Edita Adlerova et ses parents vivent à Prague en Tchécoslovaquie, dans les années 1930-40. Edita, que tout le monde appelle Dita, est une adolescente passionnée de lecture. Les livres lui permettent de s'évader et de voyager. Alors quand les nazis envahissent Prague, la peur est omniprésente. Tous les Juifs, dont Dita et ses parents, sont contraints de porter l'étoile jaune et subissent de plus en plus d'interdictions. Pire, ils sont regroupés, puis déportés au camp d'Auschwitz-Birkenau. Dita et ses parents ne sont pas séparés et ne subissent pas l'humiliation d'avoir le crâne rasé, comme les autres prisonniers des bloks voisins.
Grâce à Fredy Hirsch, leader naturel du Block, elle devient la bibliothécaire d'Auschwitz. Il lui confie le soin de dissimuler, réparer, prendre soin de huit précieux livres amenés par des prisonniers. Mais c'est un rôle qui peut aussi conduire à une mort certaine si les Nazis découvrent ces ouvrages.
Citations "- Alors, c'est vrai ? On doit quitter Prague ?
- Oui, ma chérie. Nous devons partir.
- On a le droit d'emporter seulement cinquante kilos, c'est ça ?
- Oui... je vais voir si Dita s'en sort.
- Dita, tu as fini de... Oh ! Ça ne va pas ma puce ?
- Je veux emporter tous mes livres.
- Dita, on a le droit de ne prendre qu'une valise chacun. Ce serait beaucoup trop lourd, il te faut aussi des vêtements... tes petites affaires.
- On ne peut quand même pas les abandonner ici. Qu'est-ce qu'ils vont devenir ?
- Peut-être... que tu en trouveras d'autres, ma chérie. Mieux vaut ne pas t'en faire pour le moment." p. 22-23
L'avis d'Histoire d'en lire
La Bibliothécaire d'Auschwitz est une adaptation du roman éponyme d'Antonio G. Iturbe, publié en 2020. L'auteur espagnol s'est inspiré de l'histoire vraie de Dita Kraus, née Adlerova.
Salva Rubio a déjà travaillé à plusieurs reprises sur le thème de la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement de la Shoah.
La guerre en Tchécoslovaquie
N'ayant pas lu le roman, je découvre cette histoire vraie par le biais de la BD.
L'environnement familial de Dita est présenté très rapidement lors des premières pages. Puis, très vite, on en vient à l'arrivée des Nazis, la mise en place des mesures antisémitismes, l'arrestation puis la déportation des Juifs.
Aucune date n'est précisée dans la BD, peut-être est-ce aussi le cas dans le roman. On sait que la Tchécoslovaquie est envahie par les Nazis dès la fin des années 1930. Jusqu'à la page 122, on suit l'effroyable parcours de la famille de Dita, déportés au camp d'Auschwitz-Birkenau. Dita et ses parents rejoignent un block un peu particulier, puisqu'ils gardent leurs vêtements, ne sont pas tondus... la BD retrace bien cette volonté des Nazis de donner à voir, à la Croix Rouge et donc au reste du monde, que les prisonniers sont bien traités. La propagande nazie est en marche.
Les livres comme arme de résistance
Les prisonniers de ce block tentent de s'organiser et de s'entraider. Chacun et chacune a un rôle important et c'est cette activité qui permet de maintenir un semblant de vie. Passionnée par les livres, Dita se voit confier par Fredy Hirsch les quelques livres ramenés par des prisonniers. C'est un trésor inestimable à ses yeux et cela implique aussi une très grande responsabilité.
Dita est devenue la bibliothécaire d'Auschwitz au sens large, mais surtout pour son blok. Elle lit des histoires aux autres prisonniers, elle prête les livres, les répare dès qu'ils sont abîmés. Elle prend son rôle très au sérieux mais Fredy lui rappelle aussi qu'elle risque sa vie si les Nazis les trouvent.
Très clairement, pour Dita, Fredy et par ricochet, pour tous les autres prisonniers, les livres sont clairement des armes de résistance. Grâce à cela, les prisonniers gardent leur humanité, ils "s'évadent" le temps de leur lecture.
La Bibliothécaire d'Auschwitz est un récit très émouvant et qui montre toutes les ressources que chacun et chacune a su déployer pour tenir au milieu de cet enfer.
Les dessins de Loreto Aroca et ses couleurs suivent les moments de vie de Dita. On commence par des couleurs lumineuses, puis très vite, les tons de gris du temps de l'internement à Auchwitz prennent la place pendant de longues pages. On ne retrouvera la lumière qu'à la fin de l'album.
Loreto Aroca a su saisir les moments fondamentaux à conserver du roman, il y a un très bon travail sur les expressions des personnages.
Le livre se termine par un dossier historique écrit par Salva Rubio. Il apporte des précisions importantes sur le contexte, le camp d'Auschwitz, les personnages de Fredy Hirsch et Josef Mengele. Et bonus, nous avons même deux pages consacrées à la création d'une planche et aux recherches graphiques.
Approche évidemment condensée du roman d'Antonio G. Iturbe, la BD est une très bonne entrée en matière sur le thème de la Shoah pour un lectorat à partir de 14 ans.
Si vous souhaitez entendre un entretien de Dita Kraus, je vous invite à regarder cette vidéo :