Sonia Flis a douze ans en 1942. La France est occupée par l'armée nazie. Sonia, ses jeunes sœurs et leurs parents vivent à Combs-la-Ville, un village en région parisienne. Ils pourraient se croire à l'abri mais la menace est omniprésente. La famille Flis est juive et Sonia doit d'ailleurs se faire appeler Annie, même si cela reste difficile pour sa plus jeune sœur Françoise.
Sonia est une très bonne élève et ce qu'elle aime par dessus, c'est grimper aux arbres, faire du vélo, courir à travers la campagne. Tout le contraire de ce que sa mère Fanny voudrait. Déjà qu'elle est rousse, sa fille aînée lui donne bien du fil à retordre.
Citations "Sonia guette néanmoins avec curiosité le nouveau tricot promis. Fanny aura-t-elle enfin accédé à sa demande d'en avoir un noir ?
Elle ravale une grimace. Encore raté. L'ouvrage que Mme Flis déplie d'un geste précautionneux arbore une belle couleur pistache.
- Essaie-le, que je vois s'il te tombe bien. J'ai juste faufilé les manches...
Les vrais ennuis commencent. Sonia a en horreur les essayages, les vêtements, la coquetterie.
Bref, les trucs de fille." p. 31
L'avis d'Histoire d'en lire
Sonia Rykiel est le troisième titre de Sophie Guillou dans la collection Les Petites histoires de la mode, aux éditions Les Petites moustaches.
Pour l'écrire, elle s'est appuyée sur des ouvrages et témoignages cités en fin de livre, et sur les entretiens donnés par la créatrice de mode, tout au long de sa carrière.
Une fille pas comme les autres
S'il y a bien quelque chose qui caractérise Sonia Flis, c'est qu'elle n'est pas une fille comme les autres et surtout, comme le voudrait sa mère !
Déjà, elle est rousse et même sa mère en est attristée, alors que ses autres filles sont blondes. Et puis, Sonia a un caractère très affirmé et contestataire, surtout en ce début d'adolescence. La jeune fille est très souvent en conflit avec sa mère, ce que son père ne comprend pas non plus. Il est d'ailleurs systématiquement en soutien avec son épouse.
Sophie Guillou a vraiment pris soin de développer la personnalité de Sonia parce que c'est ce qui est déterminant pour la suite.
Le goût de la "démode"
Et puis, Sonia aime s'habiller comme elle l'entend et non comme sa mère le voudrait.
La jeune fille grandit auprès d'une maman qui tricote beaucoup. Elle est donc familière de cette matière, ce qui expliquera qu'elle l'utilisera beaucoup dans ses futures créations.
Mais ce qu'on découvre aussi, c'est que Sonia aimerait des vêtements de coloris sobres, le noir, le gris, et qu'elle veut être à l'aise. D'où sa colère lorsque sa mère jette son vieux pull gris auquel Sonia tient pourtant énormément ! Et ce n'est pas uniquement pour le pull en lui-même, elle explique toute la symbolique qu'il y a derrière.
Sonia Rykiel La partie fictive du livre nous fait découvrir Sonia sur une période finalement très ciblée (juillet 1942) et cette moitié de livre est en fait une amorce pour comprendre le personnage.
L'autrice aborde bien sûr le contexte de la Seconde Guerre mondiale. La famille Flis vit en région parisienne, occupée par les Allemands. Et elle est d'origine juive, ce qui signifie que la menace place sur elle.
Les deux parties suivantes, la biographie et l'abécédaire apportent des compléments très intéressants. La partie Sonia Rykiel, la flamboyante présente, en quatorze questions-réponses, celle qui va devenir l'une des grandes créatrices de mode de la seconde moitié du XXe siècle.
C'est l'occasion de revenir sur des points abordés dans le roman (l'histoire du pull, le vécu de la guerre, son caractère, son physique) et de développer comment Sonia Flis, devenue Rykiel en 1950 suite à son mariage, devient une créatrice, sa manière de travailler, son style, l'évolution de sa marque...
Enfin, l'illustratrice Alice Dufay s'est inspirée des photographies prises pendant des défilés Sonia Rykiel pour enrichir l'abécédaire des tenues et accessoires qu'elle a créés et qui ont fait sa renommée.