Bonjour Sophie Humann,
Auteur de romans et documentaires historiques pour la jeunesse, vous passez facilement d’un genre à l’autre. On retrouve là la journaliste qui sait à la fois expliquer, transmettre, vulgariser tout en racontant ? Et justement, vous sentez-vous plus à l’aise dans l’écriture d’un roman ou d’un documentaire ?
Le rapport que l’on entretient avec la lecture et l’écriture évolue. Lorsque j’ai commencé à travailler pour la jeunesse, j’étais plus à l’aise dans le documentaire, assez proche de mon métier d’origine, le journalisme. Je suis venue à la fiction progressivement, en passant d’abord par le récit historique (Lapérouse, Sacajawa…). Aujourd’hui, je navigue plus facilement dans un univers romanesque, même si je continue à trouver que la construction d’une histoire demande une forte énergie.
Vous avez donc la double casquette, journaliste et auteure. Comment en êtes-vous venue à écrire pour la jeunesse ?
C’est un vieux rêve, un rêve d’enfant, même. Jeune journaliste, j’étais allée interroger François Faucher, qui dirigeait encore Flammarion jeunesse. Je n’avais alors pas osé lui proposer ma prose ! Puis, quelques années plus tard, en 2000, j’ai rencontré Madeleine Thoby. Elle venait de lancer Actes Sud Junior et avait réédité les Contes d’Afanasiev, illustrés par Bilibine. Je souhaitais parler de son livre ; nous avons discuté de musique et je lui ai fait part de mon regret de ne pas trouver de livres disques de musique classique à part Pierre et le Loup et les ouvrages de Gallimard. Elle m’a demandé de lui proposer un projet de collection. Je l’ai fait, et, quelques mois plus tard, naissait la collection « Les Musiques enchantées ».
Et comment s’organise votre journée type entre ces deux activités ?
Lorsque je ne suis pas en reportage, ou dans un établissement scolaire pour travailler avec des enfants, je reste à mon bureau le matin où je m’organise, j’envoie des mails, je recherche des informations pour un livre ou pour un article… L’après-midi, je gagne une de mes cachettes - c’est-à-dire trois ou quatre bibliothèques parisiennes - dans laquelle je travaille quatre ou cinq heures, sans connexion Internet, à la rédaction de mes articles, à la documentation et à l’écriture de mes livres.
Dans la collection L’Histoire d’un port aux éditions Gulf Stream, vous avez écrit les titres consacrés à Rouen, Saint-Malo, Brest. Auriez-vous des origines bretonnes ou normandes ? Ou est-ce que vous avez accepté ces projets parce que vous connaissiez déjà bien ces villes-là ?
J’ai des origines normandes, en effet, mais c’est surtout l’histoire des ports eux-mêmes qui m’a intéressée. Ils fourmillent d’une telle vie ! Ils sont inséparables de l’histoire de notre pays, mais aussi de celle du commerce, des échanges. Combien d’hommes sont partis un jour d’un port, plein d’espoir ? Le destin dramatique de ces trois villes lors de la Seconde Guerre mondiale m’a aussi beaucoup touchée. Dans les conflits, les ports sont toujours en première ligne.
Lorsqu’on regarde votre bibliographie, on constate que les thèmes et les époques abordés sont très variés : l’histoire des ports français, la Première Guerre mondiale, l’imprimerie, les progrès scientifiques. Votre curiosité est insatiable ?
Insatiable, je ne sais pas. Mais je suis curieuse, c’est vrai. J’aime bien essayer de comprendre, d’apprendre. Si un jour je perds ce goût, j’arrêterai. Il n’y a rien de pire qu’un journaliste ou un auteur jeunesse blasé.
Les Serpents du Muséum, A la découverte d’une frégate royale, Louis Pasteur sont autant de vos ouvrages pour lesquels vous avez effectué beaucoup de recherches documentaires mais surtout fait de précieuses rencontres avec des professionnels. Elles ont été déterminantes pour l’écriture de ces ouvrages ?
Bien sûr. Je ne suis pas une solitaire. Dans mon métier, j’ai la chance de rencontrer des gens convaincus, engagés : des artisans d’art, des scientifiques, des historiens, des enseignants, des bibliothécaires, des enfants aussi… Plus le temps passe, plus je comprends ma chance. Je goûte chacune de ces rencontres qui m’enrichissent et mûrissent à un moment ou un autre mon travail.
Les Serpents du Muséum est votre dernier roman en avril 2014 aux éditions Flammarion. Préparez-vous en ce moment-même un autre ouvrage historique (roman ou documentaire) ?
Je travaille en ce moment à la rédaction d’un autre roman historique pour Flammarion, mais il est encore un peu tôt pour en dévoiler l’histoire. En même temps je réfléchis à un prochain projet pour les éditions Gulfstream et je travaille à la documentation d’un ouvrage pour la collection « Avant de devenir », chez Belin.
Un dernier petit message pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Merci aux enfants d’être là, de lire les histoires que je bricole dans mes cachettes.
Merci aux bibliothécaires, aux parents, aux enseignants, de mettre ces histoires dans leurs mains.
Et à tous, je souhaite une belle année 2015, pleine de découvertes.
Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation.
Isabelle.
Interview réalisée le 30 décembre 2014.