Bonjour Jean-Louis Nogaro,
Vous avez co-fondé les éditions du Caïman en 2010. Cette petite maison d’édition basée à St-Etienne publie uniquement des polars, des albums et romans jeunesse. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cette aventure ?
Tout d’abord, bonjour et merci de nous donner cette occasion de parler de notre travail ! Cette aventure, la création des éditions du Caïman, c’est tout d’abord une histoire passionnelle : la passion de la lecture et de l’écriture. Ce sont également des convictions et une envie de faire partager ces convictions. C’est pourquoi les titres que nous retenons ont pour vocation de distraire nos lecteurs mais également, et en toute modestie, de les plonger dans des univers pouvant pousser à toutes sortes de réflexions, sociétales ou philosophiques. Et cela aussi bien dans la collection « polar » que dans les collections jeunesse.
Vous êtes donc à la fois enseignant, éditeur mais aussi écrivain. Cette triple casquette vous procure des journées bien remplies !
C’est vrai qu’il faut se lever tôt et se coucher tard pour essayer de faire les choses comme il faut. Mais je dois avouer que depuis que la maison d’édition existe, mon propre rythme d’écriture est plutôt ralenti ! Mais, comme pour l’édition et la diffusion de textes auxquels nous croyons, l’écriture et l’enseignement sont également des histoires de passion.
La maison d’édition est encore toute jeune mais le catalogue déjà constitué est très honorable. S’agit-il d’œuvres publiées suite à l’envoi spontané de manuscrits ou de choix directs de votre part vers des écrivains et illustrateurs que vous souhaitiez mettre en avant ?
Tous les textes retenus à ce jour sont l’œuvre d’auteurs nous ayant effectivement envoyé spontanément leur travail. A ce jour, il n’y en a qu’un que je connaissais avant de créer les éditions du Caïman. Il s’agit de Laurent Corre (Les six naïades) avec qui nous avons eu un éditeur commun. Mais nous suivons avec grand plaisir les actualités de tous « nos » auteurs. Certains, après avoir publié leur livre chez nous (entre autres, soyons modestes !) ont pu signer dans des maisons prestigieuses : L’Ecole des loisirs pour Jeanne Taboni Misérazzi, Bayard pour Vincent Dumas. Et nous publions ce mois-ci (mars 2013) un nouveau polar de Philippe Paternolli.
Pour l’instant, les polars peuvent s’adresser à des adolescents mais non des plus jeunes. Envisagez-vous d’élargir votre catalogue de romans policiers à destination des enfants ?
C’est notre vœu le plus cher, mais nous n’avons pas encore éprouvé de véritable coup de cœur lors des lectures de manuscrit. Il est vrai que l’affaire est compliquée et que je serai bien ennuyé, bien qu’ayant déjà rédigé cinq polars et un roman jeunesse, pour écrire un polar jeunesse. Comment ne pas tomber dans l’enquête type « Club des Cinq » (nous n’avons rien contre cette collection, bien au contraire, mais ce n’est pas le type correspondant à notre ligne éditoriale) Nous sommes à la recherche de textes plus noirs… tout en évitant de tomber dans le « trop noir ». Nous avons d’ailleurs longuement hésité devant deux textes, très beaux mais très durs, que nous n’avions finalement pas retenus. Ils traitaient respectivement du suicide des adolescents et des enfants pirates en Somalie…
On remarque aussi que parmi les différents thèmes abordés dans les livres des éditions du Caïman, l’Histoire est omniprésente et d’autant plus la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi opter davantage pour cette période historique ?
Ce n’est pas un choix à proprement parler, ça c’est trouvé comme ça… Et nous sommes en train de plancher sur un texte qui traite lui aussi de la Seconde Guerre mondiale ! Par contre, le fait de retrouver des textes puisant leur inspiration dans l’Histoire en général n’est pas surprenant, même si nous n’y pensions pas forcément au départ. C’est une source bien souvent tragique qui permet de pousser les personnages dans des situations extrêmes, dramatiques. Et le temps permet de donner un peu de mise à distance. Celle que l’on recherche justement pour d’éventuels polars jeunesse !
Vous-même invitez vos lecteurs à replonger dans cette période avec votre roman La Guerre a son parfum. C’était l’occasion de faire partager l’histoire de votre ville natale, St-Etienne ?
St Etienne… C’est une ville dans laquelle je vis et j’y suis profondément attaché. Notamment pour son passé, particulièrement riche au XIX e siècle lors de la révolution industrielle, et durant la seconde guerre mondiale. Si on y rajoute l’épopée des Verts en 1976, on a un cocktail détonnant ! Je peux même dire que c’est cette ville qui m’a, en partie, poussé à écrire mon premier polar, Un bon flic c’est comme de la soie. A l’instar d’auteurs qui m’ont profondément inspiré en mettant en scène leurs « territoires » au point les placer au niveau des personnages de leurs histoires (Izzo avec Marseille, Mankell avec la Scanie, Connely avec Los Angeles, etc.), j’ai tenté de leur arriver à la cheville en m’essayant au même genre, tout en rendant un petit hommage à cette ville.
Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Bien sûr ! Tout d’abord, merci à vous si vous avez lu jusque là !
Ensuite, je tenais à vous féliciter, ainsi qu’Isabelle, pour faire vivre un site d’une telle qualité. Là, c’est également l’enseignant qui parle.
Et puis… n’hésitez surtout pas à découvrir nos titres et à en parler autour de vous !
Et pour terminer : LONGUE VIE A HISTOIRE D’EN LIRE !!!!
Je vous remercie pour votre réponse et vous souhaite une bonne continuation pour les éditions du Caïman.
Isabelle.
Interview réalisée le 21/02/2013.