L'avis d'Histoire d'en lire
Les Papillons bleus est le premier roman historique pour ados de Pascal Ruter, lui qui a déjà abordé de nombreux sujets de société à travers ses autres écrits.
Dans un style minutieux et exigeant, l'auteur nous offre deux romans extrêmement complets sur la Seconde Guerre mondiale, en France. Il a travaillé à partir d'une solide documentation, citant quelques-unes des ressources utilisées, à la fin de chaque tome.
Pour dresser ce panorama, il a imaginé quatre jeunes personnages, quatre adolescents, Philippe, Félix, Jacqueline et Esther qui vont vivre la grande Histoire. Et comme il le précise en fin de romans, Pascal Ruter a aménagé certaines vérités historiques pour les besoins de la fiction.
Philippe, son meilleur ami Félix et la sœur de ce dernier, Jacqueline, vivent dans un petit village du Jura. Un endroit a priori bien paisible. Jusqu'à ce que la guerre éclate et jette sur les routes des milliers d'habitants, préférant fuir leurs chez-eux devant l'arrivée des Allemands.
De cet exode en mai 1940 à la libération de Valberg (le village des jeunes gens) pendant l'été 1944, tous les temps forts de la guerre sont évoqués. Et pour cela, l'auteur a amené ses personnages à se déplacer au gré des événements et parfois, à rencontrer certaines personnalités de l'époque (artistes, résistants) ou à en évoquer de nombreuses autres (De Gaulle, le maréchal Pétain, Jean Moulin...), pour qu'ils puissent nous les faire partager et connaître.
Philippe est le narrateur et à ce titre, il doit donc pouvoir restituer ce dont il est témoin, directement ou indirectement.
Et c'est vrai que par cette narration, les lecteurs et lectrices se sentent d'autant plus proches du trio, rejoint dès le début par une jeune fille, Esther, qui se cache chez les parents de Philippe, car les siens, Juifs, ont été arrêtés et déportés.
Du Jura à Paris, avec un déplacement de l'action ensuite à Nice, puis en remontant au Vercors, les quatre jeunes gens voient et vivent la guerre dans des lieux révélateurs du climat et du contexte.
Les deux romans sont très denses, 384 pages pour le premier, 352 pages pour le second. Le style peut même paraître inattendu, alors qu'on est censé lire les carnets d'un vieil homme (Philippe, âgé, qui transmet ainsi à ses descendants ses souvenirs de guerre).
Mais on oublie assez rapidement ce point de départ, pour se laisser emporter dans ce récit si riche et foisonnant. Pascal Ruter y revient en épilogue du second tome, et
fait de cette duologie un formidable travail pour le devoir de mémoire.