Depuis leur prise du pouvoir à Kaboul, en Afghanistan, les Taliban interdisent aux femmes d’exercer leur métier et aux jeunes filles d’étudier. Ils les obligent à porter le voile intégral (le tchadri) et elles n'ont la possibilité de sortir que si elles sont escortées par un homme.
Parvana grandit auprès de parents qui ont eu la chance d'avoir accès à l'instruction. Un jour, le père de Parvana, écrivain et lecteur public, est arrêté. Âgée de 11 ans, Parvana est la seule de la famille à pouvoir travailler pour acheter de quoi manger. Elle coupe ses longs cheveux et se déguise en garçon. Connaissant bien le travail de son père, elle s'installe comme lui au marché comme écrivain public.
L'avis d'Histoire d'en lire
Parvana, une enfance en Afghanistan a marqué l'édition jeunesse depuis sa première publication en 2001. Deborah Ellis a visité un camp de réfugiés afghans au Pakistan à la fin des années 1990. Profondément touchée par les conditions de vie de ces réfugiés et plus particulièrement des femmes et des filles, elle veut témoigner à travers des livres pour les enfants et écrit le premier titre d'une tétralogie, Parvana, une enfance en Afghanistan, suivi de Le Voyage de Parvana (2002), On se reverra, Parvana (2006) et Je m'appelle Parvana (2014).
Pour mieux embrasser le contexte politique et social de l'Afghanistan, Deborah Ellis a préféré un narrateur omniscient, même s'il suit principalement Parvana. Le fil rouge de ce roman est de mettre en évidence les conditions de vie déplorables des femmes et filles afghanes. Tout leur est pratiquement interdit à cause de la loi islamique, la charia, imposée par les taliban. Comme le font bien d'autres familles, Parvana doit se déguiser en garçon pour permettre aux siens de survivre, en l'absence du père. Chaque jour est un combat et Parvana fait preuve d'un grand courage parce qu'elle prend des risques si elle venait à être reconnue. Et tout en suivant le quotidien de cette famille, nous comprenons l'ampleur de la mainmise des taliban sur le quotidien des Afghans. Il y a bien sûr toutes les répressions faites aux femmes, mais aussi à l'encontre de ceux qui sont instruits (comme le père de Parvana), ceux qui sont arrêtés pour vol (le passage dans le stade de Kaboul est extrêmement difficile et violent). Les taliban contrôlent absolument tout.
En cela, c'est un livre unique pour savoir ce qu'il s'est passé dans cette partie du monde jusqu'à la chute du pouvoir taliban en 2001. Très touchée par ce récit, Angelina Jolie a coproduit une adaptation de ce livre, récompensée par le prix spécial du jury du Festival d'Annecy 2018.