Alcatraz est une petite île faisant face à San Francisco. Ancienne prison fédérale, elle est désaffectée depuis 1963. En 1969, Richard Oakes, un Amérindien, constitue un groupe de jeunes activistes pour aller occuper Alcatraz et demander au gouvernement la création d'une université indienne. Subjuguée par le charisme de Richard, Little Bird le suit. Tous arrivent sur place, symboliquement le jour de Thangskiving. Avec celui dont elle tombe amoureuse, Little Bird réalise des graffitis un peu partout, pour qu'ils soient visibles de loin et qu'ils traduisent les revendications des Indiens.
Quarante-trois plus tard, au moment de célébrer l'anniversaire de cette occupation, Little Bird se souvient.
L'avis d'Histoire d'en lire
Après son roman La Dernière reine d'Ayiti sur le génocide des Indiens Taïnos au XVe siècle, Élise Fontenaille poursuit sur l'histoire de la population indienne, mais ici au XXe siècle.
Dans un texte très court (80 pages), elle laisse se souvenir Little Bird de son nom d'indienne, Marilyn Miracle, de son nom occidental. A l'âge de 59 ans, elle est invitée pour célébrer l'anniversaire de l'occupation de l'ancienne prison de l'île d'Alcatraz par un groupe d'activistes amérindiens auquel elle appartenait. Little Bird s'adresse à Eden, sa fille et lui raconte l'occupation de l'île, la détermination de Richard Oakes, sa rencontre avec No Name, qui s'avère donc être son grand-père. La grande Histoire rattrape l'histoire familiale de cette jeune femme destinataire de ce texte.
Et même si la narration à la première personne amène tout naturellement Little Bird à centrer ses propos sur son vécu et ses relations avec les principaux membres du groupe dont Richard Oakes, sa position lui a permis d'être au cœur des événements et d'être donc à même d'en transmettre le plus important.
Élise Fontenaille maîtrise parfaitement la concision de son texte, saisit les instants phares de l'occupation de l'île d'Alcatraz à partir du 9 novembre 1969 et jusqu'à la fin du printemps 1971, largement couverte et suivie par les médias de l'époque. C'est une histoire que nous connaissons mal en France et ce roman a donc le mérite de montrer le racisme qui sévissait encore largement à cette époque à l'encontre des Amérindiens, mais aussi leur volonté farouche de prouver au monde entier leur droit à l'égalité. Bien des années ont passé et l'égalité entre les différentes populations est loin d'être acquise.
En postface, Élise Fontenaille précise tous les éléments réels qu'on retrouve dans le roman. La fiction vient servir la grande Histoire, la fait revivre à travers des personnages ayant réellement existé et dont le combat a marqué l'histoire contemporaine américaine.
Un texte saisissant pour rendre hommage aux Amérindiens et à leur combat pour la dignité et l'égalité entre tous.