Louise Kervella a dix-huit ans en 1920. Elle vit avec sa mère Augustine et son grand-père Émilien à la ferme du Coat Bihan, en Bretagne. La vie a dû reprendre tristement son cours après la mort de son père et de ses frères, tout trois tués au combat pendant la Grande Guerre. Louise, comme de nombreuses femmes, porte le deuil, même lors de la noce de sa cousine.
Pourtant, la jeune fille ne veut pas se conformer aux autres. Alors quel choc quand elle apprend que sa mère veut la marier ! Elle refuse catégoriquement. Elle n'a que faire de respecter l'ordre des choses. Louise veut décider de sa vie et de son corps. Et puis, pourquoi, lors de la noce de sa cousine, des garçons de sa connaissance l'ont traitée de "bâtarde" ?
C'est en s'enfuyant que Louise croise la route de Constance, une jeune femme très libre, originaire de Paris et avec qui elle se lie d'amitié. Peu de temps après, Louise rencontre également Rose, la nouvelle institutrice de l'école communale. Engagée, cette dernière aura fort à faire pour se faire accepter dans un milieu encore très masculin.
Grâce à ces deux amitiés, Louise fait souffler le vent de la liberté. Que cela plaise ou non à sa famille !
Citations "- Je ne me marierai pas. Jamais ! Je ne veux pas connaître la vie de ces femmes. Je ne veux pas afficher le visage accablé de Marie le jour de mes noces. Je ne veux pas disparaître dans ce flot de misère ! Je-ne-veux-pas !
J'ai crié et cela m'a soulagée. Je me remets en marche lentement. Ma décision est prise, il faut maintenant affronter Augustine. Ma mère a tellement besoin de la présence d'Eugène ; Eugène ou n'importe quel autre homme, du moment qu'il est costaud, travailleur, vit et aide à la ferme. Je me demande si elle a épousé mon père par amour. Je n'ai jamais pensé à l'union de mes parents. Ce soir, ça me paraît évidemment : Yvon et Augustine, comme Marie et Roland Carval, se sont épousés par convention. Alors on se marie comme on mange ou comme on boit ? Comme on apprend à respecter Dieu et ses parents ? On se marie par nécessité et par devoir ? Cette révélation me conforte dans ma décision : je ne veux pas de cette destinée." p. 26-27
L'avis d'Histoire d'en lire
La Grande Guerre a profondément bouleversé la société française, et notamment la place des femmes pendant que les hommes étaient sur le front. Alors que la vie a repris globalement son cours après le retour de ceux qui ont survécu, il n'en a pas toujours été de même partout. C'est sur ce contexte que s'appuie Catherine Ganz-Muller pour tisser l'histoire de la jeune Louise Kervella.
Un contexte d'après guerre
Le récit de Louise. Le vent de la liberté se déroule seulement deux ans après la fin de la Grande Guerre. Chaque famille pleure ses morts et affiche le deuil. Il arrive aussi qu'on parle aux absents. Tout au long du roman, Catherine Ganz-Muller rappelle la douloureuse réalité de la guerre, les maris, les fils, les pères morts sur le front, les survivants mais qui sont souvent revenus gravement blessés, voire même handicapés (les gueules cassées, par exemple).
Il faudrait pouvoir aller de l'avant mais la douleur est encore bien présente.
Et puis, pendant ces années de guerre, il a bien fallu remplacer ces hommes partis sur le front. Les femmes s'occupaient de leur foyer tout en remplaçant les hommes aux champs ou dans leur métier. Et de nouvelles habitudes se sont mises en place. Après la guerre, les femmes ont voulu conserver cette autonomie et ces responsabilités nouvellement acquises.
Un roman féministe Plus qu'un roman historique, Louise. Le vent de la liberté est un roman féministe.
La jeune Louise a grandi au sein d'une famille traditionnelle bretonne, une famille très modeste qui doit travailler dur pour s'en sortir. Rien ne la prédestinait à vouloir rompre l'ordre des choses, c'est-à-dire refuser le mariage et avoir des enfants. Louise veut reprendre ses études, avoir un métier et mener sa vie comme elle l'entend.
Elle est une jeune fille très intelligente et observatrice. Et grâce à deux précieuses rencontres (Constance et Rose), elle va pouvoir davantage affirmer sa position, face à une mère qui reste figée dans ses principes, mais un grand-père à l'écoute et d'un soutien précieux.
Les personnages sont magnifiquement travaillés et donnent beaucoup de substance au récit. Il y a de fortes personnalités, tant d'un côté que de l'autre, et d'autres personnages secondaires comme le grand-père qui tente d'être un intermédiaire entre les deux parties. Et Louise a cette intelligence que, même en colère contre sa mère butée, elle comprend les réactions de cette dernière.
Écrit sous la forme d'un roman choral, le récit alterne les discours de Louise (écrit à la première personne), celui de Constance (écrit à la troisième personne) et le journal de Rose (écrit donc à la première personne).
Louise. Le vent de la liberté est révélateur du changement qui s'opère petit à petit dans la société française en ce qui concerne les femmes. Constance est une femme émancipée, quand Rose emprunte elle aussi une voie qui lui permet de s'affirmer individuellement.
Louise a des pensées qui nous sont contemporaines et qui nous fait presque sourire en les lisant. Mais à son époque, c'est un bouleversement qui va demander du temps à se mettre en place, notamment au sein des familles les plus modestes. L'émancipation des femmes est en marche en ces années d'après-guerre.
Une quête des origines Roman historique, roman féministe, Louise. Le vent de la liberté est aussi le récit d'une quête identitaire.
Louise est une jeune femme déterminée, qui affiche une belle confiance en elle. Pourtant, cette confiance va quelque peu vaciller. La raison : des garçons l'ont traitée de bâtarde ! Elle entend aussi, parfois, sa mère prononcer des mots qui la questionnent. Louise veut savoir ! Elle veut comprendre ! Surtout que dès qu'elle pose la question, personne ne veut lui répondre et pourtant, chacun a l'air de savoir.
Un second fil rouge qu'on suit de bout en bout.
Louise. Le vent de la liberté est un roman complet, superbement écrit. Une jeune héroïne vibrante et à la détermination communicative.