Sur la butte Montmartre en 1885. Née d'une mère morte en lui donnant la vie, Séraphine a été recueillie par le père Sarrault qui l'a confiée plus tard à Jeanne, une couturière sans enfant. Alors à 13 ans, Séraphine apprend aussi la couture et finit les chemises que lui confie Jeanne. Mais la jeune fille aimerait changer de vie, rencontrer du monde. Pour cela, elle s'en remet à Sainte-Rita, la sainte patronne des causes désespérées. Peut-être pourra-t-elle l'aider à trouver un autre travail, envisager un nouvel avenir, peut-être sortir de sa misère.
Citations "- Les femmes en pantalon, disait Jeanne en essuyant ses yeux humides, j'aimerais vivre assez vieille pour voir ça.
- Il y en a... soupirait Charlotte.
Je le savais bien qu'il en existait. Je connaissais au moins deux femmes sur la Butte qui allaient habillées en homme, portant pantalon et casquette. Elles travaillaient aux carrières.[...]
- Tu sais ce que ça coûte, innocente, quand on se fait prendre ? Le tribunal. D'abord, c'est l'amende. Et si le juge est mal embouché, c'est la prison.
- Dommage que les juges ne soient pas des femmes, ai-je remarqué.
Charlotte m'a regardée d'un air moqueur.
- Dommage que les gendarmes ne soient pas des femmes, a-t-elle chantonné, dommage que les avocats ne soient pas des femmes, dommage que les députés ne soient pas des femmes...
Dommage que Dieu ne soit pas une femme ! a lancé Jeanne et là-dessus elle s'est mise à rire si fort que j'ai cru qu'elle allait s'étouffer." p. 24-25
L'avis d'Histoire d'en lire
Deuxième tome, sans être une suite directe, Séraphine est l'occasion de présenter une nouvelle jeune fille en cette fin de XIXe siècle.
Séraphine a 13 ans en 1885. Et après les beaux quartiers de Paris où vit Lucie, issue de la classe bourgeoise, nous voici au cœur d'un quartier pauvre de Paris, la butte Montmartre. A cette époque-là d'ailleurs, Montmartre n'est même pas considéré comme faisant partie de la ville de Paris, très certainement à cause de cette nette différence de population.
Séraphine est orpheline, elle apprend la couture mais elle rêve d'un avenir meilleur.
Ce roman est une quête identitaire. Séraphine n'a aucun souvenir de ses parents. Elle n'a aucune information sur son père et sa mère est morte en la mettant au monde.
Narratrice du récit, elle veut savoir qui étaient ses parents, d'autant plus que les gens autour d'elle ont des informations. Il est question, tout au long du roman, de la Commune de Paris, qui s'est déroulée 14 ans plus tôt. Elle-même n'était pas née mais les gens qu'elle côtoie ont directement vécu ces événements et ses parents ont certainement été des Communards.
L'histoire de Séraphine est faite de rebondissements et de rencontres qui lui permettront d'envisager un avenir différent aux autres habitants de Montmartre. Des rencontres avec des personnages vus précédemment dans Satin grenadine. On retrouve notamment Achille, le frère aîné de Lucie, dont on a appris qu'il s'engageait pour lutter contre les inégalités sociales.
Un roman très intéressant qui reflète bien la condition féminine du milieu pauvre parisien à cette époque.