L'interview de JOLY Dominique

JOLY Dominique

Bonjour Dominique Joly,

Après une interview concernant vos romans publiés dans la collection Mon histoire chez Gallimard jeunesse, intéressons nous à cette collection L’Histoire de France en BD aux éditions Casterman. Comment est né ce projet entre vous, l’éditeur et l’illustrateur Bruno Heitz ?

C’est avec l’éditeur JM Coblence que l’idée est venue. Je sortais d’un travail Suzy et Godefroy qui m’avait beaucoup plu. Il m’a semblé alors évident que l’on pouvait traiter de façon documentaire l’Histoire de France sous cette forme là. JM Coblence avec qui je travaille depuis longtemps pensait de son côté au sujet. Et nous nous sommes lancés !

On ne le sait sans doute pas assez mais L’Histoire de France en BD n’est pas votre première bande dessinée jeunesse ! Vous avez déjà co-écrit Suzy et Godefroy allô 1313, en 2010 chez Sarbacane. Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir à ce genre, vous qui êtes plutôt habituée aux romans et documentaires ? Et quelle est ou quelles sont les plus grosses contraintes à gérer ?
Avec Suzy et Godefroy et avec l’aide de ma belle sœur Fanny Joly, j’ai appris à concevoir un scénario de BD.
Je me suis aperçue que l’on pouvait faire passer beaucoup d’informations à travers la BD, plus que dans le documentaire. Les personnages sont vivants, ils bougent, ils parlent. Ce qui complète le texte courant qui file tout au long de la BD.
Mais représenter des idées abstraites, des ruptures n’est pas toujours facile dans la BD. Il faut à tout prix des images. Un inconvénient mais aussi une facilité car cela permet d’expliquer avec des images successives. Exemple : la féodalité au Moyen Age.


Cinq tomes sont déjà parus pour L’Histoire de France en BD. C’est Bruno Heitz qui illustre. Comment se passe cette collaboration ?
Avec le temps et les parutions nous sommes devenus un peu un vieux couple. On anticipe ce que va faire l’autre…
J’écris le scénario où je propose un découpage par page à partir d’un synopsis validé par l’éditeur. Reste à Bruno à l’interpréter avec son trait, son humour et sa façon de représenter les situations. Si décalage, je corrige avant qu’il passe à la couleur. Là encore, notre éditeur intervient et y met son grain de sel toujours bien à propos car il a une vue juste et synthétique.


Si vous deviez voter pour votre tome préféré parmi les cinq, vous choisiriez lequel et pourquoi ?
J’aime beaucoup Louis XIV car j’ai pu y mettre des informations actualisées sur la vie de cour notamment (à laquelle les historiens commencent vraiment à s’intéresser). De plus, c’est une période glorieuse, fondatrice de notre Histoire où se retrouvent beaucoup d’aspects : vie quotidienne, culture, face brillante et face noire d’un règne.

Pouvez-vous d’ores et déjà nous dire quels sont les tomes suivants prévus ?
Saint Louis et le beau Moyen Age, la première guerre mondiale….

Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Lorsqu’on se passionne par l’Histoire dès le plus jeune âge, on reste passionné toute sa vie et cet intérêt est d’une grande richesse. On ne s’en lasse pas.

Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation.
Isabelle.

Interview réalisée le 9 avril 2013.

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Bonjour Dominique Joly,
Passionnée d’histoire, vous avez été enseignante, puis écrivain. Qu’est-ce qui vous a incité à changer ainsi de voie ?

Je n’ai pas l’impression d’avoir changé de voie. Je suis passée d’un type de transmission à un autre avec la volonté de m’extraire de la lourdeur bureaucratique de l’Education Nationale et de continuer mon chemin en empruntant un parcours plus individuel, moins formaté et prometteur d’aventures et de rencontres.

