Les Enfants du Lutetia

Achetez Les Enfants du Lutetia moins cher 

• Fiche du livre
• Avis des lecteurs

Résumé

Mai 1945, la guerre est enfin terminée, Léopold Thaler et Juliette, une amie de sa mère qui a accepté de garder l'enfant alors que les Juifs de France sont tous faits prisonniers, prennent le train à Nice pour rejoindre Paris. Là-bas, le fabuleux hôtel Lutetia est devenu le lieu de rendez-vous des familles restées sans nouvelles de leurs proches depuis des mois, des années, et des survivants qui reviennent des camps de la mort. C'est à l'hôtel Lutetia que Léopold fait la connaissance de Marie-Antoinette, André, Michel. Chaque jour, les quatre jeunes scrutent les photos, les visages de ceux qui ont vécu l'enfer, espérant retrouver un père, une mère, un frère ou une sœur.

Citations
"Le journaliste avait l'air de s'étonner à chaque coin de phrase. Il racontait le retour des déportés, leur accueil à l'hôtel Lutetia, leurs mines défaites, leurs souffrances mais voilà, le retour, ce moment important pour la France qui savait recevoir ses enfants, soigner leurs plaies et leurs douleurs. La tristesse qui allait s'éloigner, la joie des familles. La guerre qui se terminait vraiment. Point final.
Juliette guettait une réaction. Je n'ai pu que hausser les épaules.
- C'est le monde à l'envers, Léopold. C'est moi qui suis excitée comme une puce, qui galope partout parce que tes parents sont de retour et qu'on va les chercher. Tu vas les revoir, sûrement !
Je lui ai montré la photo du type. Dans ses yeux, on ne voyait rien. Un regard de chien, triste comme un feu qui s'éteint avec le froid qui grandit autour.
- Je ne veux pas que mon père soit de retour si mon père ressemble à ça, Juliette. Je ne veux pas." p. 25

L'avis d'Histoire d'en lire

Avril-mai 1945, la guerre se termine enfin. L'espoir est permis pour des milliers de familles de retrouver leurs proches déportés. C'est ainsi que Rachel Corenblit place le cœur de son roman Les Enfants du Lutetia à Paris, à l'hôtel Lutetia, palace parisien dont le directeur accepte d'accueillir les survivants des camps de concentration.

L'hôtel Lutetia, point de rendez-vous
Sitôt la fin de la guerre proclamée, les armées libératrices vont secourir les prisonniers des camps de concentration. Pour que les familles puissent se retrouver, un point de rendez-vous est donné à tous : l'hôtel Lutetia, à Paris. Le journal L'Aurore fait passer l'information dans ses colonnes sous le titre "Ils reviennent ". Le roman revient plusieurs fois sur les rumeurs qui ont circulé sur les conditions de détention des prisonniers mais elles sont tellement effroyables que beaucoup peinent encore à y croire.

Léopold et Juliette quittent donc Nice pour Paris avec l'espoir de retrouver les parents de l'enfant. Léopold est juif et il a dix ans quand ses parents ont fait le lourd choix de le confier à leur amie pour le protéger. Cette séparation expliquée dès le début du roman est fondamentale pour comprendre ensuite le ressenti de Léopold, jusqu'à ce qui peut sembler être une absence d'émotions, voire de l'ingratitude envers ses parents. Certaines paroles sont très dures. Mais Juliette l'encourage à continuer à se rendre à l'hôtel chaque jour pour glaner des informations sur eux. Les murs intérieurs du hall de l'hôtel sont remplis de photos des absents et de messages de ceux qui les cherchent. Il faut essayer de s'imaginer ce lieu pour comprendre l'angoisse et l'émotion qui étreignent ceux qui attendent.

Quatre jeunes : quatre histoires
Même si Léopold est le personnage central du récit, Rachel Corenblit a fait le choix de croiser son histoire avec celles de trois jeunes gens. Cette multiplicité de points de vue montre au lecteur qu'une même situation peut être éprouvée différemment par l'un ou l'autre.
Léopold, Marie-Antoinette, André et Michel se rencontrent à l'hôtel Lutetia. Tous les quatre espèrent retrouver enfin leurs proches dont ils sont sans nouvelles depuis si longtemps.
Membres d'un réseau de résistance, passeurs, Juifs, leurs parents sont arrêtés par la Gestapo ou la police française et déportés dans des camps de concentration. Mais tous ces parents ont eu le même réflexe avant d'être emmenés : mettre à l'abri leur enfant, leur permettre de vivre même s'ils ne doivent plus jamais se revoir.
Tour à tour, au gré de leurs discussions, les quatre jeunes gens apprennent à se connaitre, racontent leur histoire, leurs peurs, leurs espoirs ou leurs désillusions.
Très clairement, la parole les libère, même si chacun a au fond de lui une grande souffrance. La parole soude cette amitié provisoire.

Roman plutôt court (134 pages), Les Enfants du Lutetia explore un sujet douloureux : le fol espoir du retour des déportés. Outre le développement du contexte historique, le livre met l'accent sur leurs émotions à travers chaque histoire personnelle. Rachel Corenblit a vraiment voulu que le lecteur se mette à la place de chacun d'eux, qu'il puisse lui aussi partager les peines et les instants plus légers qu'il y a dans ce groupe.

Un roman très bien construit entre dialogues et narration. D'emblée, j'ai été séduite par les phrases nominales qui viennent ponctuer les descriptions et qui ajoutent considérablement à l'émotion qu'on ressent en lisant ce texte.