Rachel est juive, bien que peu pratiquante. Face à l'amplification des mesures antisémites, ses parents l'ont confiée à la Maison de Sèvres, une école parisienne. Depuis, elle est sans nouvelle d'eux. Bien d'autres enfants juifs ont trouvé refuge ici. Grâce aux adultes de cette maison, Rachel s'est prise de passion pour la photographie. Chaque jour, elle fixe sur la pellicule des portraits, des situations pour rendre compte. Mais la guerre n'est jamais loin. Un jour, les enfants juifs de l'établissement sont contraints de partir. Ils doivent tous changer d'identité. Rachel, devenue Catherine Colin, prend avec elle l'appareil photo. Grâce à un réseau de résistance, elle passe d'un lieu à un autre et pense à tout instant à saisir des instants clés de cette guerre.
L'avis d'Histoire d'en lire
Le roman de Julia Billet, La Guerre de Catherine, est paru en 2012. Sur les conseils de son éditrice, Julia Billet accepte de l'adapter en bande-dessinée et rencontre pour cela Claire Fauvel. L'entente est immédiate et le résultat est exceptionnel.
Accessible dès 10 ans, cette bande-dessinée sur la Seconde Guerre mondiale offre un univers totalement à l'inverse de la noirceur de cette époque. Le fond blanc des pages, les cases aérées, les dessins arrondis et la guerre qu'on devine à peine, donnent de la luminosité à ce récit. Rachel, la narratrice et photographe, entend plutôt montrer le côté humain de ces années pourtant si difficiles, notamment pour la population juive. Elle est courageuse, combative, généreuse et se trouve être un appui essentiel pour des enfants plus jeunes, en fuite eux aussi. Mais même si ce récit est essentiellement centré sur la jeune fille, il n'en reste pas moins un bel hommage aux résistants, simples habitants ou véritable réseau, qui ont caché des Juifs, les ont aidé à aller en zone libre, parfois au péril de leur vie. Et tout ceci est amené sans aucune brutalité, non pas pour taire la guerre mais pour la montrer telle qu'a pu la voir et la vivre une jeune fille.
Une double page sur la Maison de Sèvres clôt l'album, avec des photos d'archives, pour se souvenir de celles et ceux qui aidé ces enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Une bande-dessinée magnifique, très touchante et qui a, à juste titre, été primée par le Fauve Jeunesse du Festival de la BD d'Angoulême 2018.