Bonjour Joslan F. Keller,
Via Temporis : Opération Marie-Antoinette est votre premier roman. L’écriture n’est pas votre première profession. Comment en êtes-vous venu à participer à cette saga des éditions Scrinéo jeunesse ?
C’est vrai, romancier n’est pas mon premier métier, mais je suis tombé dans la marmite de l’écriture au milieu des années 1990 : plus d’une quinzaine d’ouvrages à ce jour, des guides pratiques, des biographies, des essais... Mais pas de fiction, jusqu’à ce que Jean-Paul Arif, le fondateur des éditions Scrinéo, m’associe en 2010 au développement romanesque d’un concept de jeu qu’il avait inventé quelques années plus tôt autour d’un jeune couple qui voyageait dans le temps... Pour moi qui souhaitais voir si j’étais capable de passer à la fiction, c’était une proposition difficile à refuser !
Fait nouveau, bien qu’il s’agisse d’une série, tous les livres ne sont pas écrits par le même auteur. Vous avez déjà signé le premier et le troisième tomes. Peut-on savoir ce qui est prévu pour la suite ?
Le concept de « multi-writing » est l’une des innovations de la série Via Temporis. En fait, nous faisons décliner à notre échelle et notre rythme un principe largement utilisé dans les séries télévisées : des épisodes écrits par des scénaristes différents qui suivent néanmoins une sorte de « bible » commune à la série.
Sinon, au risque de vous surprendre, la suite de Via Temporis n’est pas complètement définie pour le moment. Certes, un indice à la fin du troisième épisode semble indiquer que nos personnages s’aventureront prochainement vers des contrées nordiques, mais notre éditeur n’a pas encore vraiment décidé s’il y aurait encore un, deux, voire plusieurs tomes. La fin de la saga est encore à imaginer. Via Temporis, d’une certaine manière, c’est de la fiction expérimentale !
Votre grand intérêt pour l’Histoire se concrétise par la visite et l’exploration de nombreux sites historiques. Ecrire des romans historiques, pour vous, ce n’est donc pas seulement se plonger dans de vastes recherches documentaires ?
Effectivement, je pense que l’histoire n’est pas seulement une discipline livresque, elle se « vit » aussi sur les lieux mêmes de l’événement. La documentation va me procurer les faits, les dates, les références, mais ce sont les lieux qui vont nourrir mon imaginaire et faire naître en moi ces émotions, ces sensations, ces fulgurances que j’essaierai ensuite de reproduire sur le papier.
Certains sites (je pense à Pompéi, à Versailles, à la Vallée des Rois en Egypte, à la Cité Interdite à Pékin et bien d’autres) sont chargés d’une telle énergie et d’une telle puissance d’évocation qu’il est juste impossible d’y être indifférent.
Pour Opération Marie-Antoinette, je suis allé à Quillebeuf, à Varennes ou sur le site de la bataille de Valmy pour imaginer sur place les événements et enrichir le récit de mille et une notations réalistes. C’est ainsi que j’ai découvert à Varennes cette plaque étonnante que j’ai introduite dans le récit ou que j’ai repéré les cafés dans lesquels Charlotte et Mathias aiment se réfugier.
Pour Tous les chemins mènent vraiment à Rome, c’est davantage un coup de cœur pour une ville que je connais bien et dont je n’ai pas encore épuisé les trésors. J’espère avoir donné envie à mes lecteurs d’y aller un jour !
Combien de temps vous faut-il pour écrire un tome, entre les recherches documentaires, les visites de sites, le travail d’écriture et la remise du texte ?
Bien entendu, il n’y a pas de délai moyen, Opération Marie-Antoinette a été plus long à écrire car on inaugurait le concept et j’ai eu le temps de laisser naître les idées du troisième tome alors qu’Aurélie Laloum écrivait Le Trésor oublié des Templiers mais je dirais qu’il faut bien sept à huit mois entre le premier synopsis et la dernière version complète.
En général, je livre un synopsis complet, puis un premier tiers du roman, ce qui permet à mon éditeur d’apposer sa patte sur cette partie tandis que je m’attaque au deuxième tiers. Idem pour le dernier tiers qui débouche sur une relecture complète, la chasse aux invraisemblances et aux trous dans le scénario, et enfin une relecture formelle par une relectrice professionnelle conclut le travail de fond.
J’aime également être associé au choix du titre, à l’illustration, au texte de quatrième de couverture, puis à toutes les opérations liées au lancement du roman (concours, promotion sur les réseaux sociaux, interviews, salons, etc.)
Outre la suite de Via Temporis, pensez-vous continuer cette expérience d’écrivain par d’autres œuvres, qu’elles soient pour les jeunes ou les adultes ?
Plus que jamais ! L’écriture d’un roman est à la fois une entreprise extrêmement douloureuse, une souffrance permanente pour extirper de son cerveau les mots qui vont composer jour après jour un récit structuré (parfois cela vient presque sans effort, parfois c’est effroyablement laborieux). Mais c’est aussi une activité très gratifiante pour l’ego et paradoxalement je dirais même que c’est « fun », beaucoup plus que la rédaction d’un guide pratique. On s’aperçoit que ses personnages commencent à vivre leur propre existence et cela en devient troublant !
Je pense m’orienter prochainement vers de la fiction plus adulte, j’ai dans mes cartons une dizaine de projets que je pourrais développer, pas tous des romans historiques d’ailleurs... Reste à en choisir un et à dégager le temps nécessaire !
Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Sortez de chez vous ! Cultivez votre passion pour l’Histoire en prolongeant vos lectures par des visites sur les sites historiques (il y en a forcément pas loin de chez vous, voyez par exemple l’histoire de votre ville ou village), Plongez-vous également dans des périodes que vous ne connaissez pas, elles regorgent de mystères étonnants et méditez les leçons du passé : elles ont toujours une résonance dans nos actes d’aujourd’hui.
Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation. Isabelle.
C’est moi qui vous remercie, Isabelle, pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur votre blog que je visite très régulièrement pour me tenir informé de l’actualité de la littérature historique pour les jeunes. Longue vie à Histoire d’en Lire !
Interview réalisée le 23 novembre 2012.