En 1939, Hitler s'apprête à envahir la Pologne. Âgée de 16 ans, Rosa Schulz vit avec ses parents dans ce pays. C'est une famille juive qui craint beaucoup ce que s'apprête à faire Hitler contre la population juive polonaise. La famille décide donc de rejoindre Paris où se trouve l'oncle de Rosa. Malheureusement pour eux, le répit est de courte durée car l'armée allemande envahit aussi la France. Les parents de Rosa parviennent à faire partir leur fille en province pour échapper plus facilement à la menace nazie. Elle rejoint Montoire-sur-le-Loir et la famille de François, Jacqueline et leur fils Jean. Du même âge, Jean et Rosa s'attirent très vite.
Pendant ce temps, en 1940, Pétain a signé l'armistice avec l'Allemagne. La guerre est donc terminée en France mais les Nazis occupent une partie du territoire. Certains croient encore au charisme de Pétain, vainqueur de Verdun, pour soutenir la population même dans la défaite. Bien loin de là, un certain général de Gaulle appelle depuis Londres à poursuivre le combat.
Et puis, une fébrilité règne à Montoire. De hauts gradés nazis arrivent sur place, les habitants sont confinés chez eux, la gare où travaille François est en ébullition. Une rencontre historique va se dérouler.
L'avis d'Histoire d'en lire
Même si le titre n'évoque pas tout, la première de couverture vient bien l'expliquer et sans en savoir plus, on comprend tout de suite ce qu'est La Poignée de main de la honte.
Philippe Barbeau, grand spécialiste du roman historique jeunesse et Gérard Ferrand, enseignant retraité connaissant parfaitement l'histoire de Montoire-sur-le-Loir où il vit, abordent un événement de la Seconde Guerre mondiale, souvent méconnu des jeunes lecteurs : l'entrevue de Montoire du 24 octobre 1940 entre le maréchal Pétain et Hitler. Les auteurs ont donc construit leur scénario, imaginé leurs personnages principaux autour de cet événement, précédé d'une première rencontre entre Laval et Hitler, deux jours avant, toujours en gare de Montoire.
Il était bien sûr impossible de mentionner tout cela sans revenir sur le contexte général de l'époque. Et cela commence avec l'invasion des pays de l'Est comme la Pologne, le regroupement des Juifs dans des ghettos. Ceux qui le peuvent, fuient comme Rosa et ses parents. Mais la France a beau être réputée comme étant le pays des droits de l'homme, avec l'Occupation allemande, il n'en est plus rien. Il y a donc en permanence ce fil rouge autour du sort de Rosa, perpétuellement inquiète et apeurée par les Allemands qui rôdent partout. Les auteurs maintiennent un certain suspense sur ce point-là jusqu'à la toute dernière page.
Concernant l'entrevue de Montoire et les courtes rencontres précédentes, Philippe Barbeau et Gérard Ferrand apportent là beaucoup de détails sur tous les préparatifs tenus secrets pour la population. Même les cheminots ne sont au courant de rien ! Sécurité oblige... Les habitants sont confinés chez eux, l'électricité est coupée. On voit là toute la méfiance des Allemands. C'est François le cheminot et père de Jean qui nous sert de rapporteur, lui qui a pu voir ce qu'il s'était passé mais ne sait malgré tout pas ce qui a été dit entre Pétain et Hitler. Et là, les auteurs ont fait le choix de ne pas nous en dire plus.
Un thème original avec des personnages captivants, chacun dans leur rôle respectif. Un dossier documentaire présent en fin d'ouvrage reprend une chronologie de la Seconde Guerre mondiale et de l'Occupation en France, des explications sur la collaboration en France et sur le génocide.
Je vous invite à lire aussi la chronique du site Ricochet au sujet du roman La Poignée de main de la honte de Philippe BARBEAU et Gérard FERRAND.