Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Période historique : XXè siècle Période historique Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre La Seconde Guerre mondiale

Type de document : Roman

Auteurs : SEPETYS Ruta, FORMENTELLI Bee (traduction)

Editeur : Gallimard jeunesse

Année d'édition : 2015

A partir de 14 ans.

ISBN : 978-2-07-063568-9

Prix : 8,20 €

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre
Achetez Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre moins cher  DecitreDecitre EbooksRecyclivre

Résumé

Dans la nuit du 14 juin 1941, à Kaunas, une petite ville de la Lituanie, Lina âgée de 15 ans, son petit frère Jonas âgé de 10 ans et leur mère Elena Vilkas sont arrêtés par le NKVD. Tout trois rejoignent des centaines d'autres lituaniens massés dans une petite gare. Les militaires du NKVD les font embarquer dans des wagons à bestiaux vers une destination inconnue. Que se passe-t-il ? Où sont-ils tous ainsi emmenés ? Pour quelle raison ? Dans le wagon où elle se trouve avec son frère et sa mère, Lina fait la connaissance d'Andrius, arrêté avec sa mère. Les relations sont particulières avec ce garçon un peu plus âgé qu'elle.

Le voyage dure des semaines dans des conditions de transport épouvantables. L'hygiène est inexistante, la nourriture minime. Déjà on dénombre plusieurs morts que le NKVD jette à l'extérieur des wagons lors de courtes haltes. Puis, le convoi finit par s'arrêter, les prisonniers sont conduits dans le camp de l'Altaï, au sud de la Russie. Les voilà devenus des esclaves, affamés, violentés quotidiennement par le NKVD.

Après une année passée dans ce camp, Lina, sa famille et des dizaines d'autres personnes sont déportées dans un autre camp en Sibérie. Andrius n'est pas sur la liste mais il promet à l'adolescente qu'ils se retrouveront.

L'avis d'Histoire d'en lire

Avis Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre
Le 14 juin 1941 n'est pas une date parmi d'autres de la Seconde Guerre mondiale comme nous avons l'habitude de l'évoquer. Alors qu'Hitler est effectivement en guerre contre les Alliés sur le front occidental, un autre événement d'envergure se déroule à l'Est. Staline, dictateur sanguinaire de la Russie, débute son projet d'extermination massive de tous les antisoviétiques. Voilà le thème central du roman Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre de Ruta Sepetys.
Largement méconnu en France, le génocide soviétique a pourtant décimé un tiers de la population des pays baltes qui n'ont retrouvé leur indépendance qu'en 1991 !
Pour aborder ce sujet, l'autrice est partie de l'histoire de sa propre famille. Son père était le fils d'un lituanien. Contrairement aux personnages principaux du roman, il a réussi à s'enfuir pour échapper à cette déportation. Avec cette première base, Ruta Sepetys entreprend d'autres recherches, voyage en Lituanie, interroge des survivants de ces camps.

Le résultat est ce mémorable premier roman. A travers 85 courts chapitres, Ruta Sepetys retrace le parcours de la famille Vilkas, déportée en Russie car considérée comme antisoviétique. Elle décrit les conditions épouvantables dans lesquelles ces hommes, ces femmes, ces enfants ont été contraints de voyager. La faim, le froid, la maladie, la mort étaient omniprésents. Les descriptions sont terribles de vérité. De même ensuite au camp de l'Altaï, puis en Sibérie. Quand on lit ce roman, on a l'impression de lire un récit sur la Shoah. Mêmes horreurs, les seules différences étant les lieux, les populations concernées.
D'ailleurs, les Lituaniens prisonniers des Russes ne savent que peu de choses de ce qui se déroule sur le front occidental. Quelques rares bribes d'informations leur parviennent mais sans plus, cette guerre-là leur semble bien lointaine.

Et pourtant, au cœur de cette véritable survie, alors que la mort guette à chaque instant, que les prisonniers subissent les pires maltraitances, une chose, une seule ne leur sera jamais prise : leur humanité ! Voilà leur résistance : rester eux des êtres humains. Et pour Lina, cela passe par sa passion, le dessin, la peinture. Avec les maigres moyens dont elle dispose, elle dessine les moments les plus marquants, certaines personnes et espère que ces feuilles seront un jour un véritable témoignage de ce qu'il s'est passé en Russie dans les années 1940. J'aurais beaucoup aimé retrouver à l'intérieur du roman ces dessins repris par un illustrateur. Lina, son frère et des centaines d'autres Lituaniens, Estoniens, Lettons resteront prisonniers dans ces camps pendant une dizaine d'années. Un pan entier de leur vie leur a été volé. Mais avec l'épilogue de ce roman, Ruta Sepetys appelle largement à l'amour, à cette formidable possibilité de pardonner les pires ennemis pour que jamais ne se reproduisent de tels événements.

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre est un roman exceptionnel, terriblement poignant dont on ne sort pas indemne.

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre a reçu le Prix des Incorruptibles 2013-2014 pour la sélection 3e/2nde.

Première édition : 2011.

A lire, d'autres chroniques du roman Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre de Ruta SEPETYS :
- Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre sur le site Ricochet
- Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre sur le blog Livresse des mots
- Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre sur le site L'Express
- Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre sur le blog Les mots d'Archessia.