mais surtout pour que nous apprenions de ce passé pour qu'il ne se reproduise jamais. Et elle conclut avec justesse que dans bien des pays occidentaux, tout ceci est loin d'être acquis malheureusement.
Note : Sur la tête de la chèvre a été sélectionné par le Ministère de l’Éducation nationale pour le niveau Collège dans la catégorie spéciale Seconde Guerre mondiale.
A lire aussi, d'autres chroniques du roman
Sur la tête de la chèvre d'Aranka SIEGAL :
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Sur la tête de la chèvre sur le site Ricochet
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Sur la tête de la chèvre sur le blog Bricabook
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Sur la tête de la chèvre sur le site L'Express.