Jusqu'en 1600, ce n'était qu'un grand marécage où vivaient quelques vaches, des hérons, des campagnols.
Mais ensuite, des hommes et des femmes ont commencé à creuser cet espace pour former un long fossé. Dès 1635, un tailleur de pierre fit construire une belle et solide maison au bord du canal.
Au fil des décennies, cette maison et son annexe ont accueilli de nombreuses familles. En 1942, c'est la famille Frank qui trouva refuge dans l'annexe. Jusqu'à ce que des soldats les découvrent et les arrêtent en 1944.
Après ce drame, la maison d'abord abandonnée, a repris vie grâce à la commune et est devenue un lieu de mémoire.
Citations "Quelques temps plus tard, un homme de grande taille en costume élégant installa son entreprise dans la maison. Il faisait commerce d'épices. En bas, dans l'entrepôt, les herbes étaient assemblées et emballées ; dans les bureaux du haut, on écrivait des lettres, on tenait les comptes. L'air de la maison était embaumé d'arômes de pays lointains.
Certains jours, l'homme de grande taille recevait la visite d'une jeune fille avec un grand sourire : ses yeux brillaient et elle portait dans son sac un stylo avec un cahier.
C'était sa fille."
L'avis d'Histoire d'en lire
L'histoire d'Anne Frank est mondialement connue. Mais elle continue d'inspirer les auteurs et autrices pour la transmettre aux enfants, dépositaires de cette mémoire.
L'écrivain Thomas Harding et l'illustratrice Britta Teckentrup ont choisi d'adopter un point de vue original pour transmettre cette histoire à leur tour.
Une frise chronologique Thomas Harding a choisi de centrer le récit sur le lieu qui a accueilli, entre 1942 et 1944, la famille Frank.
Et il remonte donc aux origines de cette maison, avant même qu'elle ne soit construite et déroule cette histoire jusqu'à aujourd'hui, alors qu'elle est devenue un lieu de mémoire.
Par double pages, à la manière d'une fresque, l'auteur et l'illustratrice nous montre toutes les étapes de la construction de la maison, les familles qui y ont vécu, les temps où elle fut à l'abandon, où elle accueillit de riches personnes ou d'autres plus modestes.
Une double page en fin de livre apporte des éléments historiques complémentaires sur chaque époque décrite.
Les années défilent vite entre 1580 et 1940, soit à peu près la moitié de l'album.
Et puis, Thomas Harding va rester plus longtemps sur la période 1940-1945.
La cachette de la famille Frank
Jusqu'en 1940, la maison fut bien occupée. Mais cette année marque une rupture et Britta Teckentrup traduit ce moment par l'utilisation de couleurs plus sombres. On entre dans la période de la Seconde Guerre mondiale.
Otto Frank a ouvert une entreprise de commerce d'épices dans cette maison implantée au bord du canal à Amsterdam. Mais dès 1942, toute sa famille trouve refuge dans l'annexe, située à l'étage de la maison. Une autre famille les rejoindra.
Les illustrations sont désormais séquencées, de manière à montrer sur une même page, plusieurs éléments importants de ce qui se déroule. Le texte occupe, lui aussi, davantage de place, il détaille les conditions de vie dans cette cachette, si petite pour la jeune Anne Frank, sa sœur ainée Margot, leurs parents et quatre autres personnes.
Le journal d'Anne Frank Dans ces pages, l'auteur met doucement l'accent sur Anne. Elle est montrée régulièrement, elle ressort davantage dans les illustrations et il est mentionné une fois qu'elle écrit ce qu'elle pense et ressent.
Ce n'est qu'après le moment de l'arrestation que Thomas Harding va revenir sur ces écrits qui ont été retrouvés, puis confiés à Otto, seul rescapé de l'arrestation.
Un album magnifiquement construit, original dans sa manière de rendre hommage à Anne Frank et sa famille.
L'approche par l'histoire de ce lieu est un lien fort entre passé et présent. Ce livre a d'ailleurs reçu le soutien de la Maison d'Anne Frank.