En 1532, à Lyon. Servais des Collines est le fils d'un imprimeur. Mais même si ce milieu le fascine, il préférerait partir au loin, naviguer, devenir cartographe comme les grands navigateurs dont il lit les aventures à travers les ouvrages qu'imprime son père. Un père qui souhaite plutôt lui assurer un avenir plus sûr et plus ouvert. Il l'envoie à Paris pour étudier selon les principes humanistes. Les premiers temps sont difficiles pour Servais, surtout que le collège Montaigu où il étudie est très sévère ! Tout change grâce à de précieuses relations de son père et de nouvelles rencontres qui vont s'avérer déterminantes. Mais tout occupé à penser à ses futurs voyages, Servais ne prend pas tout de suite conscience des profonds bouleversements qui agitent le royaume : Catholiques et Luthériens sont en désaccord profond sur la question religieuse.
L'avis d'Histoire d'en lire
La Renaissance française reste une époque historique peu abordée en littérature jeunesse alors qu'elle est foisonnante d'un point de vue culturel. C'est bien sûr la naissance de l'imprimerie grâce à Gutenberg. Tout un quartier de Lyon vit désormais de cette nouvelle production qui permet une diffusion plus massive et moins coûteuse des livres. Et la Bible est justement l'un des ces ouvrages qui bénéficie d'une plus large diffusion. Mais les clercs préfèrent qu'elle soit écrite en latin, or grâce à l'imprimerie, la Bible est désormais disponible en français, permettant de toucher une plus large population. C'est aussi à cette période que se développe le courant luthérien, qui dénonce fermement les travers de l'Eglise catholique.
Grâce à ses parents, Servais a grandi dans un environnement libre de toute religion et a appris à penser par lui-même. Obnubilé par les aventures et les voyages qu'il aimerait vivre, il met un certain temps à comprendre l'agitation qui secoue Paris et le quartier latin où il évolue. Son ami Quentin lui permet de prendre davantage conscience de ce qui est en train de se passer. Devenu protestant, Quentin affirme clairement sa position et se met en danger au même titre que d'autres protestants. Car c'est un véritable bras-de-fer qui s'engage entre Luthériens et Catholiques et le duel est arbitré par le roi François Ier en personne qui prend publiquement position pour les Catholiques. Servais et ses amis côtoient également d'autres personnages historiques ayant réellement existé, donnant un attrait et une véracités supplémentaires au récit.
J'ai trouvé l'intrigue un peu longue à s'installer, la narration se centrant sur le personnage de Servais, très timide et rêveur, qui n'est pas particulièrement ravi d'aller étudier à Paris. Il faut bien attendre la moitié du roman pour que la situation prenne un tournant plus tendu avec les premiers protestants qui se font connaître, qui se font arrêter. Servais étant désormais entouré de connaissances de son père, d'amis, de sa petite amie, le contexte historique peut davantage être développé pour mieux comprendre toute l'importance de ce qui est en train de se passer. Dès lors, même si c'est bien une tragédie que l'auteure Anne Percin retrace, le roman a gagné en dynamisme et en intérêt.
Plus qu'un aventurier de la Renaissance, Servais des Collines est un témoin des prémices des guerres de religion qui vont secouer le XVIe siècle. Le jeune homme parviendra-t-il à réaliser ses rêves dans ce contexte ?