L'interview de JAY Annie

JAY Annie

Annie Jay est une auteure très reconnue dans le genre des romans historiques pour la jeunesse. Sa période de prédilection reste l'époque moderne et principalement le siècle de Louis XIV. Même si elle a aussi écrit sur l'Antiquité et s'essaiera peut-être à d'autres périodes historiques.

Bonjour Annie Jay,

Vous êtes l’auteure de 9 romans, dont 8 romans historiques. Bien qu’ils s’agissent de fictions, ces livres vous ont demandé beaucoup de recherches, de documentation sur les périodes historiques, les personnages. Ce cadre historique, grâce aux faits et dates connus, vous semble-t-il plus facile à mettre en scène qu’un autre genre roman ?

Oui, effectivement. C’est d’ailleurs ce que j’apprécie dans l’écriture des romans historiques. J’agis comme un metteur en scène de théâtre. Le décor est planté. Il est fixe, immuable. Il n’y a rien à inventer. Tout y est réglé d’avance, dans les moindres détails : paysages, urbanisme, costumes, langage, sans parler des faits, qui ne sauraient être remis en question ou modifiés.
Il est ensuite aisé d’y faire évoluer les acteurs. Cependant, ce n’est qu’après avoir longuement étudié ma documentation, que je mets en place mes personnages et que je leur donne vie.


L’Histoire n’est pas souvent la discipline préférée des jeunes. Ils peuvent la trouver rébarbative, sans intérêt. Pensez-vous que les romans historiques et notamment les vôtres qui explorent bien dans le détail tout un pan de l’Histoire de France peuvent réconcilier certains élèves avec l’Histoire ? Ou constatez-vous que ce sont surtout ceux qui aiment l’Histoire qui lisent ce type de romans ?
J’aime l’idée, naturellement, que mes romans puissent réconcilier les jeunes avec l’Histoire ! J’ai la très grande chance de rencontrer mes lecteurs. J’entends régulièrement, et toujours avec joie, des jeunes me dire : « avant je n’aimais pas l’Histoire, grâce à vous, je m’y intéresse. » Quelle victoire pour moi d’avoir su faire passer un peu de ma passion, et de l’avoir partagée !
Je suis persuadée que le livre historique est l’un des meilleurs supports donnés aux jeunes pour se familiariser avec l’Histoire, pour la leur rendre plus humaine grâce à ses côtés anecdotiques. Cette familiarisation, bien sûr, vient en complément de l’enseignement prodigué en milieu scolaire.
Pour revenir votre question, je ne saurais vous dire si mes livres sont plus spécifiquement « choisis par plaisir » par des jeunes lecteurs aimant l’Histoire, ou s’ils ne sont « appréciés » par des élèves qu’après une lecture imposée par leur enseignant... Je pense que les deux sont vrais.


Dans une interview, vous avez dit aimer l’époque de Louis XIV pour le « renouveau dans tous les domaines : artistique, artisanal et culturel. Je préfère, entre toutes, les années 1670 à 1685 qui coïncident avec l’apogée du règne. En quinze ans, le jeune Louis XIV fera de son pays le plus puissant et le plus riche d’Europe.
C’est également au cours de ces années qu’eurent lieu quelques scandales, comme l’Affaire des Poisons ou le complot du Chevalier de Rohan… Sans parler des intrigues de Cour ! ».
Dans les 3 romans que je viens de lire et qui se déroulent à cette époque (Complot à Versailles, A la poursuite d’Olympe, Au nom du roi), on voit que le peuple n’a pas été oublié. On trouve même dans ces romans une multitude de détails sur la vie quotidienne des gens à cette époque. Cela vous semblait donc indispensable d’aborder aussi ces classes sociales, même si c’est bien le faste de la Cour qui fait davantage rêver les lecteurs ?

