Pour ses 14 ans, Phyllis McCormack reçoit de son grand frère Pat un beau livre pour y écrire ses secrets, ses rêves. Phyllis et sa famille vivent en Irlande et sont paysans. Comme la plupart des Irlandais pauvres, ils cultivent la pomme de terre et vivent essentiellement des fruits de la récolte toute l'année. Et chaque été, les parents de Phyllis vendent au marché un cochon qu'ils ont engraissé toute l'année pour payer leur fermage.
Mais à l'automne 1845, le bruit court et se répand rapidement que les récoltes de pommes de terre sont détruites par une maladie ! Très peu de paysans parviennent à récolter des patates saines. Comment les familles vont-elles se nourrir si elles n'ont plus de pommes de terre ? Et comment vont-elles payer leur fermage ? Les propriétaires terriens sont sans pitié et expulsent tout ceux qui n'ont plus de quoi les payer. Des centaines, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sont sur les routes, meurent de faim dans les fossés.
Dirigée par l'empire britannique, l'Irlande est complètement délaissée par les gouvernants. Personne n'agit pour endiguer la terrible famine qui ravage le pays entre 1845 et 1851. Pat, le frère de Phyllis, a rapidement décidé de s'engager dans le mouvement de la Jeune Irlande. De nombreux hommes n'hésitent pas à risquer leur vie, à défier le pouvoir en place pour obtenir une Irlande libre et indépendante, et instaurer des lois protectrices des paysans irlandais.
L'avis d'Histoire d'en lire
Auteure britannique, Carol Drinkwater s'est intéressée ici à un événement terriblement marquant de l'histoire de l'Irlande, ce petit pays devenu une colonie de l'empire britannique en 1800.
La Grande Famine de 1845-1851 a décimé une très grande partie de la population irlandaise. Et à travers le récit que nous donne Phyllis, on constate à quel point les gouvernants britanniques sont restés aveugles et sourds au drame qui s'est déroulé dans leur plus proche colonie. Ce désastre humain, social, économique, culturel a profondément marqué l'histoire de l'Irlande. Témoin direct des événements, la jeune Phyllis décrit avec précision et émotion son propre vécu, celui de sa famille et l'étend systématiquement dès qu'elle a connaissance d'informations sur la famine qui sévit. Grâce à son journal intime, le lecteur a une large vision d'ensemble et se rend parfaitement compte des conditions de survie atroces qui ont été le lot de tous ces habitants.
Outre le drame, Phyllis aborde tout au long de son journal la question du mouvement de la Jeune Irlande, auquel son frère Pat appartient. Bien qu'elle comprenne mal sa démarche au début, Phyllis gagne si vite en maturité qu'elle perçoit ensuite beaucoup mieux l'engagement qu'a choisi son frère, le comprend et finit même par œuvrer elle aussi, à sa façon, à la défense de l'Irlande. Mais bon nombre de survivants, le salut reste le départ vers l'Amérique.
Un livre où se mêlent émotion et combat sur un sujet méconnu des jeunes lecteurs français. A la fin du livre, un court dossier documentaire apporte des éclaircissements supplémentaires sur la vie en Irlande au temps de la famine.