Victor Steiner est un célèbre dramaturge juif français. Pour échapper aux rafles de juifs, il se cache à Paris dans une chambre de bonne, jusqu'au jour où il est arrêté par des soldats allemands alors qu'il tente de regagner discrètement son domicile. Le 1er janvier 1944, il embarque avec des centaines d'autres Juifs dans un wagon à bestiaux en direction de la Tchécoslovaquie. Victor Steiner arrive à Terezin, qui ressemble à s'y méprendre à une petite ville. Mais c'est bien d'un camp de concentration dont il s'agit. Or, peu de temps après son arrivé, Victor Steiner rencontre Waltz, un officier SS fan de ses pièces de théâtre. Et ce dernier ne demande pas moins à Victor que d'écrire et monter une pièce pour la jouer lors d'une visite de contrôle de la Croix-Rouge. D'abord réticent d'écrire sur commande et d'autant plus pour des nazis, Victor Steiner finit par accepter. Pendant ce temps, il bénéficie d'un traitement de faveur et participe au plan d'évasion monté par la Résistance interne au camp.
L'avis d'Histoire d'en lire
Suite au succès de son précédent roman Swing à Berlin et à la demande de jeunes lecteurs rencontrés, Christophe Lambert a rebondi sur le thème qu'il avait exploré. Après la musique jazz reprise à des fins de propagande, il s'intéresse au théâtre utilisé comme façade, vitrine d'une belle vie dans un camp de concentration nazi en vue de la visite d'une délégation de la Croix Rouge le 23 juin 1944.
Victor Steiner, personnage principal et fictif est d'abord réticent à écrire et monter une pièce pour les Nazis. En tant qu'artiste, il n'écrit pas sur commande et encore moins pour ceux qui l'ont fait prisonnier. Toute la trame du livre tourne autour de cette question essentielle "la contrainte est-elle l'ennemie de l'artiste ?". Une question digne d'un sujet de philosophie au bac ! Déroulant ainsi le vécu de Victor et des autres prisonniers au sein de ce camp, Christophe Lambert invite le lecteur à réfléchir à cette situation. Et pour corser un peu la décision à prendre, un projet d'évasion préparé par la Résistance du camp s'appuie sur la mise en scène de cette pièce. Si Victor accepte de l'écrire, il peut contribuer à l'évasion de plus d'une dizaine de prisonniers ! Un choix terriblement cornélien...
S'appuyant sur une documentation pointue, Christophe Lambert retrace fidèlement ce qu'il s'est passé au camp de Terezin, même s'il y ajoute bien sûr une part fictive pour le bon déroulement de son récit. En fin de livre, il précise lui-même les points réels et les détails fictifs pour que le lecteur puisse se faire une meilleure idée de l'histoire de ce lieu.
Certaines scènes sont dures mais ce sont souvent les passages qui éludent les faits les plus violents qui nous percutent le plus.
Entre les horreurs perpétrées par les Nazis et la création même d'une œuvre de théâtre, ce sont surtout les notions de solidarité, d'amitié et de liberté qui ressortent de ce récit. Le final avec la représentation à Prague est prenant, fait de plusieurs rebondissements d'importance. La fin est ouverte, peut-être pour un autre roman sur la Seconde Guerre mondiale ?
Enfin, Christophe Lambert a écrit en intégralité la pièce de théâtre imaginée par Victor Steiner, Le défi de Molière. Magnifique double performance pour le roman et l'imagination de cette pièce !