Oui, pour moi c’était essentiel ! Peu après l’écriture de mon premier roman, Complot à Versailles, j’entendais invariablement les jeunes me dire, un sourire béat aux lèvres : « Ah ! l’époque de Louis XIV, Versailles, la Cour, les bals, les festins, qu’est-ce que j’aurais aimé vivre à cette époque ! » Autant de clichés qui ont la vie dure !
C’est oublier que la Noblesse ne représentait qu’une partie infime de la population… J’ai donc décidé de parler, dans un deuxième roman, des petites gens du peuple, afin de montrer les réalités de la vie au XVIIème siècle. Je crois que l’on ne peut bien dépeindre une époque qu’en la prenant dans son ensemble, en décrivant toutes ses couches sociales.
Ce besoin de « réalité sociale » va effectivement à l’encontre de ce que me demandent mes lecteurs (ou plutôt, devrais-je dire, mes lectrices, car ce sont principalement des filles qui lisent mes livres). Ces demoiselles recherchent plus volontiers des romans avec de belles robes, des bijoux et de grands sentiments. Je fais donc dorénavant en sorte, pour les satisfaire et pour respecter la réalité, de mêler splendeurs et misères, fastes et bas-fonds...


L’Inconnu de la Bastille est votre dernier roman. Parmi les projets que vous mentionnez sur votre site, peut-on savoir quel sera le prochain roman à paraître ?
Pour le moment, je n’ai pas de roman en cours de parution. Je travaille sur plusieurs projets : tout d’abord une suite de Complot à Versailles, que de nombreux lecteurs me réclament. Egalement une nouvelle aventure d’Exupère Lecoq, le héros de Au nom du Roi... Et j’ai aussi dans l’idée un roman sur Marie-Antoinette, et un autre sur Joséphine...

Actuellement, vous avez déjà écrit sur l’antiquité, l’époque moderne. Y-a-t-il certaines grandes périodes de l’Histoire sur lesquelles vous ne souhaitez pas écrire ? Et si oui, pourquoi ?
A priori, oui. Je n’ai jamais envisagé d’écrire sur le Moyen âge, parce que j’ai beaucoup de mal à m’y projeter. Cette période est longue, politiquement complexe et, comme l’époque de Louis XIV, bourrée de clichés auxquels on a du mal à échapper, tels que chevaliers, châteaux forts et damoiselles.
Lorsque j’ai commencé à écrire, j’ai rejeté, d’emblée, les époques de la Révolution ou de l’Empire. A vrai dire, je connaissais assez mal ces périodes, car j’en gardais de très mauvais souvenirs scolaires (trop de dates, de batailles, de traités, de personnages…). J’ai pourtant franchi le pas avec L’Inconnu de la Bastille, dont l’écriture a été un double défi pour moi : comprendre la Révolution et rédiger un roman à quatre mains avec mon amie Micheline Jeanjean.
Aujourd’hui, je m’intéresse de près à l’Empire... J’envisage un roman dont l’action se déroulerait dans l’entourage de l’impératrice Joséphine… Alors qui sait… Peut être écrirais-je tout de même un jour sur le Moyen Âge ?


Un dernier petit mot pour les lecteurs d’Histoire d’en Lire ?
J’aime partager des émotions avec mes lecteurs, les emmener, les faire voyager dans le temps. Ecrire, c’est aussi pour moi l’opportunité d’étudier une époque, de l’apprécier. J’aime découvrir – et faire découvrir - des hommes et des femmes du passé, des destins hors du commun, des héros anonymes, des petits métiers oubliés, des endroits pittoresques, des lieux mythiques...
Un dernier petit mot ? Je vous en donnerai trois : Vive les livres !
Et un grand merci à vous, Isabelle, ainsi qu’à Histoire d’en Lire, un site bien agréable à parcourir, en lui souhaitant longue vie !
Amicalement
Annie Jay


Un grand merci à vous, Annie Jay, pour m'avoir accordé votre temps pour cette interview.
Isabelle.


Interview réalisée le 20 octobre 2008.