Âgé de 80 ans et vivant dans la région lyonnaise, Séraphin, retraité du génie, est contacté par les filles jumelles de son ami connu pendant quatre mois seulement en 1943. Le défunt Gérard a souhaité que Séraphin vienne personnellement s'occuper de son immense collection d'objets et documents relatifs à la Seconde Guerre mondiale. Le travail qui attend l'octogénaire est considérable pour recenser tout cela et en permettre ensuite la vente à des collectionneurs. Il accepte malgré tout et s'installe au domicile de son ami disparu. En se servant du sucre, il découvre alors que chaque emballage contient un mot ou un numéro. Qu'est-ce que cela peut bien signifier ? Et il extrait également, caché sous des poêles, un livre intitulé Nummer mais dont l'écriture est incompréhensible. Aidé de ses deux jeunes voisins, Pauline et Gabriel, et de son fils journaliste, Séraphin tente de percer le mystère qui entoure ce livre.
Et cela l'amène à se replonger en pleine Seconde Guerre mondiale. Toni, un jeune autrichien, a pris un train depuis Salzburg pour rejoindre ensuite l'Angleterre. Comme lui, des centaines d'autres enfants juifs ont quitté l'Allemagne, l'Autriche, seuls sans leurs parents, pour échapper à la doctrine nazie. Le 1er septembre 1939, Toni choisit pourtant de fuir ce train et parvient à pied, muni d'une simple valise, à passer la frontière alsacienne. Sur les conseils d'un tirailleur sénégalais, il rejoint la ferme d'Auguste et de sa fille Cathel, dans le village d'Algolsheim. Tout deux recueillent l'adolescent et le journaliste qui est avec lui. Mais l'ordre d'évacuation a été donné. Le groupe doit rapidement partir en direction du Limousin. Pourtant, la présence de soldats allemands puis anglais laisse penser que Toni est activement recherché.
L'avis d'Histoire d'en lire
Nummer est un roman qui met en parallèle deux époques : le présent avec le mystère autour du livre Nummer que doit résoudre Séraphin, rescapé du camp de Buchenwald, et l'Histoire avec le récit ancré au début de la Seconde Guerre mondiale. Les chapitres alternent l'une et l'autre époque, se répondant systématiquement ; le suspense plane ainsi jusqu'à la fin du roman, en tenant fermement le lecteur en haleine. Journaliste, monteur pour la télévision, Frédéric Staniland maîtrise à la perfection le découpage du livre.
Car c'est bien une enquête historique qui nous attend. Séraphin comptait bien poursuivre paisiblement sa retraite mais son ancien ami lui a laissé un grand mystère à résoudre. En partant de là, Frédéric Staniland remonte au tout début de la Seconde Guerre mondiale et place l'intrigue en Alsace, territoire déchiré depuis des décennies entre la France et l'Allemagne. Avec l'histoire de Toni, il aborde aussi le thème des Kindertransport, cette aide précieuse qui a permis de sauver des milliers d'enfants juifs, tout en les séparant de leurs familles, pour la plupart tuées par la suite par la barbarie nazie.
Les personnages sont tout de suite attachants qu'il s'agisse du présent ou du passé. Le rythme de l'intrigue est rapide, captivant complètement le lecteur de bout en bout. L'auteur se permet même de régulières notes d'humour avec Séraphin et la petite Pauline, toute innocente du haut de ses sept ans.
L'auteur clôt son livre par quelques pages d'informations supplémentaires sur les thèmes abordés.
Un roman coup de cœur, magistral, à conseiller aux ados et aux adultes qui sauront l'apprécier à sa juste valeur !