Bonjour Isabelle Duquesnoy,
Bonjour Isabelle,
Parmi les ouvrages que vous avez écrits, trois ont été publiés dans la collection « Mon histoire » aux éditions Gallimard jeunesse : Constance, fiancée de Mozart : Vienne, 1781-1783 ; Li Mei : suivante dans la Cité Interdite, 1692-1693 et Anne, fiancée de Louis XIII : journal d’une future reine de France, 1615-1617. Comment est née cette participation à cette collection ?
J’avais écrit précédemment deux ouvrages sur Constance Mozart pour adultes, publiés chez Plon ; ces ouvrages, préfacés par le Mozarteum de Salzbourg ont été l’objet de nombreux éloges dans la presse. Ma fille, alors âgée de 12 ans trépignait de ne pouvoir les lire car je les lui avais déconseillés, à cause de certains passages inadaptés aux jeunes lecteurs. Elle lisait à cette époque tous les livres de la collection « Mon Histoire » de Gallimard Jeunesse. Un matin, elle m’a tendu un petit papier avec le numéro de téléphone de l’éditeur, me recommandant de les appeler pour écrire moi-même la version jeunesse de mes livres « avant qu’une autre personne ne le fasse, et peut-être moins bien que toi ! ».
Amusée par sa détermination et curieuse d’en faire l’expérience, j’ai contacté Krysia Roginski pour évoquer cette idée, devenue rapidement un projet sérieux. J’ai beaucoup aimé écrire cette version en tenant compte des impératifs liés à la littérature jeunesse, et par la suite, j’ai eu envie de continuer l’aventure !
Constance, fiancée de Mozart : Vienne, 1781-1783 est l’adaptation de votre ouvrage en deux tomes Les confessions de Constanze Mozart (2003 et 2005) publié chez Plon. Pourquoi la forme de journal intime et le fait de cibler sur une période précise vous ont davantage intéressée que d’écrire un roman plus ouvert et complet ?
La collection « Mon Histoire » retrace une période déterminante de la vie d’une personne ; cette période permet aux jeunes lecteurs de comprendre ce qui a conduit les personnages à leur destin, souvent hors du commun. Ecrire toute la vie de Constance Mozart et détailler son quotidien aurait donné naissance à un « doublon » de mes ouvrages précédents, et beaucoup trop volumineux pour nos lecteurs. Par ailleurs, c’est un exercice très intéressant d’écrire de façon « moins ouverte » pour se concentrer sur l’essentiel d’une biographie.
Li Mei : suivante dans la Cité Interdite, 1692-1693 est sans doute l’un des romans les plus dépaysants de la collection. Ce sont vos voyages en Asie qui vous l’ont directement inspiré ?
Oui, mes voyages en Asie m’ont donné envie de partager un regard sur d’autres cultures. La vie étonnante et difficile des jeunes filles dans la Cité interdite est un sujet qui me tenait à cœur. Louis XIV entretenait des relations amicales avec l’empereur Kangxi, et de nombreux missionnaires furent envoyés en Chine, chargés de cadeaux, d’inventions mécaniques et de remèdes médicaux. Il me semblait intéressant de comparer la vie des jeunes occidentales à celle des adolescentes Chinoises.
Votre dernier roman Anne, fiancée de Louis XIII : journal d’une future reine de France, 1615-1617 dresse le portrait d’Anne d’Autriche. Vous abordez là un contexte historique assez méconnu des jeunes lecteurs et le destin très particulier d’une princesse. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué concernant cette période et cette jeune femme ?
L’arrivée d’Anne d’Autriche en France est digne des plus grands romans : parlant à peine quelques mots de français, mariée à 14 ans par procuration au jeune roi de France, Anne rêve comme toutes les jeunes princesses de vivre un conte de fée. Elle découvre alors que son mari est un roi sans pouvoir, qu’il ne l’aime pas, que la cour se moque de ses robes démodées et qu’on la tient à l’écart des événements importants. Il faut une détermination comme la sienne pour parvenir à trouver sa place dans ce climat assez hostile et beaucoup de qualités pour déjouer les mauvais tours. On sait quelle excellente régente elle a été durant la jeunesse de son fils Louis XIV, et je dois dire que son chemin parcouru a forcé mon admiration.
Qu’est-ce que vous trouvez le plus intéressant en tant qu’auteure dans l’écriture de ces romans sous forme de journal intime ?
Le journal intime permet à la fois d’exprimer un regard interne et omniscient. Tout peut y être décrit, selon la personnalité de l’héroïne, avec ses mots ou selon son humeur. En revanche, ce type de roman oblige l’auteur à respecter des règles morales indispensables : ne pas trahir la pensée ou la parole d’un personnage ayant réellement existé et qui, aujourd’hui, ne peut plus se défendre ni rectifier ce qui est écrit à son sujet. La rigueur de cette écriture implique de nombreuses recherches historiques, la lecture de documents et témoignages des contemporains de l’héroïne. Personnellement, j’éprouve des sentiments très sincères envers les personnages sur lesquels j’écris : de l’admiration, de la compassion, et le désir de partager avec les lecteurs ce voyage au cœur d’un étonnant destin.
Prévoyez-vous déjà d’écrire d’autres romans pour cette collection ? Si oui, peut-on savoir sur quels thèmes ?
Nous avons quelques projets en tête mais rien n’est encore déterminé. J’ai reçu de lettres de jeunes lectrices qui me soumettent quelques idées. L’une d’entre elles est intéressante, mais j’ai encore besoin d’y réfléchir. Je n’écris que sur des personnages que j’aime, quelles que soient leurs faiblesses et leurs qualités.
Et d’autres romans pour la jeunesse historiques ou non ?
Certainement historiques oui, c’est vraiment ce qui me passionne le plus : rendre la parole à celles et ceux qui ne l’ont plus, et partager la découverte de leur étonnant et riche destin.
Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Internet nous permet d’atteindre énormément de personnes avec une rapidité qui me dépasse encore parfois. Cependant, les forums et les sites de littérature nous permettent de bénéficier encore de rencontres réelles et non virtuelles. C’est magique ! Je lis les critiques et les avis concernant mes livres, je réponds au courrier que je reçois et j’aime partager mes impressions avec d’autres lecteurs et lectrices. J’adore ces échanges par ce qu’ils sont authentiques et parce qu’une jeunesse qui lit est prometteuse de paix. J’adresse aux lecteurs d’Histoire d’en Lire mes vœux pour 2013, qu’afin chacun d’entre eux puisse trouver dans la littérature la joie et le rêve dont le quotidien nous prive parfois …
Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation.
Isabelle.
Interview réalisée le 7 décembre 2012.