En 175, à Lugdunum, la capitale des Gaules, Alba, âgée de 12 ans et demi, et sa famille respectent scrupuleusement les rituels romains et vénèrent les dieux et l'empereur Marc-Aurèle. Alba a deux amies qui lui sont chères : Ksenia et Gaïa. Mais cette dernière semble avoir changée depuis quelques temps. Il se murmure de plus en plus que certaines personnes ne respectent pas le culte romain, ces Chrétiens qui ne reconnaissent qu'un seul Dieu. Alba apprend de son amie Gaïa qu'elle a rejoint la foi chrétienne. Loin de la rejeter, Alba s'interroge. Malgré cette différence de croyance, les Chrétiens ne font aucun mal. Petit à petit, la jeune fille découvre que de nombreux Chrétiens font finalement partie de son entourage. Alba les écoute et est touchée par leur foi. Elle finit par entrer dans ce nouveau cercle, malgré les menaces qui pèsent de plus en plus sur la communauté chrétienne. Loin de tolérer cette nouvelle religion, les hommes du pouvoir de Lugdunum entreprennent de persécuter ces hommes et ces femmes jusqu'à la mort. Par son changement de religion, Alba met en danger toute sa famille, jouissant pourtant d'une bonne position sociale.
L'avis d'Histoire d'en lire
Pour aborder le thème des persécutions contre les Chrétiens au IIe siècle, Paule du Bouchet a imaginé le personnage d'Alba et a placé son récit dans une ville restée tristement célèbre pour ce sujet-là : Lugdunum.
Car c'est bien à Lugdunum, en 177, que s'organise le premier groupe de Chrétiens connu en Gaule. La Gaule étant une colonie romaine, les cultes romains ont remplacé les cultes gaulois. Et même si Paule du Bouchet ne s'appesantit pas sur la vie quotidienne de la population sous l'ère romaine, on en comprend l'essentiel.
A travers le journal intime d'Alba, l'autrice a choisi de centrer tout de suite son propos sur la question religieuse et le développement du christianisme en Occident. Bien qu'il n'y ait pas de directive précise émanant de l'empereur, les autorités de Lugdunum désignent les Chrétiens comme bouc émissaire. La plus petite anormalité du quotidien leur est reprochée et on voit parfaitement la tension qui monte au sein de la population.
Du haut de ses 12 ans et demi, Alba affiche une belle maturité. Même si on a l'impression qu'elle se laisse assez facilement convaincre par ses amis chrétiens, en venant complètement à se convertir, elle affiche une belle tolérance, une ouverture d'esprit qui échappe totalement aux autres.
Son journal intime devient progressivement un recueil de témoignages pour que soient consignées scrupuleusement les horreurs perpétrées à l'encontre des Chrétiens. Les martyrs de Lyon qui apparaissent dans le récit ont réellement existé : l'évêque Pothin, Blandine, Maturus, Sanctus... Les passages qui décrivent leurs supplices sont très durs et rendent compte clairement de la réalité.
L'émotion est omniprésente et la lecture passionnante. Bravo à Paule du Bouchet qui aborde là un sujet difficile et peu exploité en littérature jeunesse.
Un court dossier clôt le roman en refaisant le point sur le contexte historique, politique et religieuse du règne de Marc-Aurèle.