L'hiver 1954 est extrêmement rude en France métropolitaine. Henri Grouès, connu bien vite sous le nom d'abbé Pierre, appelle à l'aide pour de nombreuses personnes seules ou en famille qui meurent de froid dans la rue. Héléna Kolbe et d'autres amis répondent à cet appel et prêtent main forte au Secours populaire ou catholique pour héberger ces sans-abris dans des squats.
Parallèlement, Héléna poursuit ses études à l'université et prépare sa thèse d’ethnographie. Pour cela, elle part sur le terrain, en Algérie, colonie française. Elle arrive à Alger en septembre 1954 et se rend dans l'Aurès, un grand massif montagneux où vivent des Berbères. Héléna y est accueillie chaleureusement bien qu'il soit difficile de communiquer avec les habitants. Très rapidement, elle se rend compte à quel point ces personnes vivent pauvrement. La nourriture a du mal à leur parvenir. Des massacres sont perpétrés et Héléna est faite prisonnière. Ses amis et sa famille sont sans nouvelles. Ils entreprennent alors de tout faire pour la retrouver et la ramener en métropole.
L'avis d'Histoire d'en lire
Robert Bigot explore les débuts de la guerre d'Algérie avec ce roman Sous le calme du djebel. Un calme très relatif, en effet, qui cache un véritable soulèvement de cette population sous domination coloniale depuis 1830. C'est Héléna Kolbe, une jeune étudiante en ethnologie qui est témoin du début de ce conflit que personne n'appelle encore guerre.
Par ailleurs, l'auteur va encore plus loin en mettant en parallèle la guerre telle qu'elle se déroule sur le terrain, en Algérie, mais aussi telle qu'elle est vue en métropole et notamment à Paris. Les faits sont complètement minimisés, les journaux parlent seulement d'évènements. La réalité est faussée et tout ceci est parfaitement retranscrit dans ce roman.
Sous le calme du djebel est un texte d'une grande force, qui ne se borne pas à ne voir les choses que du côté français, bien au contraire même. C'est une mine d'informations sur le contexte social et politique de l'hiver 1953-1954 et l'année 1955. Tous les évènements ont des liens entre eux et le lecteur en ressort enrichi.
Le style littéraire de Robert Bigot est toujours d'aussi grande qualité. Outre le thème qui est déjà en lui-même passionnant, on apprécie de se laisser porter par sa plume, par cette richesse de vocabulaire, cette parfaite maitrise des temps de conjugaison.