Jeanne Colin est une provinciale, originaire de Saint-Quentin en Picardie. Depuis l'âge de cinq ans, elle rêve de Versailles que ses parents lui ont fait visiter. A l'âge de 16 ans, devenue orpheline, elle part rejoindre sa cousine Claude qui vit à Versailles avec son mari boulanger, Charles. Le rêve semble devenir réalité. Mais Claude l'a met en garde. Versailles a ses codes et seule la noblesse s'y impose. Pourtant, Jeanne est bien décidée à s'intégrer à ce milieu pourtant si fermé.
L'avis d'Histoire d'en lire
Passionnée de l'univers versaillais, Lova Pourrier signe là un roman pour les adolescents, chose plutôt rare qu'il convient de signaler, alors qu'il existe tant de titres pour un lectorat plus jeune.
Alors oui, choisir le Versailles du XVIIe siècle comme cadre, c'est en venir à décrire le faste des lieux. Lova Pourrier a fait le choix de faire évoluer son personnage principal, Jeanne Colin, au sein de la noblesse, ce groupe si fermé, excluant toute autre personne étrangère à ce milieu et ne vivant que de ragots, mesquineries et autres complots au quotidien. Jeanne fait rapidement le choix de s'imposer autrement... Elle bénéficie certes de séances d'entraînement grâce à Charlotte mais reste l'objet de nombreuses moqueries. Il lui faut donc aller plus loin.
S'engage dès le premier chapitre, avant même qu'on n'entre dans l'intrigue, un jeu de cache-cache à coup de lettres rondement tournées, cyniques, de quoi faire réagir leurs destinataires et semer une belle discorde. Dans un milieu comme celui-là, l'honnêteté et la bienveillance n'ont aucune prise. Mlle Versailles l'a bien compris.
Le récit est bien écrit et régulièrement, des lettres de Mlle V. viennent redonner du piquant à tout cela. Voilà le vrai visage de Versailles, les nombreux coups bas, la seule manière véritable d'être sur le devant de la scène. La fiction vient ici totalement servir la description des lieux, de l'époque, du quotidien au château de Versailles. Un monde sans foi ni loi où seuls les plus forts s'en sortent.
Si on est "mal" né, il faut savoir jouer sur d'autres atouts et affuter son esprit. Un roman rythmé qui amène nécessairement à réfléchir sur les apparences.