Azadeh et Malala sont nés le 12 juillet 1997 à Mingora au Pakistan. Alors que la naissance du petit garçon donne lieu à de grandes festivités, celle de la petite Malala reste discrète. Au Pakistan, avoir une fille est signe de malchance. Mais Tor Pekei et Ziauddin sont fiers. Ce dernier, directeur d'une petite école, entend bien élever et éduquer sa fille avec les mêmes droits qu'un garçon. Très tôt, Malala entre à l'école de son père, apprend à lire, à écrire, à compter. A l'inverse, le père d'Azedeh refuse que son fils aille à l'école, il n'en voit tout simplement pas l'intérêt.
A seulement 11 ans, Malala est tout autant engagée que son père pour le droit à l'éducation des enfants, et notamment des filles. Mais c'est sans compter sur les Talibans qui prennent le pouvoir en 2007. Les filles n'ont plus le droit d'aller à l'école et les Talibans font respecter la charia la plus stricte. La population de Mingara fuit. Pendant ce temps, Malala continue de faire entendre sa voix auprès des Occidentaux pour faire comprendre au monde entier la terreur dans laquelle vit désormais le Pakistan.
L'avis d'Histoire d'en lire
Malala a reçu le prix Nobel de la Paix en 2014, à seulement 17 ans. Pourquoi une telle distinction si jeune ? Grâce à ses parents si proches et présents, Malala a eu la chance d'aller à l'école très tôt, d'apprendre, de s'ouvrir et s'intéresser au monde qui l'entoure, la misère d'une majorité du peuple pakistanais.
Si Malala est devenue si vite une icône, c'est bien grâce aussi aux médias occidentaux qui ont suivi de près son parcours, son courage indéfectible, ses discours empreints d'une grande maturité et d'une force incroyable pour une jeune fille de son âge. Isabelle Wlodarczyk a donc choisi de retracer les grands moments du destin de Malala. Une petite fille qui naît une nuit sans étoile, sans fête d'aucune sorte comme le veut la tradition. Mais une petite fille qui suit le chemin tracé par son père et qui tient tête aux Talibans.
Et j'ai justement beaucoup apprécié le parallèle fait entre Malala et Azadeh, nés le même jour, dans le même village. L'une qui se dresse vers la lumière, la beauté de la vie grâce à l'instruction ; l'autre qui est enrôlé par les Talibans, prêt à commettre les actes les plus violents, à cause de l'ignorance dans laquelle on l'a délibérément laissé. La prise de pouvoir par les Talibans est justement très bien évoquée dans ce roman. En amadouant le pauvre peuple pakistanais par son souhait de financer une école religieuse coranique, le prédicateur Fazlullah pose les bases de son endoctrinement. Et c'est ainsi que petit à petit, il instaure un véritable régime basé sur la terreur, la violence surtout à l'égard des femmes, prépare de jeunes hommes à devenir des martyrs en se faisant exploser dans des lieux stratégiques.
Un contexte politique et social qui reste malheureusement d'actualité. La lutte contre le terrorisme religieux, les Talibans se poursuit. La jeune Malala incarne elle la lutte pacifique en prônant l'éducation pour tous, véritable clé pour mettre fin à ces violences et ces endoctrinements.
Isabelle Wlodarczyk a su faire ressortir pleinement les points essentiels de la question pakistanaise mêlant biographie romancée et part fictive à travers le personnage d'Azadeh.
Le dossier documentaire présent à la fin du roman est le bienvenu pour détailler davantage la situation géopolitique du Pakistan, le régime de terreur des Talibans, leur tentative d’assassinat de Malala, le droit à l'éducation prôné par la jeune fille.