Stupeur

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Résumé

Prudence Galewski, 16 ans, est fascinée par le corps humain, sa constitution, son fonctionnement et tout ce qui va l'affecter comme les maladies et bien sûr la mort. Alors que son père est parti à la guerre, Prudence vit auprès de sa mère, sage-femme. La jeune fille l'aide lors des accouchements et apprend déjà beaucoup du processus des naissances. Malgré les réticences de sa mère, Prudence quitte l'école pour un emploi d'assistante au sein du département de l'Hygiène et de la Santé de New-York. Elle travaille avec Mr. Soaper sur une épidémie de fièvre typhoïde qui se répand dans des maisons de riches bourgeois de la ville. Ils doivent rapidement en trouver l'origine pour y mettre un terme et comprendre aussi la transmission de la maladie.

Citations
"Une fille peut-elle trouver un travail dans lequel elle combat la mort ?[...]
Quelles sont ces entités qui nous affaiblissent et nous font mourir ? Comment se fait-il que la mort soit présente sur terre ? Comment s'introduit-elle dans le corps des gens et les rend-elle malades, les tue-t-elle ?
Si nous avions su comment combattre la mort, aurions-nous pu sauver Benny ?" p.15

L'avis d'Histoire d'en lire

Autrice new-yorkaise, Julie Chibbaro aime se réapproprier des histoires vraies pour les transmettre sous forme de fictions, tout en conservant bien le cadre réel de l'époque et/ou des faits. Dans Stupeur, nous voici au tout début du XXe siècle, en 1906-1907, au cœur de New York.

Un roman sur l'histoire de la médecine
Stupeur est un roman historique mais sur un sujet très particulier, celui de la médecine. Et sur ce thème encore si large, il est plus particulièrement question des épidémies et d'arriver à comprendre comment des bactéries peuvent être transmises d'un individu à l'autre.
Prudence est fascinée par les sciences et tout ce qui concerne le corps humain. Assistant régulièrement sa mère sage-femme, elle est déjà témoin du déroulement des naissances mais la mort de son grand frère Benny, des suites d'une infection mal soignée, l'a profondément marquée. Avec une bonne connaissance de la médecine, son frère aurait sans doute pu être soigné correctement.
Malgré les réticences de sa mère et le regard moqueur des hommes du département de l'Hygiène et la Santé où elle est embauchée, Prudence fait preuve d'un grand courage. Au début du XXe siècle, aux Etats-Unis, les femmes sont encore rares à exercer dans le domaine de la médecine. Sa rencontre avec la Dr Baker, l'une des premières femmes médecins, va être déterminante pour la jeune fille.
Grâce à Mr Soaper, la Dr Baker et les scientifiques du département de l'Hygiène et de la Santé, Prudence va apprendre un peu plus chaque jour les relations de causes à effets au sujet de la fièvre typhoïde et ce qui amène à développer une épidémie en quelques jours, quelques semaines.
Sans entrer dans un vocabulaire trop complexe, ce roman est très accessible et vulgarise juste ce qu'il faut pour que tout lecteur néophyte se mette dans la peau de Prudence qui découvre tous ces éléments, qui sont pour nous presqu'une évidence plus de cent ans plus tard.

Le journal de Prudence
Prudence Galewski est d'origine modeste mais ses parents ont tenu à ce qu'elle soit scolarisée. Elle a seize ans quand elle commence la rédaction de son journal, le 7 septembre 1906. Elle ressent le besoin d'écrire pour qu'il subsiste des traces de son passage sur terre et mettre en lumière son passé. Et l'on se rend tout de suite compte de la belle écriture de la jeune fille. Ce n'est pas un vulgaire journal intime. Elle y emploie un langage plutôt soutenu, affirmant ici ses capacités scolaires et plus largement intellectuelles. Elle manie les conjugaisons avec une aisance remarquable, d'un passé simple largement employé pour tout ce qui relève de la narration à un présent de l'immédiateté, du dialogue.

Son journal est dense puisqu'elle y décrit son quotidien au sein du département de l'Hygiène et de la Santé, l'enquête pour laquelle elle accompagne Mr Soaper afin de retrouver celle d'où est partie l'épidémie de fièvre typhoïde, ses émotions, sa tristesse d'être séparée de ses amies, de ne pas savoir ce qu'est devenu son père sur le front, ou encore la place d'une femme dans un milieu d'hommes.

Bien que n'étant pas du tout portée sur les sujets scientifiques, je me suis totalement laissée emporter par le récit de Prudence, sa volonté de percer dans ce milieu si fermé, de comprendre le corps et les maladies qui l'affectent. C'est une jeune fille discrète mais combattive.
Et si devais faire un parallèle entre ce roman et la crise sanitaire liée à la Covid-19, je dirais que nos scientifiques d'aujourd'hui, où qu'ils soient, relèvent les fabuleux défis de trouver des traitements et vaccins en un temps relativement réduit grâce à leurs prédécesseurs d'il y a un peu plus de cent ans qui ont travaillé pour comprendre le phénomène de transmission des germes d'un virus, provoquant les épidémies.

Un roman absolument passionnant, très instructif et magnifiquement écrit. Stupeur est aussi un très beau livre avec une couverture remarquable, très attrayante et des illustrations intérieures appuyant le caractère scientifique du récit.

A lire aussi, d'autres chroniques du roman Stupeur de Julie CHIBBARO :
- Stupeur sur le blog L'Ecosystème d'Anaiscience
- Stupeur sur le blog A fond la science.