Simon vit avec ses parents dans un petit village allemand. En 1938, la vie devient de plus en plus difficile pour les familles juives comme la sienne. Pourtant, Simon rêve d'une jolie paire de souliers noirs fabriquée et vendue par le vieux cordonnier Jacok, devant chez qui il passe tous les jours.
L'avis d'Histoire d'en lire
Aborder la Seconde Guerre mondiale de manière originale est de plus en plus difficile compte tenu de la production sur ce sujet. Pourtant, le duo Françoise Legendre / Jean-François Martin nous offre ici un album terriblement émouvant. Comme son titre l'indique, Le Soulier noir centre le récit sur une paire de souliers vendue par le vieux cordonnier. Le petit Simon rêve de la posséder, jusqu'à cette belle surprise... Déjà les auteurs préparaient le changement de contexte : les familles juives qui disparaissent sans laisser de trace, les commerçants qui ferment les uns après les autres faute d'achats. Et vient l'arrestation, le réveil brutal, Simon n'a le temps d'enfiler qu'un seul soulier.
Un rythme de récit qui va crescendo pour donner plus de poids à l'émotion. Et pourtant, Françoise Legendre n'emploie jamais aucun mot propre à cette période historique : Seconde Guerre mondiale, Nazis, Juifs, déportation... Tout passe par la suggestion.
Même si Simon parvient, lui, à s'en tirer, c'est tout sa famille qui disparaît. Lui tente alors de se reconstruire dans une nouvelle famille, un nouveau pays. Mais le passé finit toujours pas ressurgir, quand lui arrive un petit colis contenant le soulier noir resté dans l'appartement.
Le format carré de l'album, les illustrations sobres contribuent à maintenir la terrible ambiance de ces moments. On a l'impression de retrouver les images d'antan. Bien qu'il s'agisse d'un album, il n'est pas recommandé pour les plus petits. En l'accompagnant, il est intéressant de l'aborder avec des enfants de 8-9 ans pour avoir une première approche des rafles de Juifs, ici avant même le déclenchement officiel de la Seconde Guerre mondiale.