Parmi tous les ouvrages historiques que vous avez écrits, trois ont été publiés dans la collection « Mon histoire » aux éditions Gallimard jeunesse : Sous la Révolution française, journal de Louise Médréac, 1789-1791 ; A la cour de Louis XIV : journal d'Angélique de Barjac, 1684-1685 ; Yves, captif des pirates : journal de bord, avril-août 1718. Comment est née cette participation à cette collection ?
Je travaillai depuis longtemps avec Catherine Bon qui était alors chargée du livre documentaire chez Gallimard Jeunesse. J’ai beaucoup apprécié de collaborer avec elle. Lorsque la collection Mon Histoire a été lancée, elle m’a proposé d’y participer car elle savait que j’étais spécialisée en Histoire et que je cherchais à approcher le genre « roman historique ».

Le dernier de ces romans est donc Yves, captif des pirates : journal de bord, avril-août 1718, à destination des lecteurs masculins. On sait que la piraterie fascine les petits garçons. Pourtant, le roman en montre toute la cruauté. Il s’agissait pour vous de mettre en avant la réalité des choses tout en attirant par un thème apprécié ?
J’avais déjà travaillé sur le sujet. Deux ouvrages : Le Dico des pirates et des corsaires chez La Martinière Jeunesse, Les Pirates chez Tourbillon. Forte de mes connaissances, j’ai eu envie de mettre en scène un personnage fictif dans un cadre bien réel : la mer des Antilles au début du XVIIIe siècle.

Dans votre roman A la cour de Louis XIV : journal d'Angélique de Barjac, 1684-1685, par la narratrice Angélique, vous montrez clairement que la vie à la cour de Versailles n’était pas forcément réjouissante. Il vous fallait rétablir une vérité trop souvent oubliée dans la littérature jeunesse ?
Oui mon roman est un contre pied à ce qui est produit actuellement sur le sujet. Versailles sous Louis XIV ce n’est pas qu’une histoire de princesses qui dansent sous les lambris dorés du palais. Il y a une réalité : les intrigues, les hypocrisies, le poids de l’étiquette, toutes les très fortes contraintes auxquelles sont soumises les personnes dans l’entourage du roi. Et les drames du règne de Louis XIV ( guerres, persécutions religieuses…)

Comme son titre l’indique Sous la Révolution française, journal de Louise Médréac, 1789-1791 aborde la Révolution française. Sur un événement aussi large dans sa durée et son environnement, ce n’était pas trop difficile de faire évoluer la narratrice Louise pour que son témoignage reste crédible et bien sûr nous permette de suivre au mieux ce qu’il se passait ?
Non, ce qui me semblait intéressant était de montrer la Révolution coté Versailles, la façon dont elle y était perçue et vécue et les évènements révolutionnaires à Paris, tels qu’ils se sont déroulés avec une somme de détails de la vie quotidienne approchant au plus près la réalité du moment. Comment une jeune provinciale venue de sa Bretagne apprend son métier, découvre l’univers de Versailles, s’adapte à la vie de Paris tout en étant emportée dans la tourmente des évènements qui la dépassent.

Vous qui avez écrit de nombreux romans, documentaires, que trouvez-vous qui soit le plus intéressant dans l’écriture de ces romans sous forme de journal intime ?
Entrer dans la psychologie intime de son personnage, vivre une réalité quotidienne avec le plus de vérité possible, lui faire vivre une histoire avec des rebondissements... Le journal intime est un genre complet car il réunit tous les ingrédients du roman historique avec une exigence forte au niveau de la psychologie du personnage qui est changeante au fil des pages mais qui doit garder une cohérence.

Prévoyez-vous déjà d’écrire d’autres romans pour cette collection ? Si oui, peut-on savoir sur quels thèmes ?
Oui, j’aime tellement écrire dans cette collection que sitôt un titre terminé, je réfléchis au sujet du prochain.
Je prévois de mettre en scène un personnage garçon participant au chantier de la Tour Eiffel en 1888-1889.


Et en dehors de cette collection, préparez-vous actuellement un autre roman historique jeunesse ?
Non mais je continue à travailler sur le documentaire historique. Passer de l’un à l’autre ( roman historique) me plait beaucoup.

Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Quand on est passionné par l’Histoire, on a devant soit un champ illimité de surprises, d’étonnements, d’aventures. C’est une grande chance ! Et impossible d’être rassasié !

Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation.
Isabelle.


Interview réalisée le 11 décembre 2012.