En janvier 1937, en Espagne, la guerre oppose les partisans du général Franco aux Républicains. Les franquistes ne cessent de gagner du terrain et poursuivent leur conquête du Pays basque. Origine de la petite ville de Vitoria, Maria quitte ses parents dans la douleur pour trouver refuge chez son oncle, sa tante et son cousin Tonio, à Guernica. Elle pense être hors de danger mais veut à tout prix retrouver les siens. Pourtant la guerre se rapproche là aussi. Le 26 avril 1937, l'aviation allemande bombarde la ville de Guernica. Maria et Tonio, deux des rares survivants, doivent fuir le pays.
L'avis d'Histoire d'en lire
Si le nom même de Guernica nous parle, c'est grâce à l’œuvre de Pablo Picasso, commandée par la République espagnole pour l'exposition internationale de Paris de 1937.
Le bombardement de Guernica survenu le 26 avril 1937 a aussi été l'objet de manipulations médiatiques. A travers ce roman, Sophie Doudet retrace cet événement marquant et tragique de la guerre civile espagnole débutée en 1936. Là, tout commence en janvier 1937 avec la menace franquiste qui a atteint le Pays Basque. Les parents de la jeune Maria font le terrible choix de confier leur fille à de la famille pour qu'elle échappe aux bombardements de Vitoria. Le début du roman est donc déjà empreint d'un contexte très lourd. Et puis, l'arrivée de Maria à Guernica tempère quelque peu les choses. Tout semble plus calme, hors de danger. Malgré la douleur, Maria doit s'adapter à son nouveau chez-soi, aux positions plus modérées de son oncle, de sa tante et de son cousin. Ce dernier lui est pourtant un appui important. Leur âge proche les amène à s'entendre, plus qu'on ne peut le penser.
Sophie Doudet alternance moments de tension et d'apaisement, en fonction des événements qui se déroulent. Puis vient l'inéluctable, le bombardement de Guernica. Mais ce roman n'est pas qu'une simple succession de faits. Les positions révolutionnaires de Maria et plus modérées de ses oncle, tante et cousin font partie d'une large réflexion autour de cette guerre civile, de l'opposition entre franquistes et républicains, de la non-intervention des pays voisins. Il est aussi question de la propagande menée par Franco, qui parvient à persuader les journalistes étrangers de l'incendie volontaire de Guernica par les républicains eux-mêmes ! Les survivants en fuite perdent leur nationalité, leur vie d'avant et doivent se battre pour faire rétablir la vérité.
C'est un roman poignant sur ce sujet trop peu évoqué en littérature ado. Un roman qui trouve un écho à notre actualité concernant la fuite d'un pays en guerre, la propagande étatique, les relais médiatiques.