Le 28 juillet 1914, Alfie Summerfield fête ses 5 ans. Mais le même jour, la guerre éclate. En Angleterre, seuls les volontaires se préparent à partir sur le front. Margie, la maman d'Alfie, fait promettre à son mari, Georgie, de ne pas s'engager. Il promet et rompt son serment dès le lendemain.
La plupart des soldats pensent que la guerre sera courte, qu'ils seront de retour pour Noël. Mais Noël de quelle année ? Georgie Summerfield ne donne plus de nouvelles au bout de quelques mois. Est-il mort ? Margie soutient à son fils qu'il est en mission secrète pour le gouvernement. Avec les années qui passent, Alfie est de plus en plus persuadé que sa maman ne lui dit pas la vérité. Du haut de ses 9 ans, il entreprend lui-même des recherches pour retrouver son père.
CitationsLes combats avaient commencé le 28 juillet 1914. Certains pourraient ne pas se rappeler cette date avec autant de précision, mais Elfie, lui, ne l'oublierait jamais. C'était le jour de son anniversaire.
L'avis d'Histoire d'en lire
Je connaissais déjà le talent de John Boyne pour avoir lu son précédent roman historique jeunesse Le garçon en pyjama rayé. Et je retrouve avec plaisir sa magnifique plume dans ce roman abordant cette fois-ci la Première Guerre mondiale.
Dans Mon père est parti à la guerre, il n'est pas question de décrire, raconter les combats sur le front, dans les tranchées. Les morts se comptent par millions, quelque soit le camp. Non dans ce livre, John Boyne s'intéresse de près à ceux qui ont survécu à la guerre. Ceux qui ne sont pas morts sur le champ de bataille mais restent prisonniers de leur corps, de leur tête à jamais : les victimes de psychose traumatique.
Et pour un roman destiné à la jeunesse, le personnage principal est bien sûr un enfant : Alfie Summerfield âgé de 5 ans au début de la guerre, il en a 9 quand il retrouve enfin son père. Un enfant qui, comme des milliers d'autres, a grandi bien trop vite pour son âge. Du jour au lendemain, il n'a plus l'amour, l'autorité, le soutien de son père, parti sur le front. Et il subit la protection de sa maman qui préfère lui faire croire que son père est en mission spéciale, plutôt que lui avouer la vérité. Mais cette vérité est tellement difficile à dire, on ne peut que comprendre aussi le choix de la maman...
Alfie se montre pourtant être un petit garçon tout de suite attachant, très courageux et intelligent, qui, d'une, n'hésite pas à aider sa maman pour gagner un peu d'argent ; de deux, part à la recherche de son papa avec pour seul indice, une adresse.
John Boyne aborde avec beaucoup de justesse et de douleur le thème des soldats gravement traumatisés par la guerre. Et les relations avec la famille, pour ceux qui ont la chance de retrouver les leurs et de les reconnaître. Des soldats qui restent aussi des oubliés des gouvernements, car ils n'ont pas eu "la gloire" de mourir au combat. Ils ne sont plus que des fous, même pas des êtres humains. D'autres hommes comme Joe Patience, l'un des voisins d'Alfie, sont de même déconsidérés. Objecteur de conscience, Joe refuse de partir à la guerre car il ne veut pas tuer un autre homme, quelque soit sa nationalité. Les gens comme lui ont tout simplement été traités de lâches... Enfin, il y a ceux d'origine étrangère comme Monsieur Janecek et sa fille, pourtant bien intégrés, qui sont arrêtés et déportés sur l'île de Man, parce que considérés comme des traitres.
La guerre, outre les combats dans les tranchées, c'est aussi une réorganisation complète de la vie à l'arrière. Les femmes doivent désormais travailler, la maman d'Alfie en est l'exemple même. Elle enchaîne travail à l'hôpital, ménage. Et malgré cela, les temps sont durs pour s'approvisionner, le manque d'alimentation est criant.
Un roman initiatique terriblement poignant dans la veine de ce qu'aime écrire John Boyne. Il raconte des vérités, des événements trop longtemps tus et qui surgissent maintenant cent ans plus tard. Encore une pure réussite !