Depuis 1936, l'Espagne connaît une violente guerre civile opposant les Républicains aux Franquistes. Trois ans plus tard, ces derniers ont gagné du terrain et le général Franco accède au pouvoir. Les derniers républicains préfèrent donc fuir et arrivent en France. Manuel est de ceux-là. Sa femme Maria et ses deux enfants Carmen et José le rejoignent quelques temps plus tard. Maria et Carmen restent dans un camp de réfugiés à Angoulême, tandis que Manuel et son fils sont enrôlés dans une Compagnie de Travailleurs étrangers. Les deux hommes finissent par rejoindre enfin le camp d'Angoulême et tous sont heureux d'être de nouveau réunis. Le répit est de courte durée. La France et l'Allemagne entrent en guerre. Suite à l'armistice française, les Nazis occupent une grande partie du pays. Arrivés à Angoulême, ils décident de déporter ces réfugiés étrangers vers le camp de concentration de Mauthausen, en Autriche.
L'avis d'Histoire d'en lire
Historienne et chercheuse à la Fondation pour la mémoire de la Déportation, Vanina Brière s'attache à redonner vie aux victimes des Nazis. Son roman Le Premier des convois fait référence au tout premier convoi de déportés quittant la France et organisé par les Nazis, le 20 août 1940.
Tout commence pourtant avec la guerre civile espagnole, entre 1936 et 1939, entre républicains et franquistes. L'auteure nous invite d'abord à suivre la famille de Manuel et Maria, prise dans la tourmente, la défaite des républicains et contrainte à l'exil. Des centaines d'autres familles franchissent le col du Perthus pour trouver refuge en France. Beaucoup de ces hommes, femmes et enfants sont conduits vers le camp de réfugiés d'Angoulême. Malgré ses 15 ans, José est séparé de sa mère et de sa sœur pour être envoyé dans une Compagnie de Travailleurs étrangers, où il retrouve son père.
Exil, séparation familiale, travail forcé, la nouvelle vie en France était déjà bien difficile et après d'heureuses retrouvailles, tout rebascule. En arrivant à Angoulême, les Nazis veulent se débarrasser de ces apatrides (les réfugiés espagnols se sont vus retirer leur nationalité par Franco), d'où la mise en place d'un convoi de déportation vers un camp situé en Autriche.
Avec justesse et émotion, Vanina Brière s'est appuyée sur les récits de témoins, de survivants, ses travaux de recherche pour reconstituer le destin effroyable de ces familles. Peu de personnes sont revenues vivantes du camp de Mauthausen, libéré par l'armée américaine le 5 mai 1945. Un épisode de la Seconde Guerre mondiale qui reste encore trop méconnu, autant en France qu'en Espagne. Ce n'est que le 19 janvier 2008 qu'une stèle commémorative est inaugurée à Angoulême pour rendre hommage aux victimes.
Le livre se termine par un dossier documentaire en couleurs qui retrace le contexte de la Seconde Guerre mondiale, précise les innovations techniques de l'époque, la vie ailleurs au même moment.
Un court roman facile d'accès, clair, concis pour se souvenir.