En 1739, Henri, 12 ans, et ses frère et sœur d'adoption, Luigi et Maugette, sont des spécialistes du chapardage de morues ! C'est en détalant dans les ruelles de Nantes qu'ils espèrent bien semer leurs poursuivants ! Et c'est là qu'ils rencontrent Nyah, une jeune fille noire qui a échappé aux négriers. Depuis longtemps, la ville de Nantes est réputée pour son commerce entre la France, l'Afrique et les Antilles, échangeant des personnes de peau noire contre des produits exotiques. Les trois enfants sont bien décidés à cacher et protéger leur nouvelle amie.
Citations "-... Les Blancs nous ont mis des chaînes aux pieds, aux poignets et au cou. Ils nous ont fait monter dans un bateau, un grand bateau. Ils ont séparé les femmes, les hommes et les enfants. Ils nous ont fait entrer à l'intérieur, tellement nombreux qu'on avait à peine la place de s'asseoir et encore moins de dormir...
Son nez se fronça d'une manière qui aurait été charmante si son expression n'avait été si terrible.
-... Il n'y avait aucune... commodité. On nous laissait sortir sur le pont, mais seulement la journée pour nous "dégourdir les jambes". Ils nous obligeaient à danser, et ceux qui ne voulaient pas... On les fouettait." p. 78 à 80
L'avis d'Histoire d'en lire
On connait Jean-Luc Marcastel pour ses romans de fantasy/fantastique et cette fois, c'est dans un univers historique du XVIIIe siècle que l'auteur nous plonge.
Nantes et le commerce triangulaire
Jean-Luc Marcastel place son récit au cœur de la ville de Nantes, réputée pour être la plaque tournante du commerce triangulaire, reliant l'Afrique à l'Europe puis aux Amériques. En 1739, l'esclavage des Noirs d'Afrique est permanent et les habitants de Nantes sont peu regardants sur ce qui se déroule sous les yeux.
Lorsque Nyah entre en scène dans le roman, elle décrit ce qu'elle a vécu depuis l'arrachement à sa terre natale, le voyage dans des conditions terribles et sa fuite pour échapper au travail forcé en Amérique. Son discours est émouvant et c'est ainsi que ses nouveaux amis, Henri, Luigi et Maugette prennent conscience de la réalité de l'esclavage. Les émotions de ces trois jeunes gens sont communicatives et le lecteur est directement touché lui aussi par le vécu de Nyah. En fin de livre, le dossier documentaire revient plus largement sur l'histoire de l'esclavage et le commerce triangulaire, avec de nombreux éclaircissements que le récit ne permettait pas d'amener.
Un roman d'aventure
Et avec Jean-Luc Marcastel, voyager à travers la grande Histoire se fait par le biais de l'aventure. Dès le début, nous faisons connaissance avec Henri, Luigi et Maugette alors qu'ils viennent de voler de la morue et courent à toute vitesse dans les rues de Nantes. C'est cette course effrénée qui leur vaudra de tomber nez à nez avec la jeune Africaine.
Une fuite qui va se poursuivre dans d'autres circonstances dès lors que les enfants acceptent, avec l'aide d'Anna-Maria, la mère de Luigi, de la cacher.
C'est ainsi que la légende de Libertalia refait surface, une terre rêvée où tout un chacun a les mêmes droits que l'autre, où les richesses sont équitablement partagées. Une légende qui est davantage détaillée en fin de livre.
Les rebondissements ne manquent pas, l'auteur relance toujours le récit au meilleur moment, l'action prenant le pas sur le côté historique.
Les pirates font leur apparition et qui dit pirates dit souvent bagarre et action !
Et une touche de fantastique
Ce serait bien mal connaitre Jean-Luc Marcastel s'il n'y avait pas une touche de fantastique dans ce roman d'histoire et d'aventure !
Sans trop en dire, c'est un plus qui amène son originalité au récit.
Libertalia est un roman prenant, très bien rythmé tant par le récit que les illustrations en noir et blanc de Cécile et Lionel Marty. Tout deux contribuent à nous immerger dans cet univers du XVIIIe siècle, entre aventure et fantastique.