Le Garçon qui courait

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Résumé

Kee-chung a sept ans, en 1919. Il vit à Sinuiju, un petit village de Corée. C'est à cette époque que son grand-frère Hyo-dong, douze ans, décide de se rebeller contre les occupants japonais. En fuyant devant les Japonais, Kee-chung se découvre un vrai talent pour la course.
Alors que son frère est emprisonné dans un camp, le garçon développe un peu plus chaque jour ses capacités. Grâce à son professeur, Lee Sun-il, il apprend ce qu'est un marathon. C'est décidé, il veut concourir. Kee-chung est d'ailleurs repéré par les autorités japonaises. À leurs yeux, la Corée n'existe plus. C'est donc sous les couleurs japonaises que le jeune homme, rebaptisé Kitei Son, participe aux Jeux olympiques de Berlin, en août 1936.
Une situation difficile pour le coureur qui veut avoir cette opportunité de concourir, tout en portant dans son cœur, son pays, la Corée.

Citations
"- Tu as réalisé un temps remarquable. Tu pourrais devenir un grand champion, commença-t-il prudemment.
Des paroles qui n'engageaient à rien et auxquelles Kee-chung ne répondit pas. Il se méfiait. Comment ce Japonais avait-il retrouvé sa trace ? Était-il déjà surveillé ?
Puis le discours se précisa...
- Au Japon, nous avons une université où les étudiants emploient l'essentiel de leur temps à se consacrer à la discipline dans laquelle ils excellent.
La méfiance du jeune Coréen redoubla. Il n'ignorait rien du sort réservé à ses compatriotes envoyés sur la grande île du Nord.
- Tu n'as pas l'air de me croire ?... Tu seras très bien traité. Bien nourri. Tu disposeras des méthodes les plus performantes pour progresser, des meilleurs entraîneurs. Nous avons de très hautes ambitions, tu sais. Tu n'auras plus à te soucier de rien, sinon de courir, le plus vite et le plus longtemps possible : il ne faudra plus penser à rien d'autre.
Tout ce dont il avait rêvé, l'ennemi le lui proposait. Parce qu'il savait courir, il n'était plus un Coréen comme les autres, et les bourreaux étaient prêts à lui offrir ce qu'il voulait. Au lieu d'être maltraité, il serait courtisé. Au lieu de devoir travailler pour eux, on travaillerait pour lui. Comme la vie était étrange, décidément. " p. 98-99

L'avis d'Histoire d'en lire

Le Garçon qui courait est le seul roman jeunesse du journaliste, écrivain et critique de cinéma, François-Guillaume Lorrain.
Quinze ans après la mort de Kee-chung, premier médaillé d'or coréen en marathon, l'auteur retrace l'histoire vraie de ce destin émouvant. Un roman publié en 2017, aux éditions Sarbacane.

Une biographie romancée
Le Garçon qui courait est la biographie romancée du marathonien coréen Kee-chung.
Écrite en trois parties, elle retrace toute la vie de Kee-chung de son enfance (il a sept ans au début du roman), à sa mort en 2002.
Le roman est très fourni, l'auteur a fait le choix d'aller dans le détail, au risque d'offrir une première partie qui paraît un peu longue.
Les deuxième et troisième parties gagnent en dynamisme. On suit Kee-chung lors de ses premières courses, ses premières victoires. Et puis, cette perspective de Jeux olympiques qui ne seront possibles qu'en passant sous les couleurs japonaises.
Avec un roman écrit à la troisième personne du singulier, l'auteur nous permet de rester au plus près de Kee-chung, tout en ayant un large panorama du contexte historique et des événements qui se déroulent.

Les Jeux olympiques de Berlin
Kee-chung a suivi les conseils de son professeur et a accepté, la mort dans l'âme, de revêtir le maillot japonais pour participer aux Jeux olympiques de 1936, qui se déroulent à Berlin. L'Allemagne et le Japon sont alliés, mais Kee-chung, devenu Kitei Son, est bien décidé à rappeler qu'il est coréen et non japonais.
Dès lors, François-Guillaume Lorrain consacre une large place aux Jeux olympiques de Berlin et à l'épreuve proprement-dite du marathon.

La colonisation japonaise
Outre le parcours de Kee-chung, Le Garçon qui courait est un roman historique qui développe le contexte de la colonisation japonaise.
À cette époque, la Corée n'existe plus officiellement. Le Japon occupe totalement le territoire et contraint la population à vivre sous les règles japonaises. Toute tentative de rébellion est sévèrement punie. Hyo-dong, le frère aîné de Kee-chung en fait les frais, alors qu'il n'est qu'un adolescent.

Ce roman a le grand mérite de mettre en avant l'histoire d'un champion olympique coréen, un nom et un contexte qui nous sont méconnus.