Directrice de l'Administration pénitentiaire puis, plus tard, Ministre de la Santé, Simone Veil est au plus près des femmes et notamment de celles qui souffrent en silence et en secret pour avorter. Elles sont environ 300 000 chaque année à avorter clandestinement à cause d'une loi qui interdit cet acte. En 1974, Simone Veil endure toutes les injures, toutes les haines à son égard, car la loi doit changer !
Citations "La discussion a ensuite glissé sur l'état de santé de Marie-France, qui se remettait difficilement de sa dernière opération aux poumons. Puis on s'est mis à parler d'enfants, de ceux qui étaient là et aussi de ceux dont on ne voulait pas, parce que trois, quatre, c'était déjà pas mal pour une femme, non ?
La contraception n'est pas autorisée et l'angoisse d'une grossesse est, pour certaines d'entre elles, permanente. Sandrine a déjà quatre enfants. Joëlle n'est pas mariée et ne peut pas se permettre d'arrêter de travailler. Elle ne veut pas non plus risquer le déshonneur. Simone comprend que la question de la contraception est cruciale. C'est une préoccupation constante pour toutes les femmes."
p. 21-22
L'avis d'Histoire d'en lire
La loi sur l'avortement est le grand combat de Simone Veil et le petit roman Simone Veil : non aux avortements clandestins lui rend un bel hommage.
Celle qui a dit non
Ce titre s'inscrit dans la collection "Ceux qui ont dit non" aux éditions Actes Sud Junior, une collection qui met en avant des personnages historiques ayant marqué leur époque par leur combat.
Pour Simone Veil, il s'agit de la loi sur l'avortement, qui porte d'ailleurs son nom et qui a été votée en 1974.
Passé un court premier chapitre consacré à la déportation de Simone en 1944, le récit commence véritablement en 1962, alors qu'elle dirige l'Administration pénitentiaire. En trois grands chapitres, Maria Poblete développe toute l'attention que Simone Veil porte au sujet de l'avortement, et plus largement de la contraception féminine. L'autrice ne manque jamais une occasion de rappeler que Simone a toujours eu une oreille attentive et que c'est ce qui n'a cessé de la motiver pour poursuivre son combat.
Maria Poblete cite des passages du discours de Simone Veil à l'Assemblée Nationale parce que seules ses propres paroles permettent de comprendre comment elle a réussi à convaincre suffisamment de députés pour que la loi soit votée.
Dans le même temps, le roman montre très clairement tout le déferlement de haine dont Simone Veil a été la cible. Certains passages sont très durs et sont révélateurs du climat de l'époque.
Chronologie de la contraception féminine
Outre le personnage historique qu'est Simone Veil et son combat gagné sur le droit à l'avortement, Simone Veil : non aux avortements clandestins traite d'un sujet de société.
En 1962, la contraception est interdite et pourtant, les femmes se posent toute la question, quelque soit leur âge, leur condition sociale, de l'envie ou non d'avoir un enfant.
En suivant le parcours de Simone Veil, on découvre la réalité de l'époque et l'évolution extrêmement lente des mentalités. Après mai 68, les femmes veulent pouvoir être maîtresses de leur corps, du choix d'avoir un enfant ou non. C'est un combat très long et Simone Veil est déterminante.
Alors qu'on pourrait penser que le vote de la loi en 1974 et son application à partir de 1975 allait totalement changer la donne, rien n'est acquis.
Cette loi permet aux femmes d'avorter dans de bonnes conditions mais elles continueront de se heurter aux médecins qui refusent de pratiquer cet acte. Cette réalité existe encore aujourd'hui.
Pire encore, alors que le dossier en fin de livre développe les combats et avancées menés par d'autres femmes dans le monde sur la contraception et l'avortement, aujourd'hui même, en 2022, des pays font marche arrière et supprime le droit à l'avortement !! L'exemple le plus criant étant aux Etats-Unis. Le dossier de fin est donc à tempérer, puisqu'il faudrait déjà le remettre à jour...
Ce petit roman est un très bon condensé sur le parcours d'une femme, Simone Veil ; celui d'un combat, le droit à l'avortement ; celui d'une réalité, un droit toujours menacé.