Octobre 1914. Le jeune Noël Botillon est sur le front comme tant d'autres camarades. Avant de partir, sa fiancée Églantine lui a cousu sur le col de son uniforme une médaille en or sur laquelle sont gravées les lettres N et E, entrelacées. Bien que ce détail soit contraire au règlement militaire, Noël Botillon entend bien conserver précieusement ce qu'il estime être son porte-bonheur. En décembre, il reçoit une lettre de sa fiancée qui lui annonce que leur bébé naîtra dans les prochains mois. Parmi toutes les horreurs du quotidien sur le front, voilà la lueur d'espoir, la petite étincelle qui va lui permettre de s'en sortir mais à quel prix...
Cent ans plus tard, toute la famille de Grand-Mamie est réunie chez elle pour fêter son anniversaire. La vieille dame n'est autre qu'Avril, la fille du soldat Noël Botillon, porté disparu pendant la Grande Guerre. Présents à cette grande fête, les arrières-petits-enfants adorent jouer à la guerre dans le jardin, jusqu'à combattre ouvertement les voisins.
L'avis d'Histoire d'en lire
Le jour où on a retrouvé le soldat Botillon est un récit en deux temps, construit avec une alternance des discours à la première personne du soldat Botillon et de l'arrière-petit-fils. Le procédé est intéressant, puisqu'il nous invite à comparer la guerre telle qu'elle a existé en 1914-1918 et telle que l'a vécue Noël Botillon, à celle à laquelle jouent les enfants dans un jardin au XXIe siècle. Deux mondes qui s'opposent totalement et dont le témoin est Avril, la petite fille devenue Grand-Mamie qui fête ses 100 ans. Pourtant, ce n'est qu'à partir de la moitié du livre que j'ai pleinement apprécié cette alternance de discours et senti l'objectif de l'auteur. On entre dans le roman par une description forcément horrible de la guerre débutée en août 1914. Résigné sans être pour autant pacifiste, Noël Botillon explique clairement les réalités du front, les morts par milliers, la survie dans les tranchées et sous les obus. Alors passer ensuite à l'arrière-petit-fils et son récit d'adolescent parfois méchant, surprend ! Lui et sa sœur jumelle ne pensent qu'à se bagarrer ouvertement avec les voisins, les Bomgart, à cause d'une querelle qui se transmettrait de génération en génération. Évidemment, ces jeunes de notre XXIe siècle n'ont pas conscience, pas connaissance de ce qu'a pu être une guerre dévastatrice, destructrice comme celle de 1914-1918. Toute leur ignorance saute aux yeux du lecteurs.
Pourtant, petit à petit, ce jeune descendant de Grand-Mamie va écouter son aïeule, malgré lui au début, et va découvrir un secret qu'elle tenait caché depuis si longtemps. Tout le lien se tisse ainsi avec le soldat Botillon. La transmission entre les générations se fait.
Noël Botillon échappe à la mort par miracle mais il préfère cacher à sa famille qu'il a survécu, parce qu'il fait partie de ceux qu'on a surnommé les "gueules cassées". Des soldats qui sont défigurés à jamais, ressemblent à des monstres. En plus des dommages physiques, les conséquences psychologiques sont énormes pour ces hommes condamnés à vivre reclus.
Un roman court mais intense avec une fin dramatique. Et une écriture magnifique, très soignée d'Hervé Giraud, que je découvre avec ce texte.
Note : Le Jour où on a retrouvé le soldat Botillon a été sélectionné par le Ministère de l’Éducation nationale dans la catégorie spéciale Première Guerre mondiale.