L'interview de MERLE Claude

MERLE Claude

Bonjour Monsieur Merle,

Votre bibliographie est riche de romans et biographies historiques jeunesse. A travers vos livres, vous continuez d’enseigner, de transmettre, de valoriser l’Histoire auprès des jeunes générations. D’où sont nées ces passions de l’écriture et de l’Histoire ?

Elles viennent de très loin. A 12 ans, déjà, ma bibliothèque débordait de romans d’Alexandre Dumas, Paul Féval (Le Bossu), Walter Scott (Ivanhoé), Mérimée (Chroniques du règne de Charles IX), Pouchkine (La Fille du Capitaine), Sienkiewicz (Par le Fer et Par le Feu). Pourtant mes premiers manuscrits s’orientaient plutôt vers la science fiction.

Si j’en juge par votre bibliographie, vous aimez plus particulièrement l’Antiquité et le Moyen Age. Qu’est-ce qui vous plaît, vous fascine dans ces périodes historiques ?
A vrai dire, je n’ai pas de périodes historiques favorites. Mais je suis médiéviste de formation, et j’ai eu pour professeur, à l’université, un très grand historien, Georges Duby. Sa manière d’enseigner le Moyen Age a suscité bien des vocations et alimenté des passions qui ne demandaient que ça pour éclore. Mes premiers romans (adultes) ont utilisés tout naturellement le fruit de mes recherches universitaires sur le Languedoc du XIIIe siècle.

Depuis 2009, vous êtes l’auteur attitré de la collection Héros de légende aux éditions Bayard jeunesse. D’Artagnan, Achille, Arthur, Cléopâtre, autant de personnages qui ont marqué leur époque mais que les jeunes lecteurs ne connaissent peut-être pas si bien que cela. Ces biographies romancées sont un moyen de les faire revivre et de permettre aux jeunes de mieux comprendre une époque, des événements, à travers ceux qui ont fait l’Histoire ?
Héros de Légende, oui. Soit des personnages historiques dont on connaît mieux la légende que la réalité (Vercingétorix), soit des héros imaginaires plus réels que bien des personnages historiques (Lancelot). Ces biographies permettent, en effet, de reconstituer des univers disparus, un art de vivre et de penser, des mentalités étrangères aux nôtres, dans un style actuel qui incite les jeunes lecteurs à pénétrer sans effort dans ces époques lointaines.

Et depuis 2015, nous pouvons vous retrouver aux éditions Bulles de savon. Comment avez-vous connu cette maison d’édition ?
Bulles de Savon, c’est une rencontre fortuite et enrichissante, au Salon du Livre de Tanger (le monde est petit !) Des gens passionnés, cultivés et généreux, tout ce qu’il faut pour m’encourager à écrire, moi qui ai déjà tant écrit !

Un premier roman a été publié dans la collection L’Histoire, c’est un roman, Le temps des loups. Pour le coup, l’Antiquité et le Moyen Age sont mis temporairement de côté, le récit se déroule au moment de la Renaissance, une époque pourtant très peu explorée en littérature jeunesse. D’où vous est venu ce récit ?
Le temps des loups se déroule en 1513. Mais, en réalité, le récit est presque intemporel, car il se situe dans un pays sauvage où le temps paraît immuable. J’aurais pu aussi bien le situer deux siècles auparavant sans modifier mon décor et mes personnages. Cela dit, j’ai écrit d’autres livres sur la Renaissance : Le Chevalier de Marignan (Hachette), Le Sang d’Aragon (Intervista), et, bientôt, La Mort du roi Chevalier (Bulles de Savon).

Et ce début d’année, vous voici désormais à la tête d’une nouvelle collection de romans historiques jeunesse, aux éditions Bulles de savon : Les détectives de l’Histoire , avec pour premier titre Néron l’incendiaire. Racontez-nous la naissance de ce projet et comment vous envisagez la suite de cette collection.
Les Détectives de l’Histoire : une tentative pour associer deux genres littéraires différents : le roman policier et le roman historique. Le principe consiste à choisir un personnage réel et à le charger d’enquêter sur un drame mystérieux dont il a été le témoin privilégié : l’incendie de Rome sous le règne de Néron, la mort tragique du roi Henri II, en 1559, l’avènement de Charlemagne, souverain unique à la mort de son frère, etc. Les détectives : un préfet des vigiles, sous Néron, le capitaine des gardes de Catherine de Médicis sous François II, un ministre de Charlemagne. Le point de vue d’un contemporain est primordial dans cette série, et il fait son originalité.


Vous qui avez enseigné l’Histoire, qui continuez d’écrire pour les jeunes sur l’Histoire, trouvez-vous que cette littérature, beaucoup plus diversifiée et conséquente ces dernières années, va permettre de redonner goût aux jeunes pour ce pan de la connaissance ?
Si la littérature est importante, et elle l’est de plus en plus, la passion des jeunes pour l’Histoire dépend avant tout de la manière dont on l’enseigne. Je vais parfois animer des classes. A cette occasion, je rencontre des profs extraordinaires. Je les envie et j’envie leurs élèves. C’est dire que je regrette toujours l’enseignement, bien que la littérature que je pratique soit un autre moyen d’enseigner.

Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
Cherchez bien dans la littérature jeunesse. On y trouve des auteurs étonnants. Je me perds souvent avec bonheur dans leurs récits comme si j’avais toujours quatorze ans.

Je vous remercie pour vos réponses et vous souhaite une bonne continuation.
Isabelle.


Interview réalisée le 26 mars 2016.