Disparu sur le front

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Résumé

Armand va avoir treize ans en ce mois d'août 1914. Son père lui a offert le plus beau des cadeaux, un billet d'entrée au Luna Park. Tout deux ont prévu d'y aller d'ici peu. Mais en ce même mois d'août, l'appel à la mobilisation est décrété. Tous les hommes en âge de combattre doivent rejoindre leur régiment. Léopold, le père d'Armand, n'a pas d'autre choix. En l'absence de leur père et mari, Armand et sa mère Lucie doivent aller travailler pour subvenir à leurs besoins. Léopold parvient à donner régulièrement des nouvelles à sa femme. Mais quelques mois plus tard, c'est un avis de disparition qui leur parvient.
Désormais âgé de seize ans, Armand est déterminé à partir pour le front, quitte à mentir sur son âge. Il veut lui aussi faire l'expérience de la guerre, comme son père.

Citations
"Les quais étaient noirs de monde.
Armand longea au hasard la première voie qui s'offrit à lui.
Les wagons étaient gribouillés d'inscriptions à la craie : À Berlin ! Mort aux Boches ! On va couper les moustaches à Guillaume ! Le jeune homme balaya fiévreusement du regard les torses des soldats penchés vers leur famille par-dessus les fenêtres coulissantes des wagons. La forêt de bras qui s'étreignaient une dernière fois. Sa gorge se serra. Non, son père ne semblait pas être dans ce convoi prêt à partir. Il remonta le quai à toute allure et emprunta une deuxième voie.
Les soldats étaient encore sur le quai, entourés par leurs proches.
[...]
Alors que certains mobilisés brandissaient déjà baïonnette et képi en un V de la victoire, la plupart profitaient encore de quelques instants lovés dans les bras de leur femme ou de leurs enfants. Une escouade de fantassins un peu éméchés improvisait une ronde au beau milieu du quai.
Armand les contourna, et enfin il les aperçut.
Ses parents, main dans la main, regardant dans sa direction, à l'attendre presque.
Il courut vers eux, et l'étreinte qu'ils s'offrirent alors tous les trois eut un parfum d'éternité." p. 34-35

L'avis d'Histoire d'en lire

Disparu sur le front est le second roman de Peggy Boudeville. Une nouvelle fois, elle explore l'histoire contemporaine de la Somme, où elle vit. Cette fois-ci, nous voici au cœur de la Grande Guerre.

Une famille dans la guerre
Disparu sur le front est un roman qui met en scène une famille parisienne, prise dans la tourmente de la guerre.
Le roman couvre la période du 27 juillet 1914 au 2 mai 1917, puis dans un dernier chapitre, mai 1937.
C'est une famille comme des milliers d'autres. Le père, Léopold, chapelier de métier, n'a d'autre choix que de rejoindre son régiment lorsque sonne la mobilisation en août 1914.
Tout en partant sur un déroulé qu'on connaît bien de la Grande Guerre, Peggy Boudeville axe son récit sur des points plus précis : le père porté disparu, le fils qui s'engage lui aussi, les gueules cassées et la condition des femmes à l'arrière.

Tous engagés
Peggy Boudeville décrit la Grande Guerre, en s'appuyant sur une solide documentation, comme en témoigne la bibliographie qu'elle cite en fin de livre. Elle s'attache à restituer la vérité des faits, tout en développant la fiction autour de ses personnages principaux.
Léopold, le père d'Armand, est porté disparu, comme des milliers d'autres soldats. C'est un crève-cœur pour Lucie, son épouse, et Armand, son fils.
Ce dernier décide, en quelques jours seulement, de partir lui aussi pour le front alors qu'il n'a pas l'âge minimum légal. Un choix qui peut paraître complètement insensé au jeune lecteur d'aujourd'hui. Alors Peggy Boudeville rappelle, dans le dossier pédagogique, les raisons qui ont poussé ces adolescents à s'engager.
Et l'autre point important abordé concerne les gueules cassées, ces soldats revenus du front mais sérieusement mutilés. Souvent, ils préfèrent même rester "portés disparus" ou se suicider, plutôt que d'affronter cette dure réalité et se confronter à leur famille.
Grâce à une narration omnisciente, l'autrice fait des allers et retours entre la zone de front et l'arrière. C'est ici qu'on retrouve Lucie, désormais seule, rongée d'inquiétude pour son mari et son fils dont elle est sans nouvelles. Les femmes, malgré leur douleur, sont elles aussi engagées dans le conflit en travaillant dans les usines d'armement ou plus largement en remplaçant les hommes au travail.

La bataille de la Somme
Enfin, d'origine amiénoise, Peggy Boudeville connaît bien ce secteur où s'est déroulée la bataille de la Somme, en 1916. C'est donc là qu'elle fait évoluer ses personnages, Léopold d'abord, puis Armand.
Le 72e RI a bien existé et a combattu dans ce secteur. L'autrice a repris des éléments réels pour restituer la bataille comme elle s'est déroulée et rendre hommage, à travers ce livre, à tous les combattants.