Là où tombent les anges

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Résumé

A l'été 1912, Solange, 17 ans, quitte un père violent pour se rendre à Paris et y retrouver sa meilleure amie, Lili, qui chante et danse dans des cabarets. Les jeunes femmes et une autre amie Clémence se rendent régulièrement dans des bals. C'est là que Solange fait la connaissance de Robert Maximilien, un banquier. L'homme la courtise et lui demande de l'épouser. Bien qu'hésitante, Solange accepte. Mais elle se rend compte ensuite que cet homme est possessif, jaloux et tyrannique. Dans leur foyer, Solange doit être une femme soumise et s'occuper d'Emma, la tante de Robert. Lorsqu'il est mobilisé en 1914 pour partir sur le front, Solange est soulagée. Mais même depuis les tranchées, il ne cesse de railler sa femme qui profite du bien-être à l'arrière, de sorties alors que lui et ses camarades triment et risquent la mort à tout instant.

L'avis d'Histoire d'en lire

Charlotte Bousquet est une autrice engagée. Avec Là où tombent les anges, elle réussit le tour de force d'aborder la Première Guerre mondiale, du point de vue de l'arrière et en s'intéressant plus particulièrement à la situation des femmes. Un roman qui s'adresse à un public de grands adolescents, ce qui est rare en littérature jeunesse.

Le récit commence en 1912, nous faisons la connaissance de la jeune Solange. A 17 ans, elle fait le choix difficile de quitter son père violent pour s'établir dans la capitale. Sauf qu'être une petite provinciale est compliqué lorsqu'on n'a pas d'appui. En acceptant de se marier sans aimer pourtant ce Robert Maximilien, elle reconnaît la dette qu'elle a envers lui de l'avoir introduit dans le monde parisien et d'avoir noué des relations dans la bourgeoisie. Mais Solange est une jeune femme soumise, qui endure quotidiennement la tyrannie de son mari.
Il faudra attendre la guerre et le départ de Robert pour le front pour que la chrysalide de Solange s'ouvre petit à petit. Grâce à ses amies, elle parvient à acquérir plus de liberté et à imposer son point de vue. Même si elle subit encore les assauts répétés et violents de Robert dès qu'il a une permission.

Découpé en quatre grandes parties, ce roman est conséquent (presque 400 pages) et dense. Certains passages semblent même longs mais c'est un choix de Charlotte Bousquet et cette écriture de la lenteur permet de développer la psychologie des personnages qui est fondamentale.

Les chapitres alternent narration à la troisième personne, correspondances, carnet de Solange, extraits de journaux. A partir du début de la guerre, l'enchaînement de tous ces éléments fait sens. Même si Solange reste celle qu'on suit le plus, il nous est offert de nous intéresser aussi aux autres personnages féminins, Lili, Clémence, tante Emma, Blanche, Olga, Henriette, toutes issues de milieux différents. Ce roman met l'accent sur le rôle des femmes dans la société de ce début de XXe siècle et l'évolution de leur statut alors que les hommes combattent sur le front. Il y a encore beaucoup à faire car de grandes inégalités subsistent et le milieu masculin n'est pas encore prêt à admettre que les femmes ont leur place au travail, par exemple. C'est un combat long et dangereux qui s'engage mais ô combien nécessaire.
Et Solange a un autre travail à mener sur elle, elle qui craint que plus jamais son mari mais qui pense lui devoir toujours sa position confortable, sa sécurité alors qu'il ne cesse de s'acharner sur elle. Les progrès se font très lentement mais ils se font et Solange se transforme progressivement.

Et puis, c'est la guerre, une guerre qui tue par milliers les soldats sur le front. Nous restons continuellement à l'arrière mais les lettres de Robert, de Pierre sont autant de témoignages des horreurs qu'ils vivent, alors qu'à l'inverse, les journaux se montrent rassurants. Charlotte Bousquet a réussi dresser un panorama très complet de la Première Guerre mondiale, qu'il s'agisse du front, du quotidien à l'arrière, de la mort omniprésente, du problème de ravitaillement, du soin aux blessés, des cabarets pour les poilus, des marraines de guerre, du travail en usine des femmes pour la fabrication d'obus et munitions. Le récit se poursuit jusqu'en 1920 et le début des années folles. C'est un travail extrêmement riche et très bien documenté.

Là où tombent les anges est un roman fort et engagé sur le féminisme, à replacer dans le contexte de la Grande Guerre. Un roman bourré de références artistiques et littéraires du Paris du début du XXe siècle. Un roman très complet tout simplement.

Première édition : 2015

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- Là où tombent les anges sur le blog Margot Liseuse
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